Appui et développement de la presse: DÉBAT DE FONDS

Le ministre de la Communication, des télécommunications et du numérique a affirmé hier qu’il faut restructurer les entreprises de presse afin de les rendre plus autonomes et viables.

Alioune Sall, qui invite le patronat et les syndicats à venir autour de la table pour trouver des solutions, a levé le voile sur la dette fiscale des entreprises de presse au cœur d’un bras de fer entre l’Etat et le patronat.

Mais sur cette question, Alioune Sall estime que le sujet relève principalement du ministère des Finances, tout en précisant également que l’Etat ne privilégiera aucun secteur au détriment d’un autre.

Par Ousmane SOW – La dette fiscale des entreprises de presse est au cœur du bras de fer entre l’organisation patronale des médias et le gouvernement.

Hier, dans le cadre d’un point de presse, le ministre la Communication, des télécommunications et du numérique, Alioune Sall, a apporté des clarifications sur la situation de cette ardoise.

Dans son exposé, il a révélé la liste des principaux détenteurs de cette dette. Et le Groupe Futurs Médias (Gfm), qui détient 40% de la dette fiscale des entreprises de presse, occupe la première place de ce classement, suivi de la Radiodiffusion télévision sénégalaise avec 28%, du Groupe D-Média avec 11% et d’Afrimedia avec 6%.

Alioune Sall a démenti les allégations selon lesquelles les médias publics seraient plus endettés que les médias privés. «Jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas la réalité», a-t-il martelé.

S’agissant du Fonds d’appui et de développement de la presse (Fadp), il indique qu’en 2023, 227 entreprises de presse et 169 radios communautaires ont eu accès à l’aide à la presse.

Là encore, c’est le Groupe Futurs Médias qui trône en tête du classement pour avoir perçu, entre 2022 et 2023, un cumul de 162 millions de francs Cfa, suivi d’E-Media avec 113 millions, D-Média avec 97 millions, Walf avec 90 millions et 3M Universel (7Tv et AZactu) pour 75 millions. Le top 10 est complété par Africome (Sunu Lamb-Stades) avec 60 millions, le Groupe Sud Communication avec 57 millions, Seneweb 51 millions, Dakaractu 48 millions et Leral 41 millions.

«Plus de 800 millions n’ont pas été attribués à la presse»Le budget alloué au Fonds d’appui et de développement de la presse (Fadp) a connu une importante évolution.

En effet, «porté à partir de 2012 à 700 millions de francs Cfa, le budget est passé à 1 milliard 400 millions de francs Cfa en 2022 et à 1 milliard 900 millions en 2023».

Seulement, selon l’exposé du ministère de la Communication, une certaine opacité entoure la distribution des ressources puisque sur le tableau récapitulatif des aides allouées par média en 2023, 1 milliard 555 millions a été attribué à des médias catégorisés «autres», sans aucune précision des noms des organes bénéficiaires.

Par ailleurs, il a été constaté, dans le cadre d’un audit de l’Ige en cours, que «plus de 800 millions de francs Cfa n’ont pas été attribués à la presse», a déploré le ministre Alioune Sall, qui a appelé à une meilleure transparence dans la gestion des fonds publics, tout en promettant que l’Inspection générale d’Etat (Ige) mènera les vérifications nécessaires pour faire la lumière sur cette situation.

Mauvaises conditions des reporters

Lors de son intervention, le ministre de la Communication, des télécommunications et du numérique a déploré les difficiles conditions de travail des jeunes reporters, soulignant la nécessité de mettre en place un nouveau modèle leur permettant de travailler dans de meilleures conditions.

Il rappelle également qu’avec le Président Bassirou Diomaye Faye, il a reçu, au Palais, la Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs).

Et il est important de faire un focus sur ce rapport parce que, si on parle d’entreprise de presse, ce ne sont pas forcément les patrons de presse, mais c’est un tout un ensemble.

Et dans ce rapport, 62% des travailleurs n’ont pas de contrat. Cela, honnêtement, aurait mérité un mois sans presse.

De plus, si on nous dit également que parmi ces travailleurs-là, pratiquement les 86% n’ont pas de couverture maladie, ce qui signifie que lorsqu’ils sont malades, ils ne peuvent pas se soigner, je pense que ça aurait mérité un an sans presse», se désole le ministre, annonçant que la loi sur l’accès à l’information et celle sur la publicité sont en cours de finalisation.Appel au dialogue

Les ambitions de Alioune Sall pour le secteur de la presse sont claires. Et il se dit disposé à dialoguer avec les différents acteurs du secteur pour aborder les problèmes qui secouent la presse sénégalaise.

«Il y a pour moi un besoin de restructurer les entreprises de presse afin de les rendre plus autonomes et viables. Il y a le besoin de stimuler la création de richesse par le développement de la production audiovisuelle et des contenus médias afin de créer de l’emploi.

Mais, il y a le besoin aussi d’appropriation des contenus respectueux de nos valeurs socio-culturelles», indique Alioune Sall. A l’en croire, aujourd’hui, il est difficile, pour ne pas dire impossible, de reconnaître le vrai journaliste du faux.

«Aujourd’hui, on a du mal à distinguer les vrais médias des faux, les vrais journalistes des faux. Ce ne sont pas mes propos, ce sont les journalistes eux-mêmes qui me l’ont dit», a-t-il dit aux acteurs des médias

Et de ce point de vue, lance-t-il, «j’invite ce secteur, à travers le patronat, les syndicats, à venir autour de la table, s’ils veulent dialoguer pour trouver des solutions.

Nous sommes prêts à les écouter, nous sommes prêts à les accompagner, mais il faut que ça se fasse dans le respect et avec responsabilité. Quelles que soient les problématiques, nos portes sont ouvertes».

Mais, précise le ministre de la Communication, des télécommunications et du numérique : «Je le dis encore et le répète : l’Etat du Sénégal, à travers le ministère de la Communication, n’a aucun problème avec les entreprises de médias au Sénégal.

Je veux que ça soit clair, l’Etat du Sénégal n’a pas de problèmes avec le secteur de la presse.» Et d’ajouter : «On ne peut pas dire que l’Etat n’a pas fait ceci ou cela, alors qu’on sait que le nœud du problème n’est pas lié au secteur de la communication.

On parle quand même d’un secteur qui a un problème avec le fisc, ça n’a rien à voir avec la communication.» Et par rapport à la dette fiscale des entreprises de presse, Alioune Sall estime que ce sujet relève principalement du ministère des Finances, précisant également que l’Etat ne privilégiera aucun secteur au détriment d’un autre.

«Nous sommes tous soumis aux mêmes lois et règlements. J’ai toujours dit à qui veut l’entendre, qu’il n’y aura pas un traitement de faveur pour le secteur de la presse au détriment des autres secteurs. Tous les secteurs sont d’égale dignité», a-t-il fait savoir.

LEQUOTIDIEN

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