LÉGISLATIVES 2024 – Les leçons du Pr. Madior Fall

C’est avec beaucoup de fair-play que l’ancien ministre Ismaila Madior Fall a salué la victoire éclatante du Pastef aux élections législatives du 17 novembre 2024. Tête de liste départementale de la coalition Takku Wallu, l’ancien ministre a enfilé son boubou d’éminent constitutionnaliste pour partager les enseignements tirés de ce scrutin historique. D’emblée, il a tenu à préciser que c’est la volonté du peuple qui compte. Ce peuple, selon lui, en cohérence et en continuité de mars 2024, a choisi ‘’la confluence des majorités parlementaire et présidentielle’’. 

 De l’avis du constitutionnaliste, il faudrait en tirer toutes les conséquences. ‘’Ce réflexe conservateur de la stabilité politique devrait, à  la faveur de l’harmonisation (à 5 ans) de la durée des mandats du président et des députés, être institutionnalisé par le réaménagement du calendrier républicain pour l’organisation de la Présidentielle et des Législatives concomitamment’’, souligne le spécialiste qui rappelle que de 1963 à 1988, soit les deux scrutins étaient organisés en même temps soit avec quelques jours de décalage. Cela aurait pu permettre de faire l’économie de sept mois d’incertitudes politiques et de tensions électorales. 

La deuxième grande leçon tirée par Madior de ce scrutin, c’est par rapport au régime politique. Selon lui, la dimension personnelle du Premier ministre sur les résultats revêt un caractère inédit et induit un changement dans le fonctionnement du régime politique. Pour une fois, selon lui, celui qui a la faveur des électeurs n’est pas à la tête de la magistrature suprême. ‘’Dans un régime présidentiel, c’est une incongruité à corriger d’urgence par une conjugaison des recettes de l’ingénierie constitutionnelle et de l’art de gouverner. Il y va de l’harmonie au sein de l’Exécutif et de la stabilité politique du pays. On rappelle que le Sénégal a un régime bireprésentatif où le scrutin présidentiel et le scrutin législatif sont d’égale dignité légitimante pour le pouvoir’’, souligne le professeur de droit constitutionnel.  

Par ailleurs, tirant les leçons de ces expériences, l’ancien ministre de la Justice invite à s’inspirer de l’exemple américain et de la Cour suprême des États-Unis. À l’en croire, c’est comme tout ceci résultait de la disqualification judiciaire d’un des candidats favoris à l’élection présidentielle de mars 2024. Il y a quelques semaines, rappelle-t-il, la jurisprudence de la Cour suprême des États-Unis ordonnait ‘’la suspension des poursuites judiciaires contre les candidats jusqu’après la Présidentielle’’. Pour lui, cette question ouvre également une perspective de toilettage consensuel des conditions d’éligibilité à la Présidence, comme y invite la société civile.

SOURCE ENQUETEPLUS

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