Présidentielle slovaque: les candidats opposés sur l’Ukraine

Les Slovaques voteront samedi pour élire leur nouveau président, à l’issue d’une course entre le candidat du camp populiste au pouvoir, qui penche vers la Russie, et un candidat pro-ukrainien soutenu par l’opposition.

Parmi les neuf candidats en lice, Peter Pellegrini, ancien Premier ministre et actuel président du Parlement, et Ivan Korcok, ancien ministre libéral des Affaires étrangères, passent pour les grands favoris de l’élection.

Selon les sondages, M. Pellegrini devance de peu M. Korcok et les deux concurrents s’affronteront probablement lors d’un second tour prévu le 6 avril, car aucun d’entre eux ne semble pouvoir recueillir plus de 50% des voix nécessaires pour l’emporter en un tour.

Aucun sondage de sortie des urnes n’est prévu après la fermeture des bureaux de votes à 22H00 (21H00 GMT).

M. Pellegrini est soutenu par le Premier ministre Robert Fico, son allié de longue date, qui refuse de fournir une aide militaire à l’Ukraine, a remis en question la souveraineté ukrainienne et appelé à la paix avec la Russie.

Résolument pro-ukrainien, M. Korcok a des opinions similaires à celles de la présidente sortante, Zuzana Caputova, critique du gouvernement, et qui a choisi de ne pas briguer un second mandat.

Contrepoids

Selon les analystes, le résultat du vote dans ce pays de 5,4 millions d’habitants, membre de l’Otan et de l’UE, tempérera ou renforcera son scepticisme à l’égard de l’Ukraine voisine déchirée par la guerre.

« En cas de victoire de Pellegrini, nous pouvons nous attendre à un raffermissement de la position actuelle du gouvernement », estime Michal Mislovic, analyste politique à l’agence de sondages Median.

Affiche de campagne de Ivan Korcok, candidat de l'opposition à l'élection présidentielle slovaque à Bratislava, le 20 mars 2024

Affiche de campagne de Ivan Korcok, candidat de l’opposition à l’élection présidentielle slovaque à Bratislava, le 20 mars 2024

AFP – TOMAS BENEDIKOVIC

« Si Korcok gagne, nous pouvons nous attendre au moins à ce qu’il fasse un contrepoids au gouvernement et au Parlement à cet égard », indique-t-il à l’AFP.

Les instituts de sondages s’attendent à une course serrée.

Selon l’étude de l’agence AKO, M. Pellegrini obtiendrait 40% des voix, contre 38% pour M. Korcok.

La guerre en Ukraine a été un élément essentiel de la campagne électorale.

« C’est un sujet qui divise largement la population de Slovaquie », indique M. Mislovic.

M. Pellegrini lui-même pointe cette division.

« La scène politique slovaque est divisée entre ceux qui sont favorables à la poursuite de la guerre à tout prix et ceux qui exigent l’ouverture de négociations de paix », a-t-il déclaré à l’AFP.

Et d’ajouter: « J’appartiens à cette dernière catégorie ».

Selon Katarina Podmanicka, vendeuse originaire de Zborov, dans le nord-est du pays, M. Pellegrini « se bat pour nous, pour la Slovaquie ».

Camp pro-ukrainien

Au fil des années, M. Fico a nommé M. Pellegrini à divers postes, notamment celui de président du Parlement ou de ministre de l’Education.

L’homme politique de 48 ans est devenu Premier ministre après la chute du gouvernement Fico en 2018, à la suite du meurtre du journaliste d’investigation Jan Kuciak et de sa fiancée, abattus à leur domicile.

Le double meurtre a déclenché une vague de protestations à travers le pays qui ont contraint M. Fico à démissionner.

Dans son dernier article, publié à titre posthume, M. Kuciak avait révélé des liens entre la mafia italienne et le gouvernement Fico.

M. Korcok, 59 ans, a critiqué les appels de M. Fico à négocier avec Moscou.

« La Russie a piétiné le droit international (…) Je ne pense pas que l’Ukraine doive renoncer à une partie de son territoire pour parvenir à la paix », a déclaré à l’AFP ce diplomate qui a représenté la Slovaquie aux États-Unis, en Allemagne et en Suisse.

« La première condition préalable pour que nous puissions parler d’une solution pacifique à cette guerre est que les missiles russes cessent de frapper les écoles et les hôpitaux ukrainiens », a-t-il insisté.

« Province russe »

M. Korcok est soutenu par les partis d’opposition qui estiment qu’une victoire de M. Pellegrini ouvrirait la voie à des grâces présidentielles accordées à des alliés du pouvoir coupables de corruption.

« Je voterai pour Korcok, car pour moi, Pellegrini est encore moins acceptable que Fico », a déclaré Marta Demcakova, électrice de Bratislava.

« Je ne veux voir mes enfants et petits-enfants grandir dans une province russe », a déclaré à l’AFP cette retraitée de 66 ans, en faisant référence aux positions prorusses de MM. Pellegrini et Fico.

Bien que sa fonction soit essentiellement cérémonielle, le président ratifie les traités internationaux, nomme les principaux juges, y compris le président de la Cour suprême, et est le commandant en chef des forces armées.

Le chef de l’État peut également opposer son veto aux lois adoptées par le Parlement.

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