Potou, Thiep et dans les Niayes : plus de 3000 tonnes d’Oignon local en souffrance
L’oignon local est encore présent sur les marchés intérieurs du pays, notamment à Potou, Thiep et dans les Niayes. Ce fait, autrefois improbable, témoigne des progrès accomplis par les producteurs sénégalais dans la double culture. À la date d’hier, mercredi 28 août 2024, environ 3050 tonnes d’oignons ont été recensées sur les marchés de Potou, Thiep et dans la zone des Niayes, atteste le coordonnateur de l’Association des Unions Maraîchères des Niayes, Mamadou Ndiaye.
Une importante quantité d’oignons locaux est en souffrance dans divers points de vente du pays. Cette quantité représente l’équivalent de trois mois de consommation. Pendant ce temps, le régulateur a ouvert le marché de l’oignon, alors qu’une grande quantité de ce produit est déjà disponible. Selon M. Ndiaye, « à ce jour, un total de 3050 tonnes d’oignons est disponible dans les lieux de commercialisation, notamment au marché de Potou, à Thiep et dans les Niayes, en attente de preneurs ». Il précise qu’à Potou et ses environs, près de 2275 tonnes cherchent désespérément des acquéreurs. Il en est de même à Thiep, dans le département de Kébémer, où environ 600 tonnes demeurent invendues. À Keur Matar, 175 tonnes peinent également à trouver preneur. De plus, une perte de 200 tonnes a été constatée à Rao, pour une valeur estimée à 200 millions de francs CFA, déplore M. Ndiaye.
Cette abondance d’oignons locaux à cette période s’explique par la pratique de la double culture. À ce propos, le coordonnateur de l’AUMN explique que cette année, la production d’oignons au Sénégal a changé de configuration, la culture se faisant désormais en pleine saison et en contre-saison. Les variétés utilisées pour la saison fraîche ont été récoltées dès le mois de mars et stockées jusqu’en juillet. Ainsi, la qualité du produit s’améliore d’année en année, notamment grâce à l’arrivée de nouveaux producteurs sur le marché.
L’ouverture du marché de l’oignon entraînera d’énormes pertes
Insatisfait de la décision du régulateur d’ouvrir le marché alors qu’une quantité suffisante d’oignons locaux pourrait encore couvrir les besoins intérieurs pendant trois mois, le coordonnateur anticipe des pertes supplémentaires. Selon lui, d’importantes quantités d’oignons sont en souffrance, entreposées dans des maisons ou sous des arbres.
Concernant le prix de l’oignon, il ne fait aucun doute que le prix de l’oignon local est nettement plus compétitif que celui de l’oignon importé. Au marché de Thiep, le sac de 25 kilos se vend en gros à 12 000 FCFA, tandis qu’il s’achète à 6000 FCFA, voire moins, dans les zones de production. Des commerçants s’y approvisionnent pour ensuite revendre dans les pays voisins à des prix plus élevés. De ce point de vue, l’État, qui soutient le secteur à travers la subvention des intrants, investit à perte. Ce qui constitue, selon le coordonnateur de l’AUMN, une anomalie que l’État doit corriger en collaboration avec les producteurs.
Le manque d’infrastructures de conservation est un frein majeur
Chaque année, une grande quantité d’oignons pourrit dans les champs et sur les marchés en raison du manque d’infrastructures de conservation. « Aujourd’hui, notre principal problème est le manque d’infrastructures de conservation. Ce déficit est criant et nous fait perdre d’énormes quantités. Il est donc temps que producteurs et État unissent leurs forces pour bâtir un consensus fort, permettant une meilleure organisation de cette filière pour le bien de tous », préconise-t-il. Pour lui, l’oignon qui pourrit est celui de la contre-saison (mars-avril). « Cet oignon a été stocké avec les moyens du bord, car les infrastructures de stockage font cruellement défaut. Les producteurs ont dû entreposer leurs récoltes sous des arbres ou dans des maisons, ce qui a entraîné un taux de perte élevé », conclut-il.
JEAN PIERRE MALOU
SOURCE SUDQUOTIDIEN