Abou Kane : « La BCEAO doit être prudente par rapport à sa politique de lutte contre l’inflation »

Intervenant sur comment lutter contre la hausse de l’inflation en Afrique subsaharienne, dans le cadre de la présentation de l’édition d’octobre 2022 du rapport du Fonds monétaire international (Fmi) sur les perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne, Abou Kane, professeur titulaire des universités, non moins agrégé des sciences économiques a appelé la Banque centrale à la prudence dans sa lutte contre l’inflation l’ayant conduit à augmenter ses taux d’intérêt à 2,5%, comme c’est le cas pour de nombreuses banques centrales du monde. L’économiste a d’emblée convoqué les causes de l’inflation pour argumenter son appel à prudence. A l’origine de la situation actuelle, les politiques d’assouplissement quantitatif des banques centrales des pays développés après la pandémie, avant ou pendant la guerre, en injectant beaucoup de liquidités et l’aspect psychologique autrement dit les anticipations. Parce qu’explique-t-il « durant la Covid, la demande s’est tassée », dans l’espoir qu’après la crise sanitaire, « la demande explose ». Théoriquement, relève-t-il, pour faire savoir que la dynamique de « l’inflation dépend de trois facteurs essentiels à savoir les anticipations, le cycle économique, et la fluctuation des taux de change ». En termes clairs, cela peut signifier une inflation importée, ou une inflation par la demande, ou encore une inflation par les coûts. Dans son argumentaire, il écarte de facto « l’inflation par la demande » pour ne retenir que « l’inflation importée et partiellement l’inflation par les coûts », explique-t-il. Rapportant cette inflation à nos petites économies ouvertes, il soutient qu’en l’espace la théorie économique nous apprend que « l’origine du choc n’est pas importante. C’est plutôt sa nature qui est importante parce que l’origine peut être interne ou externe. Mais, la nature du choc peut être réelle ou monétaire », explique le non moins Vice-Doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (FASEG). Dans le cas précis, « la nature du choc n’est pas liée à la monnaie mais plutôt une inflation réelle », argumente l’économiste. Parce que nos pays sont fortement dépendants des importations, notamment en produits alimentaires. Donc, « l’inflation que nous avons est tirée par les produits alimentaires », fait-il-savoir. Tout le contraire de l’inflation connue en Europe, tirée par la hausse des prix du carburant, de l’électricité, du gaz, des fruits, des légumes, les hôtels et maintenant par les taux d’intérêt. Ce qui lui fera dire que « les situations sont un peu différentes ». Et de ce point de vue, conseille-il : « La Banque centrale (Bc) doit rester prudente ». Car, explique-t-il : « Celle-ci (Bc) ne doit pas réagir vite, parce que nous n’avons pas un problème d’explosion de la demande ». Mais au contraire croit-il savoir : « Notre demande même est assez terne ». Autrement dit, semble-t-il dire, « il y a un grand écart entre Produit intérieur potentiel (Pib) et le Pib absorbé dans le pays ».

JEAN PIERRE MALOU

SUDQUOTIDIEN

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