Anthony Blinken: Objectif sécurité en Haïti
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, se rend en Haïti jeudi 5 septembre, avant sa visite en République dominicaine. À Port-au-Prince, Il doit apporter le soutien des États-Unis à la force multinationale censée ramener la sécurité dans ce pays ravagé par la violence des gangs mais dont le déploiement et le financement restent limités.
Par : RFI avec AFP
C’est le premier déplacement en Haïti d’un chef de la diplomatie américaine depuis 2015. Anthony Blinken se rend dans le pays jeudi 5 septembre, pour apporter son soutien à la mission multinationale d’appui à la sécurité. Cette force de police, dirigée par le Kenya et soutenue par l’ONU, doit aider la police haïtienne à rétablir l’ordre dans ce petit pays pauvre des Caraïbes, miné par la criminalité et les décennies de crises politiques et de catastrophes naturelles. Mais pour le moment, les résultats concrets tardent à venir.
Deux contingents ont été déployés à ce jour dans le pays – 200 premiers policiers kényans fin juin, suivis de 200 autres mi-juillet – et quelque 600 autres doivent encore arriver. Mais c’est encore loin des 2.500 policiers prévus. Dans les rues de Port-au-Prince, la frustration est palpable. Les habitants sont épuisés par la violence incessante des gangs, accusés de meurtres, de pillages, de viols et d’enlèvements.
Anthony Blinken a donc rendez-vous avec les responsables locaux. « En Haïti, le secrétaire d’État va rencontrer le coordinateur du Conseil de transition présidentielle, Edgar Leblanc fils, et le Premier ministre, Garry Conille, pour discuter des étapes à venir dans la transition démocratique d’Haïti et du soutien américain au peuple américain à travers l’aide humanitaire et les efforts de stabilisation dirigés par les Haïtiens. Il rencontrera aussi la direction de la mission multinationale de soutien, en mettant en avant le soutien américain pour rétablir la sécurité en Haïti et en soulignant aussi l’importance de promouvoir le respect des droits humains », a étayé porte-parole du département d’État, Matthew Miller.
Anthony Blinken devrait également faire pression pour des « progrès sur le plan politique », selon Brian Nichols, le sous-secrétaire d’État chargé des Amériques, et notamment pour la tenue d’élections, qui n’ont plus eu lieu dans le pays depuis 2016.
Autre sujet sur la table lors de cette visite : des soupçons de corruption. Anthony Blinken devrait appeler à ce que les autorités haïtiennes « enquêtent » sur les allégations de corruption visant des hautes personnalités du pays.
Changer le mandat de la mission ?
Face au retard que prend la mission multinationale d’appui à la sécurité, à laquelle les États-Unis sont les principaux contributeurs (300 millions de dollars versés en fonds et en équipement sur un coût annuel de la mission estimé à 600 millions de dollars), Washington n’exclut plus une modification du mandat de cette force. Ce changement de statut permettrait de régler les problèmes de financement – qui reviendraient aux États membres de l’ONU. La mission bénéficierait également de davantage d’équipements.
Pour le moment, bien qu’autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU, cette mission n’est pas une force de maintien de la paix. « Notre objectif est d’avoir une mission efficace, forte, capable d’apporter le type de progrès en matière de sécurité que le peuple haïtien mérite (…). Une force de maintien de la paix formelle est l’un des moyens d’y parvenir, mais nous envisageons de multiples façons d’y parvenir », a indiqué Brian Nichols.
Haïti garde néanmoins un très mauvais souvenir des missions passées de l’ONU sur leur sol – épidémie de choléra, pédophile, réseaux de prostitution- et de nombreux pays, à commencer par les États-Unis, y étaient jusqu’à présent opposés. Un vote au Conseil de sécurité sur le renouvellement de l’autorisation de la mission multinationale d’appui à la sécurité est prévu le 30 septembre.