Marche vers pâques : «Le Chrétien n’est grand qu’à genou…»

Les fidèles chrétiens sont entrés dans la «Semaine Sainte» depuis le dimanche dernier. Une période qui commémore le combat du Christ contre le mal et sa mort sur la Croix.  Pour bien vivre cette semaine qui prend fin le samedi prochain, pour laisser place à la Pâques, Abbé Christophe Diaga Sène de l’Archidiocèse de Dakar, soutient dans son enseignement, montre que «le Chrétien n’est grand qu’à genou». A travers cette parole de (Ph2, 5-11) : il nous fait «Vivre la Semaine Sainte les yeux fixés sur Jésus Christ abaissé et exalté». Enseignement !  

«Avec le Dimanche des Rameaux et de la Passion, les fidèles chrétiens contemplent le Seigneur Jésus entrant résolument dans la ville sainte, Jérusalem, où il va souffrir, mourir et ressusciter. Cet itinéraire de vie et de salut, offerts

par amour aux hommes, est celui de l’obéissance qui passe par la mort. Voilà, justement, l’idée fondamentale de la Semaine Sainte qui nous prépare immédiatement aux fêtes pascales, développée par l’Apôtre Paul, dans sa Lettre aux Philippiens :

«Il [Jésus] s’humilia lui-même, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix ! Aussi Dieu L’a-t-il exalté et Lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom» (Ph 2,8-9).

Remarquons bien, d’ores et déjà : à peine notre mère, la sainte Eglise a-t-elle célébré l’entrée triomphale à Jérusalem de Celui qui, «ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout», que aussitôt elle nous mène à Gethsémani. Là, nous sommes témoins de son abaissement et de ses souffrances. Dès lors, à l’image et à la suite de Jésus obéissant jusqu’à la mort de la croix, l’Eglise nous engage «à nous anéantir» (Ph2, 7), pour être, par la suite, glorifiés par Dieu. Voilà̀ la leçon de vie chrétienne et de sagesse pratique à en tirer.

«AYEZ EN VOUS LES MEMES SENTIMENTS QUI FURENT DANS LE CHRIST JESUS»

Vie et sagesse qui, d’autre part, nous ouvre à la loi du Christ, qui passe de la lutte à la victoire, de la mort à la vie, de la souffrance à la gloire. N’est-ce pas du reste une telle loi résumant les lignes fortes de toute vie spirituelle que dégage l’Apôtre des Nations lorsqu’il exhorte et confesse : «ayez en vous les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus : Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais Il s’anéantit Lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, Il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix ! Aussi Dieu L’a-t-il exalté et Lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom» (Ph2, 5-9).

Par ailleurs, afin de ressentir vraiment les abaissements et la Passion du Seigneur Jésus, nous devons aujourd’hui, ainsi que le dit saint Bonaventure, nous représenter comment Jésus Lui-même quitte ses Apôtres, «l’âme triste à en mourir» (Mt 26,38), au point de demander, prosterné devant son Père : «Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux» (Mt26, 39).

Saint Luc, pour sa part, écrit qu’«en proie à la détresse, sa sueur devient comme de grosses gouttes de sang» (22,44). Or, nous le savons, trahi par le baiser de Judas, enchaîné́, Jésus est conduit devant le Sanhédrin où, comme un malfaiteur, on Lui bande les yeux, Lui crache le visage, Lui arrache la barbe, Le frappe sur la tête avec un roseau, et Le soufflette. Et, comme si cela ne suffisait pas, Il est flagellé, couronné d’épines, chargé de la croix, conduit péniblement au calvaire, dépouillé́ de ses vêtements, crucifié entre deux larrons, abreuvé de fiel et de vinaigre avant d’être raillé et outragé.

«L’ESCLAVE N’EST PAS PLUS GRAND QUE SON MAITRE, NI L’ENVOYÉ PLUS GRAND QUE CELUI QUI L’ENVOIE»

En considérant toutes ces humiliations, songeons que, par-dessus-tout et par amour pour nous les hommes et notre salut, Jésus s’anéantit jusqu’à subir la mort la plus ignominieuse. Ainsi réalisa-t-il la prophétie d’Isaïe : «objet de mépris et rebut de l’humanité́, homme de douleurs et connu de la souffrance, comme ceux devant qui on se voile la face, Il était méprisé et déconsidéré́» (53,3). Il ajoute : «par coercition et jugement Il a été́ saisi ; qui se préoccupe de sa cause ? (Is53, 8).

C’est dire tout simplement en termes vulgaires : il est tombé si bas que personne ne le reconnait plus comme Dieu. Isaïe, par anticipation prophétique, écrit : «Il ne ressemblait plus à̀ un homme ; Il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme» (52,14°).

Et nous disciples de Jésus Christ aujourd’hui ? Aurions-nous autre chose à attendre ? Le Christ n’a-t-il pas affirmé : «l’esclave n’est pas plus grand que son maître, ni l’envoyé́ plus grand que celui qui l’envoie» (Jn13, 16) ? Cette configuration du disciple chrétien au Maître et Seigneur dans la mort à soi montre combien il est scandaleux voire illusoire pour les croyants que nous sommes, de cacher nos cœurs orgueilleux sous d’humbles vêtements ou objets de piété́, de s’élever au-dessus de nos prochains, de se préférer à nos frères, de vouloir, soit par obstination soit par présomption, suivre nos propres chemins. Rappelons que Le Très-Haut et l’Infini, Dieu, s’est fait tout petit. Car, il a voulu être «ver, non point un homme, honte du genre humain, rebut du peuple» (Ps21).

«’’QUI S’ABAISSE SERA ELEVÉ’’… NOUS N’AVONS, EN AUCUN CAS, À MILITER POUR ‘’UN CHRISTIANISME À BAS PRIX’’»

Toute cette Semaine Sainte, et bien-au-delà̀, ce sera donc notre honneur d’être humilies en son nom, dans la vérité́, et de Le suivre. L’humiliation et la souffrance coutent en fait au chrétien, pour ne pas dire à l’homme, ce qu’elles ont couté́ au Maître ; d’où̀ la récompense dite grande. Oui, «qui s’abaisse sera élevé́» (Lc14, 11). Des paroles réalisées dans le Christ qui, par la Passion et la mort, a obtenu d’être exalté et de recevoir «un Nom au-dessus de tout nom, pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame de Jésus-Christ, qu’il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père». (Ph2, 9-11).

Nous tous qui sommes en Marche vers Pâques, nous serons aussi exaltés, à l’exemple de Jésus, si nous sommes obéissants jusqu’à la mort, si nous nous abaissons, si nous consentons à porter nos petites croix de chaque jour et si nous mourons à nous-mêmes et à nos mauvaises inclinations. En effet, «Le Fils de Dieu, écrit saint Cyprien, a souffert pour nous rendre enfants de Dieu. Les enfants des hommes ne voudraient-ils pas souffrir pour rester enfants de Dieu ?» Il est donc clair que nous n’avons, en aucun cas, à militer pour «un Christianisme à bas prix», pour parler comme Sa Sainteté le Pape François. Car, une lutte rude et acharnée nous attend.

Comme soldats et ambassadeurs du Christ (Cf. 2Co5, 20), ce Temps de Carême doit donc être tel un creuset qui nous prépare avec grand courage au combat, songeant que chaque jour, le sang du Christ nous est donné pour nous rendre capables de verser, au besoin, notre propre sang pour le Christ. L’Apôtre des Gentils confesse que «si nous sommes enfants de Dieu, nous sommes aussi héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ, puisque nous souffrons avec Lui pour être glorifiés avec Lui» (Rm8, 16-17).

PRIÈRE : Seigneur Jésus, nous vous en supplions : par la vertu de votre Passion, faites-nous comprendre cette leçon de la Semaine Sainte, afin que nous sachions renoncer à̀ nous-mêmes dans les vicissitudes de la vie, porter notre croix chaque jour avec vous, combattre près de vous pour être glorifiés avec vous. Amen !   

Rassemblé par Denise ZAROUR MEDANG  

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