« Si on est faible et défaitiste, il y a peu de chances d’être respecté par Trump »

Rendez-vous incontournable de la diplomatie française, la conférence des ambassadeurs, qui n’avait pas pu se tenir en 2024 à la fin de l’été en raison des Jeux olympiques et paralympiques, se tient lundi et mardi à l’Élysée. Suivez en direct le discours d’Emmanuel Macron aux ambassadeurs sur les grandes lignes de la politique internationale de la France.

Le président Emmanuel Macron expose, lundi 6 janvier, à Paris, aux ambassadeurs français ses priorités de politique étrangère en 2025, sur fond de multiples crises dans le monde, de l’Ukraine au Moyen-Orient en passant par Taïwan.

Alors que les forces ukrainiennes sont en grande difficulté depuis des mois face à l’armée russe, le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski est l’invité d’honneur de cette 30e édition de la conférence des ambassadeurs, qui se tient lundi et mardi.

La Pologne, qui soutient fermement l’Ukraine voisine depuis l’invasion russe en février 2022 et sert d’axe logistique pour l’aide militaire occidentale, a pris la présidence tournante de l’Union européenne le 1er janvier.

Ce rendez-vous incontournable de la diplomatie française, qui se tient chaque année fin août-début septembre, n’avait pu se tenir en 2024 en raison des Jeux olympiques en France, suscitant des interrogations et ajoutant au malaise qui touche le ministère. Une grève rarissime avait même secoué le Quai d’Orsay, les diplomates redoutant une perte de compétences et de prestige du troisième réseau mondial, derrière ceux des États-Unis et de la Chine.

  • Donald Trump « sait qu’il a en France un allié solide »

Donald Trump « sait qu’il a en France un allié solide, un allié qu’il ne mésestime pas », « qui croit dans l’Europe » et porte une « ambition lucide » pour la relation transatlantique, a déclaré Emmanuel Macron, à deux semaines de son arrivée à la Maison Blanche.

« De 2016 à 2020, la France a su travailler avec le président Trump », a souligné le chef de l’État français avant le retour du tribun populiste. « Si on décide d’être faible et défaitiste, il y a peu de chances d’être respecté par les États-Unis d’Amérique du président Trump », « à nous de savoir coopérer avec le choix qui a été fait par le peuple américain », a-t-il ajouté lors de la réunion annuelle des ambassadeurs français.

  • Elon Musk soutient « une nouvelle internationale réactionnaire »

Emmanuel Macron a par ailleurs accusé sans le citer nommément le patron de X et soutien de Donald Trump, le milliardaire Elon Musk, de soutenir « une nouvelle internationale réactionnaire » et d’ingérence dans les élections, notamment en Allemagne.

« Voilà dix ans, si on nous avait dit que le propriétaire d’un des plus grands réseaux sociaux du monde soutiendrait une nouvelle internationale réactionnaire et interviendrait directement dans les élections, y compris en Allemagne ? Qui l’aurait imaginé ? », a lancé le président Macron, en référence au soutien continu du milliardaire américain au parti d’extrême droite allemand, AfD.

  • Charlie Hebdo : il ne doit y avoir aucun « relâchement », aucun « répit » dans la lutte contre le terrorisme

Le président français a appelé à poursuivre sans « relâchement », sans « répit » la lutte contre le terrorisme, à la veille du dixième anniversaire de l’attentat islamiste qui avait décimé la rédaction de l’hebdomadaire Charlie Hebdo.

« Nous savons que le terrorisme est un risque qui demeure prégnant dans nos sociétés et qui implique qu’il n’y ait aucun relâchement et une vigilance collective », a-t-il dit devant les ambassadeurs français. « Il ne faut aucun répit dans la lutte contre le terrorisme », a-t-il martelé.

  • L’Iran, « principal défi stratégique et sécuritaire » au Moyen-Orient

Le chef de l’État a estimé que l’Iran constituait le « principal défi stratégique et sécuritaire » au Moyen-Orient, et serait une question prioritaire dans le dialogue qu’il engagera avec la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L’Iran, c’est le principal défi stratégique et sécuritaire pour la France, les Européens, toute la région et bien au delà », a déclaré Emmanuel Macron. « L’accélération de son programme nucléaire nous amène tout près du point de rupture », a-t-il ajouté.

  • « Nous devons regarder sans naïveté le changement de régime en Syrie »

Emmanuel Macron a appelé à « regarder sans naïveté le changement de régime en Syrie », et promis de ne pas abandonner les combattants kurdes alliés des Occidentaux dans la lutte contre le terrorisme.

La France accompagnera « dans la durée » la transition en faveur « d’une Syrie souveraine, libre et respectueuse de sa pluralité ethnique, politique et confessionnelle », a-t-il affirmé, s’engageant à rester « fidèle » aux « combattants de la liberté, comme les Kurdes » qui combattent le terrorisme et notamment l’organisation jihadiste État islamique.

  • Il « n’y aura pas de solution rapide et facile en Ukraine »

Le président de la République a prévenu qu’il n’y aurait « pas de solution rapide et facile en Ukraine », alors que le président élu des États-Unis Donald Trump avait promis un règlement express.

« Le nouveau président américain sait lui même que les États-Unis n’ont aucune chance de gagner quoi que ce soit si l’Ukraine perd », et une « capitulation de l’Ukraine ne saurait être bonne pour les Européens et les Américains », a dit le président français. Il a estimé que la « crédibilité » des Occidentaux serait « battue en brèche » s’ils acceptent de « transiger » en raison d’une « fatigue » du conflit.

Les Ukrainiens auront « à mener des discussions réalistes sur les questions territoriales », car « eux seuls peuvent les conduire », pour trouver un règlement au conflit, a ajouté Emmanuel Macron. « Les États-Unis d’Amérique ont à nous aider pour changer la nature de la situation et convaincre la Russie de venir à la table des négociations », tandis que les Européens auront à « construire des garanties de sécurité » pour l’Ukraine « qui seront leur responsabilité au premier rang ».

  • « Il faut aller beaucoup plus vite et beaucoup plus fort » sur la défense européenne

Les Européens doivent aller « beaucoup plus vite et beaucoup plus fort » pour renforcer leur industrie de défense face à la montée des menaces, a estimé le président français.

« La question est de savoir si les Européens veulent, pour les 20 ans qui viennent, produire ce qui sera nécessaire à leur sécurité ou pas », car « si nous dépendons de la base industrielle et technologique de défense américaine, alors nous aurons de cruel dilemmes et des dépendances stratégiques coupables », a-t-il insisté.

  • Accord UE/Mercosur : « la messe n’est pas dite »

Emmanuel Macron a assuré que la « messe n’est pas dite » concernant la conclusion de l’accord commercial controversé entre l’Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur. « La messe n’est pas dite (…) On continuera de défendre avec force la cohérence de nos engagements », a-t-il martelé.

Avec AFP

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