Proposition d’abrogation de la loi criminalisant les MGF en Gambie : les «droits-de-l’hommistes» vent debout contre le parlement gambien invité à protéger les droits des femmes et des filles

La proposition de loi introduite par un député du parlement gambien visant à  abroger la loi criminalisant la pratique des mutilations génitales féminines (MGF) suscite beaucoup d’inquiétudes auprès des organisations de défense des droits humains. Lors d’une conférence de presse conjointe, organisée au siège de la RADDHO, des organisations de la société civile défenseures des droits de l’homme dont la RADDHO, le Comité de Lutte contre les Violences faites aux Femmes (CLVF), le Comité directeur du Forum des ONG… demandent au parlement gambien, en tant que législateur, à «protéger les droits fondamentaux des femmes et des filles». Elles exigent, par ailleurs, de l’Etat gambien, le respect des engagements souscrits dans les Conventions internationales.

Ces organisations de la société civile rappellent que le mois dernier, l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI), condamnant fermement la pratique des mutilations génitales féminines (MGF), a affirmé que «la Ummah islamique ne pouvait plus permettre que l’ignorance concernant les droits des femmes et les mutilations génitales féminines soit perpétuée par des traditions et des rituels déguisés en enseignements religieux», rapporte Mme Yéya Birame Wane, chargée des Observatoires décentralisés de la Rencontre africaine pour la défense des droit de l’homme (RADDHO).

Partant de ces propos, elles déclarent que «La Gambie ne peut donc pas se permettre de transgresser cette loi, qui interdit et punit la pratique des mutilations génitales féminines (MGF), en application de ses obligations tirées de plusieurs instruments juridiques internationaux et régionaux relatifs aux droits des femmes et des filles…» Par conséquent, la RADDHO et Cie «rappellent au parlement gambien, en tant que législateur, qu’il doit respecter la Constitution gambienne et protéger les droits fondamentaux des femmes et des filles».

Par ailleurs, elles «exigent de l’Etat gambien qu’il respecte les engagements souscrits dans les Conventions internationales et qui lui font obligation de protéger les droits humains fondamentaux, la santé et la sécurité des individus et de garantir, en toutes circonstances, le respect des droits des femmes et des filles», indique la chargée des Observatoires décentralisées à la RADDHO. Aussi les organisations de la société civile africaine sont-elles invitées «à soutenir les organisations gambiennes travaillant sur les droits des femmes et à user de tous les moyens légaux pour barrer la route à cette proposition de loi», lit-on dans la déclaration commune.

Pour conclure, les «droits-de-l’hommistes» appellent la communauté internationale «à faire pression sur la Gambie, afin de préserver les acquis réalisés et de continuer à promouvoir une société qui protège l’intérêt supérieur des enfants, les droits et la dignité de tous, en particulier des femmes et des filles».

Il faut noter que sous son magistère, l’ancien dirigeant de la Gambie, Yahya Jammeh, a interdit cette pratique, en 2015, à la surprise des militants et sans explication publique. D’ailleurs, un rapport de l’UNICEF publié en 2021, a présenté une situation alarmante des MGF dans le pays, avec plus de 76% des gambiennes de 15 à 49 ans et 75% des gambiennes de 15 à 19 ans qui ont subi des MGF.

OG

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