Casamance-accidents par mines : le triste record du Nord-Sindian
Déjà durement éprouvé par le conflit en Casamance, le Nord-Sindian, zone de prédilection des bandes armée, est depuis estampillé «zone sous mines». Les accidents par mine y foisonnent, semant tristesse et désolation dans cette partie du département de Bignona où les victimes par mines se comptent par centaines chaque année. Avec sa longue liste de victimes par mines, le Nord-Sindian détient le triste record d’accidents par mines dans la région de Ziguinchor. Les dysfonctionnements notés dans le processus de déminage humanitaire remettent en cause sérieusement le défi d’une paix et d’une accalmie en passe d’être réussie dans la région.
Kandiadiou, Lefeu, Diaboudior sont des exemples de localités du Nord-Sindian où les mines continuent de semer tristesse et désolation. Et le dernier accident par mine qui a couté la vie à quatre (04) soldats de l’Armée sénégalaise, le jeudi 14 décembre 2023, «au cours d’une mission» dans le Nord Bignona, est illustratif du danger qui persiste encore dans cette partie du département de Bignona devenu depuis une zone très minée. Et c’est le Nord-Sindian qui détient le triste record d’accidents par mines.
Ces localités où sévissent les mines ont la particularité d’être des foyers de tension du conflit casamançais et des zones de prédilection des bandes armées. Il y a plus d’une dizaine d’années, la représentante du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans la région avait péri dans un accident par mine dans le village de Lefeu. Un drame qui avait fini d’alerter sur l’ampleur des mines posées dans cette zone qui peine depuis à subir le déminage humanitaire. Les terres infestées et de façon anarchique par ces engins de la mort, le retour des populations dans certains de ces villages est plombé et la reprise des activités économiques reste compromise par la présence de ces mines.
La situation est d’autant plus délicate que les poseurs de ces mines, décédés ou vivants, ignorent même les surfaces qu’ils ont infestées. Et l’accident par mine qui avait fait, en octobre 2021, cinq (05) morts, des jeunes, à Kandiadiou, ajouté à cet autre accident qui a récemment fait quatre (04) morts dans les rangs de l’Armée nationale renseignent aujourd’hui sur l’urgence d’un déminage humanitaire, pour nettoyer cette partie du département de Bignona qui s’illustre de la plus malheureuse des manières, depuis quelques années, par la récurrence des accidents par mines.
Mais l’hécatombe, imprimée par ces mines, risque de se poursuivre, surtout que le retrait des bailleurs et autres partenaires n’est pas pour arranger les choses. Et les difficultés dans le processus de déminage risquent de porter un coup dur aux objectifs alors assignés à l’Etat, d’ici 2021, à savoir le déminage total. Un pari loin d’être réussi au rythme où vont les choses. Le kidnapping, il y a quelques années, de démineurs dans la zone de Kaylou, dans l’arrondissement de Nyassia, fait partie des paramètres qui ont anticipé le retrait des opérateurs de déminage dans cette région.
Toutefois, grâce aux efforts consentis par l’Etat, près de deux (02) millions de mètres-carrés de terres ont été dépolluées depuis 2008. Ce qui a favorisé le retour des populations déplacées qui ont retrouvé leurs activités agricoles. Mais le danger des mines est toujours persistant dans le Nord-Sindian où les engins de la mort continuent de dérouler le fil macabre de victimes. Ce déminage, volet important intimement lié à la sécurité, baigne depuis dans une profonde léthargie dans cette partie sud du pays qui, à la faveur de l’accalmie, hume pourtant petit à petit le parfum de la paix, au grand bonheur des populations. Ces dernières rechignent cependant à fréquenter certaines zones toujours sous l’emprise des engins de la mort qui, avec le conflit, ont semé tristesse et désolation, surtout dans la zone du Nord-Sindian estampillée «zone minée».
Ignace NDEYE
SUDQUOTIDIEN