Euro-2024/France: anatomie d’un parcours au goût très amer

L’équipe de France a rempli son contrat en atteignant les demi-finales de l’Euro-2024 mais ce beau parcours sur le papier a été effectué au prix d’un jeu d’une pauvreté abyssale, basé uniquement sur la défense, et marqué par l’incroyable faillite des attaquants.

Des signes avant-coureurs

Les matches amicaux du mois de mars avaient eu valeur d’avertissement. Surclassés par l’Allemagne à Lyon (2-0) puis vainqueurs poussifs du Chili à Marseille (3-2), les Bleus étaient déjà apparus sans inspiration avec un Kylian Mbappé absolument pas concerné, en plein psychodrame avec le PSG. À l’époque, l’excuse était toute trouvée: l’esprit accaparé par la fin de saison de leurs clubs, les internationaux français n’avaient, soit-disant, pas encore la tête à la sélection.

Mais les deux rencontres de préparation disputées en juin, juste avant le départ en Allemagne, face à deux nations mineures, le Luxembourg (3-0) et le Canada (0-0), n’ont fait que confirmer leurs lacunes dans la construction et l’apathie du secteur offensif.

Mbappé a alors connu ses premières alertes en manquant quatre séances d’entraînement ainsi que le duel contre les Canadiens en raison de divers pépins (dos, genou) et Antoine Griezmann n’a pas non plus rassuré par ses prestations très moyennes. Un mauvais présage avant le début de l’Euro.

Deux leaders aux abois

L’indigence des productions de l’équipe de France en Allemagne s’explique en grande partie par la méforme de ses deux principaux atouts: Mbappé et Griezmann. Le capitaine, qui avait déclaré avant le démarrage de la compétition vouloir la « marquer de (s)on empreinte », l’a traversée comme une ombre. À ses soucis durant le stage est venue s’ajouter une fracture du nez à la suite d’un choc dès le premier match de l’Euro contre l’Autriche (1-0).

Dès lors, la superstar des Bleus, obligée de jouer avec un masque, a été fantomatique, incapable de faire la moindre différence. L’état de l’attaquant du Real Madrid, qui n’a inscrit qu’un petit but sur penalty, a semblé empirer à chaque sortie malgré les discours rassurants de ses coéquipiers et du sélectionneur, Didier Deschamps.

Griezmann, volontiers considéré comme le « chouchou » du patron de l’équipe de France, a lui vécu un calvaire. Pour tenter de le relancer, Deschamps n’a pas hésité à le ballotter de poste en poste, tantôt au milieu, tantôt en soutien de l’avant-centre ou même sur le côté droit. Mais aucune option n’a eu le don de réveiller ce joueur majeur de l’histoire des Bleus.

Celui qui avait été l’un des principaux artisans du deuxième titre mondial conquis en 2018 a même subi un terrible déclassement en étant sorti du onze de départ pour les rencontres face à la Pologne (1-1) et l’Espagne en demi-finales (2-1). À 33 ans, son avenir en sélection est désormais entouré d’interrogations.

Deschamps, un sélectionneur sans imagination

Faute de cadres capables de tirer le groupe vers la haut à l’image de Mbappé et de Griezmann, privé de ses relais habituels dans le vestiaire depuis les retraites internationales de l’ex-capitaine Hugo Lloris et de Raphaël Varane et l’éloignement progressif de Paul Pogba, Deschamps a navigué à vue au cours de sa sixième phase finale en tant que sélectionneur.

Son obsession de l’équilibre défensif a montré ses limites, surtout sans des éléments capables d’être cliniques devant. Certes, les Bleus ont été impressionnants derrière mais à aucun moment Deschamps n’a voulu se défaire de ses schémas tactiques conservateurs pour privilégier la prise de risques.

Le match contre la Pologne au premier tour en a été une parfaite illustration. Opposée à l’une des équipes les plus faibles du tournoi, qui plus est déjà éliminée, la France a évolué avec trois milieux défensifs et seulement trois joueurs à caractère offensif. Une frilosité coupable puisque le nul concédé a condamné les Bleus à la deuxième place du groupe D, les obligeant à évoluer dans la partie de tableau la plus difficile à partir des 8e de finale.

Confronté aux critiques sur l’absence de spectacle, Deschamps n’a jamais vraiment accepté le débat, maniant le plus souvent l’ironie.

« Si vous vous ennuyez, regardez autre chose. Vous n’êtes pas obligés », a-t-il ainsi lancé à un journaliste la veille de la demi-finale.

Sous contrat jusqu’en 2026, celui qui a mené les Bleus à trois finales en six ans (Euro-2016, Coupes du monde 2018 et 2022) avec un titre mondial à la clé (2018), ne pourra toutefois pas éviter les questions qui fâchent à son retour en France.

SOURCE AFP

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