Keur Massar – voies fermées à la circulation : Calvaire et ras-le-bol des usagers et riverains

Les travaux d’entretien de la route des Niayes qui relie la commune de Keur Massar aux localités de Tivaoune Peulh, Ndiakhirat, Sangalkam etc. sont à l’origine de nombreux désagréments pour les usagers des transports publics qui empruntent ce trafic pour rallier le centre-ville de la capitale Dakar et autres quartiers environnants. A ce calvaire s’ajoutent d’autres difficultés occasionnées par la déviation créée à Castor, sur la route du Front de Terre, dans le cadre des travaux de construction de l’autopont sur les deux voies.

Pas un seul véhicule ! L’«arrêt station», nom emprunté de la station d’essence, est devenu inaccessible ou presque. Situé à quelques mètres du rond-point de Keur Massar, les véhicules en partance pour Darou Thioub, Niacoulrab, Niague, Sangalakam, Ndiakhirat, entre autres, stationnaient ici. Le décor a changé. Des barricades sont érigées, empêchant tout accès aux voitures, pour transporter des clients. Le bulldozer est en action sur une chaussée défoncée. Il dégage l’asphalte. Les gravats s’amoncellent, formant ainsi un grand tas finalement vidé par des camions bennes. Les pluies diluviennes enregistrées ont endommagé la route. L’intersection des deux voies, à hauteur du rond-point du marché, surtout pendant l’hivernage, ressemble à un étang.  Les gens pataugent dans les eaux pour se frayer un passage. Elle est le réceptacle des eaux de ruissellements et usées. Car les canaux d’évacuation des eaux pluviales sont défectueux.

Les habitants des localités citées ci-dessus sont exaspérés par les travaux d’entretien qui perdurent. «La circulation, fermée sur cette voie depuis la saison des pluies, n’est pas encore rouverte. Alors que moins de 2 kilomètres de l’axe sont concernés par les travaux», a déclaré amer, un riverain. Par ailleurs, ces voisins espèrent, «une fois l’entretien achevé» qu’ils «seront à l’abri à des eaux qui envahissent nos maisons pendant la saison des pluies».

LE CASSE-TETE DES EVACUATIONS SANITAIRES

Les évacuations sanitaires sont un goulot d’étranglement pour les populations. Il n’existe qu’un seul hôpital dans la zone, le centre de santé de Keur Massar. A part celui de Rufisque, l’hôpital Youssou Mbargane Guissé, très éloigné.

Le prix du transport flambe en période hivernale. L’axe impraticable pendant l’hivernage est source de cette flambée du prix du transport. «Quand on a un malade, il faut payer cher pour son évacuation, qui se déroule dans des conditions déplorables, à l’hôpital de Keur Massar. Les nombreuses secousses compliquent les évacuations», confie un habitant de Niacoulrab.

Les populations s’interrogent  quand est-ce que les travaux vont s’achever sur cet axe très fréquenté. «Le pavage de la chaussée, ayant démarré depuis la fin de l’hivernage dernier, n’est pas encore achevé. Chaque jour, certains clients des «bus Tata» sont obligés de marcher sur de longues distances pour prendre un autre véhicule qui va les amener à destination», ont-elles révélé.

Le transport urbain demeure est un casse-tête chinois pour les habitants de cette banlieue lointaine. Pour Mouhamed, «les infrastructures sont laissées à l’abandon. Les véhicules, quand ils arrivent tout neuf, au bout de quelques années, ils sont inaptes pour le transport. A cause de l’état de dégradation de nos routes».

ENTRE DESORDRE ET DIKTAT DES MARCHANDS TABLIERS OCCUPANT LES TROTTOIRS

Le désordre est total au niveau de ce point de passage «obligé» ou presque pour les usagers en partance ou en provenance de Keur Massar et environs. La situation est indescriptible. La chaussée et l’intersection des deux voies sont envahies par les commerçants. Difficile de se frayer un passage. Ils (les commerçants) ont occupé la chaussée et les trottoirs, laissant à peine le passage aux piétons et les «pousse-pousse men», pour signifier les manutentionnaires. Des tables de fortunes sont installées çà et là, sur lesquelles sont exposés divers articles. Il s’agit des tissus, des vêtements, de la friperie, des chaussures et accessoires de femmes, entre autres. Des mégaphones diffusent des annonces relatives aux articles ainsi que leurs prix, en cette veille de la fête de l’Aïd el-Fitr, la fête musulmane célébrant la fin du mois de Ramadan, appelée également Korité.

Il faut user de la force, au risque de se faire parfois abreuver d’insanités par ces tabliers qui se plaignent que leurs étals soient secoués pas des piétons, pour se frayer difficilement un passage et venir à bout du chantier. Des engins lourds étant toujours en action sur la chaussée décapée. Certains prennent même le risque de descendre sur la chaussée en chantier, malgré les barricades et les mouvements des bulldozers et sans aucun équipement de protection dédié (chaussure de sécurité…), pour ne pas avoir à affronter le calvaire sur les trottoirs aménagés pour les piétons mais occupés par les marchands ambulants et autres tabliers. Le comble c’est aussi quand des motos viennent forcer ces passages.

Une vendeuse déclare : «nous nous sommes installés au beau milieu de la route. Car la circulation est fermée temporairement aux véhicules. A cause des travaux d’entretien sur le trafic. Ce marché est trop petit pour contenir tout ce beau monde qui exerce dans le petit commerce. Avec la fête de Korité, il va sans dire que chacun voudra trouver un bon endroit pour vendre sa marchandise».

Et, une fois cet obstacle de Keur Massar franchi, les usagers à destination des localités desservies par l’avenue Bourguiba (Castor, HLM, Jet d’Eau… jusqu’à Fann, etc.) doivent faire face à d’autres difficultés. Ils sont désormais tous les jours confrontés à des embouteillages monstres, occasionnés par la déviation créée à Castor, sur la route du Front de Terre, dans le cadre des travaux de construction de l’autopont sur les deux voies.

LE ROND-POINT DE LA STATION, UN CROISEMENT D’OUVRIERS A LA RECHERCHE DE CHANTIERS

En outre, la station d’essence sous l’autopont de Keur Massar est un point de ralliement de nombreux ouvriers en quête d’un travail… temporaire. Particulièrement dans le secteur du bâtiment. Ils sont maçons, carreleurs, mouleurs (de briques), ferrailleurs-coffreurs, etc. et viennent essentiellement de l’intérieur du pays. Ce phénomène appelé exode rural ne fait pas que des heureux. Car la vie dans la capitale est différente de celle des villes de l’intérieur voire des villages. Compte tenu de la cherté de la vie.

Moussa est l’un d’eux. «Nous avons fini de récolter nos exploitations. Avec mon métier de maçon-coffreur, je suis revenu dans la capitale pour gagner de l’argent afin de subvenir aux besoins de la famille. Mais, c’est dur. Il est difficile de trouver un chantier. Même quand on en trouve, la rémunération est en-deçà de notre niveau de qualification. Normalement, un maçon-coffreur doit gagner 7000 FCFA par jour (au moins). Les employeurs nous payent moins de ce montant», confie-t-ilPar contre, ceux qui ne sont pas qualifiés gagnent 3000 FCFA la journée.

Lamine DIEDHIOU & ID

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