Bilal Diatta et Djamil Sané- Détenus libérés: L’étonnante histoire de deux maires de l’opposition sénégalaise liés par le destin
Au cœur de ce contexte d’apaisement de la crise préélectorale, deux maires de l’opposition ont partagé un destin singulier, façonné par les défis politiques, les aspirations démocratiques et la lutte incessante pour la justice. Si l’un est déjà libre, l’autre espère recouvrer la liberté au cours des prochaines heures. Retour sur le parcours croisé de ces deux personnages semblables et antagonistes : Bilal Diatta et Djamil Sané.
Au cœur de ce dégel, deux noms retiennent l’attention : Bilal Diatta et Djamil Sané : deux maires de la banlieue qui ont été détenus pendant plusieurs mois pour des raisons politiques controversées. Leurs arrestations avaient suscité des inquiétudes nationales quant au respect des droits de l’homme et à la démocratie au Sénégal. Cependant, leur libération marque une victoire pour la justice et renforce l’idée que la démocratie peut persévérer même dans les moments les plus difficiles
Tous les deux originaires de la région naturelle de Casamance étaient méconnus du grand public, mais ils se sont révélés au soir du 22 janvier 2022 à l’issue des élections locales âprement discutées. A l’image de leur mentor Ousmane Sonko qui a fait la razzia dans la commune de Ziguinchor, Mamadou Diatta dit Bilal est élu à Keur Massar Sud et Diamil Sané aux parcelles assainies. Nouvellement installés dans leurs municipalités, les deux idylles cherchent à implanter un nouveau souffle dans la gestion de leur commune.
Surnommé capitaine, Bilal est connu pour son tempérament fougueux et sa verve intarissable, il n’hésite pas à hausser le ton et à descendre dans la rue pour défendre ses convictions. Alors que Djamil est réputé pieux, effacé, modeste, serein et d’une sagesse profonde. Sa force réside dans sa capacité à écouter, à rassembler et à trouver des solutions consensuelles.
Directeur d’une société de transit, habitué au code dressing à l’américain, il n’hésite pas à prendre la tête de manifestations et à se battre pour ses idées, quitte à s’exposer à des risques. Ses propos directs et parfois provocateurs lui attirent souvent des critiques contrairement à ce comptable chevronné au style vestimentaire tantôt africain ou européen qui sait apaiser les tensions et créer un climat de dialogue constructif
Mais un an après, l’histoire prend un tournant sombre lorsque les deux maires sont arrêtés et jetés en prison. Le 23 mars 2023, Bilal Diatta est poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’Etat et placé sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt et correction de Rebeuss.
Moins de cinq mois, c’est autour du directeur administratif et financier de Khelcom Bâches de se retrouver derrière les barreaux pratiquement pour les mêmes faits. Le 2 aout 2023, Djamil Sané est poursuivi à deux accusations : appel à l’insurrection et actes ou manœuvres susceptibles de compromettre la sécurité publique.
Partageant la même chambre, en détention, ils ont montré une résilience exceptionnelle au cours des mois passés ensemble. S’ils bénéficient d’une main levée du juge qui leur permet d’administrer leurs mairies depuis leurs cellules, ils reconnaissent que la tâche n’était pas facile
Si pour Djamil, il n’y avait peu d’écueils au sein de sa municipalité pour Bilal, les obstacles ont été nombreuses : le conseil municipal a voulu le remplacer provisoirement pour les affaires courantes : une décision contestée et remise en cause par bon nombre d’experts du droit des collectivités locales
Cependant, ils ont pu garder leurs fonctions. Déçus de l’inaction de l’association des maires du Sénégal, ils ont eu le soutien de leurs administrés avec des centaines de visites par semaines. C’est dans cette tournure inattendue de leur destin politique qu’ils retrouvent enfin la liberté. Ce dénouement marque un tournant significatif dans leur vie, mettant en lumière la maturité au sein de l’espace politique sénégalais face à des défis considérables