«On ne peut pas tout accepter»: manifestations contre les oukases de l’administration Trump
Un peu plus de deux semaines après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, des voix d’opposition tentent de se faire entendre, pour contester les nombreux décrets et les nombreuses décisions prises par son administration pour fermer certaines agences ou verrouiller la politique migratoire.
Ce mercredi 5 février, une manifestation contre la fermeture annoncée de l’agence américaine pour le développement et l’aide internationale a eu lieu à Washington. Ils sont plusieurs centaines devant le Capitole. Certains d’entre eux ne sont plus payés depuis le début de la semaine, depuis que le responsable du nouveau département de l’efficacité gouvernementale, Elon Musk, leur a coupé les vivres.
Mais pour Ariana, qui brandit une pancarte contre le milliardaire, il n’y a pas que les employés qui sont touchés :« Chaque jour en Afrique, huit enfants attrapent le VIH à cause de la fermeture de l’USAID. Des enfants sont en train de mourir à cause du manquement de nourriture. Il y a des médicaments qui ne peuvent pas être envoyés. C’est vraiment grave. »
Mais l’USAID n’est que l’une des agences à être dans le viseur. Pour Ariana, de nombreux Américains vont bientôt s’en rendre compte : « Aujourd’hui, c’est l’USAID, demain ça sera le département de l’Éducation. Après, ça sera les autres départements et ça va commencer à avoir un impact sur la vie des Américains. On va commencer à vivre les conséquences. On ne peut pas juste accepter tout ça, sans résistance. On va être comme les Français, on ne va rien accepter. »
La méthode américaine serait plutôt de contester en justice des décisions que les manifestants considèrent comme illégales. Mais le temps que les procédures suivent leur cours, les conséquences pourraient être irrémédiables.
Défendre les droits des migrants
Une juge américaine a bloqué hier, mercredi, la tentative du président Donald Trump de remettre en cause le droit du sol, un principe garanti par la Constitution. Cette décision interdit sine die la mise en œuvre d’un des décrets les plus contestés signés par le républicain depuis sa prise de fonctions et qui devait entrer en vigueur le 19 février, rappelle l’AFP. « Le rejet du droit précieux à la citoyenneté causera un tort irréparable » a fait valoir la juge fédérale Deborah Boardman lors d’une audience devant un tribunal du Maryland, selon des propos rapportés par la presse.
Plusieurs centaines de personnes se sont réunies dans la capitale de la Géorgie où vit une importante communauté d’origine latino-américaine, estimée à plus d’un million de personnes. Plusieurs manifestations ont eu lieu depuis une semaine à Atlanta, notamment dans des quartiers dans lesquels des migrants ont été arrêtés. Nancy brandit un drapeau du Mexique, pays qu’elle a quitté à l’âge de six ans. La quadragénaire a désormais la nationalité américaine, mais elle manifeste pour les autres. « J’ai de la famille qui attend sa demande de nationalité… et ils ne veulent pas prendre le risque de venir manifester, nous explique-t-elle au micro de notre correspondant, Edward Maille. C’est pour cela que je suis venue. »
Marjie tient une pancarte avec la statue de la Liberté et en grosses lettres il est écrit « bienvenue ». Quand la retraitée raconte son bénévolat pour aider les enfants immigrés, sa voix s’étrangle. « Les enfants ont peur… ils se disent ‘Les gens ne veulent pas de nous ici’, ils ne comprennent pas ; beaucoup d’entre eux bénéficiaient d’un statut de protection par rapport à leur pays d’origine, donc ils pensaient que tout allait bien se passer… mais ce statut a été révoqué. »
Le système droit d’asile ne fonctionnait déjà pas, dit-elle. « Il ne faudrait pas devoir attendre cinq ans ou je ne sais combien de temps pour obtenir des papiers et mettre sa famille en sécurité… Je suis une mère et, à leur place, je ferais tout ce qu’il faut pour trouver un endroit sûr pour mes enfants. »
Mardi, les premiers migrants ont été transférés à la base militaire de Guantanamo, précisément le jour où est célébrée en Géorgie la Journée des Latinos.
SOURCE RFI