Tchad : des législatives sur fond de contestation de l’opposition
Au Tchad, les électeurs sont appelés aux urnes dimanche 29 décembre pour des élections législatives et locales, présentées par le gouvernement comme une étape cruciale vers la fin de la transition politique amorcée en 2021, après la prise de pouvoir par Mahamat Idriss Déby Itno. Toutefois, ce scrutin se déroule dans un climat de méfiance et de tension, marqué par un boycott de plusieurs partis d’opposition.
En effet, l’Agence nationale de gestion des élections (ANGE), chargée d’organiser le vote, est accusée par l’opposition d’être acquise au pouvoir. Les dernières législatives remontant à 2011, ce scrutin longtemps repoussé en raison de l’instabilité sécuritaire et économique du pays aurait dû incarner un renouveau démocratique. Pourtant, pour des figures comme Succes Masra, leader du parti des Transformateurs, participer à cette élection équivaut à cautionner un « apartheid législatif ».
Le contexte géopolitique et social du pays ajoute à la complexité du moment. En plus des menaces récurrentes de Boko Haram dans la région du lac Tchad, N’Djamena a récemment rompu son accord militaire avec la France, son allié historique, et fait face à des accusations d’ingérence dans la guerre au Soudan voisin. Parallèlement, les pluies torrentielles de la dernière saison ont causé la mort de 500 personnes et déplacé deux millions d’habitants selon l’ONU, exacerbant une situation sociale déjà précaire.
Pour Mahamat Idriss Déby Itno, ces élections doivent permettre de renforcer son pouvoir. Déjà élu président pour un mandat de cinq ans en mai dernier, il espère obtenir une majorité parlementaire pour mettre en œuvre son programme politique. Pourtant, nombre d’observateurs y voient une tentative de légitimation d’un régime perçu comme dynastique, après plus de trois décennies de domination par la famille Déby.
Les résultats de ce scrutin, attendu depuis plus d’une décennie, seront cruciaux pour l’avenir démocratique du Tchad. Mais les divisions internes et les tensions régionales jettent une ombre sur l’espoir d’une transition politique réussie.
SOURCE AFRICANEWS