Trois mois après le coup d’État, le Niger s’enfonce dans la crise

Au Niger, cela fera trois mois ce jeudi que les militaires ont renversé le président Bazoum et pris le pouvoir. Le 28 juillet, le général Abdourahamane Tiani accédait à la présidence du CNSP, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie. Mais très vite, une grande partie de la communauté internationale s’est élevée contre ce coup de force. Elle ne cesse de réclamer le retour à l’ordre constitutionnel, ce que refusent toujours les militaires. Résultat : le pays est depuis début août sous sanctions de la Cédéao, tandis que l’Europe et les États-Unis ont coupé leur aide.

Un raidissement qui s’explique sans doute par la dégradation de la situation économique. Le nouveau pouvoir a été contraint de réduire le budget national de 40 %, avec la crainte à terme de ne plus pouvoir payer les salaires des fonctionnaires. Conséquence : nombre de projets sont à l’arrêt, comme la construction du barrage de Kandadji. Le pays est en parallèle confronté à des difficultés d’approvisionnement en raison du blocus imposé par la Cédéao.

« La pénurie s’installe de plus en plus »

Face à cette situation, la junte tente de faire venir des vivres du Burkina Faso, non sans difficultés. « Avec la dégradation de la situation sécuritaire, ça devient de plus en plus compliqué d’escorter des camions, explique l’économiste Ibrahim Adamou Louché. Tout cela fait en sorte que ça commence à peser sur le stock de la population, analyse-t-il. Le

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Trois mois après le coup d’État, le Niger s’enfonce dans la crise

Au Niger, cela fera trois mois ce jeudi que les militaires ont renversé le président Bazoum et pris le pouvoir. Le 28 juillet, le général Abdourahamane Tiani accédait à la présidence du CNSP, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie. Mais très vite, une grande partie de la communauté internationale s’est élevée contre ce coup de force. Elle ne cesse de réclamer le retour à l’ordre constitutionnel, ce que refusent toujours les militaires. Résultat : le pays est depuis début août sous sanctions de la Cédéao, tandis que l’Europe et les États-Unis ont coupé leur aide.

Publié le : 25/10/2023 – 12:10

5 mn

Une vue générale montrant la circulation dans les rues de Niamey, Niger, le 2 août 2023. (Image d'illustration).
Une vue générale montrant la circulation dans les rues de Niamey, Niger, le 2 août 2023. (Image d’illustration). © STRINGER / Reuters

Par :Pierre FirtionSuivre

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91 jours après le coup d’État, plus le Niger s’enfonce dans la crise, plus la junte durcit le ton contre ceux qui contestent son autorité. Le jeudi 19 octobre, elle a accusé Mohamed Bazoum d’avoir tenté de s’évader, sans apporter de preuves tangibles. Plusieurs figures de l’ancien pouvoir sont derrière les barreaux, les partis politiques sont eux suspendus. Poursuivie notamment pour intelligence en relation avec une puissance étrangère, la journaliste Samira Sabou a été détenue 8 jours au secret début octobre.

Un raidissement qui s’explique sans doute par la dégradation de la situation économique. Le nouveau pouvoir a été contraint de réduire le budget national de 40 %, avec la crainte à terme de ne plus pouvoir payer les salaires des fonctionnaires. Conséquence : nombre de projets sont à l’arrêt, comme la construction du barrage de Kandadji. Le pays est en parallèle confronté à des difficultés d’approvisionnement en raison du blocus imposé par la Cédéao.

« La pénurie s’installe de plus en plus »

Face à cette situation, la junte tente de faire venir des vivres du Burkina Faso, non sans difficultés. « Avec la dégradation de la situation sécuritaire, ça devient de plus en plus compliqué d’escorter des camions, explique l’économiste Ibrahim Adamou Louché. Tout cela fait en sorte que ça commence à peser sur le stock de la population, analyse-t-il. Le stock local, les gens continuent à y puiser mais naturellement, il ne va pas durer éternellement. Et on sent de plus en plus que ça commence à devenir tendu. La pénurie s’installe de plus en plus dans de nombreux foyers. La situation se complique et les gens commencent véritablement à s’interroger sur les jours à venir ». À côté de cela, l’inflation, elle, ne cesse d’augmenter.

Pour tenter d’enrayer cette situation de crise, les militaires jouent plus que jamais sur la fibre nationaliste. Un fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie a récemment été lancé. Pour tenter de l’alimenter, les autorités n’hésitent pas à actionner tous les ressorts patriotiques, comme en témoigne ce reportage diffusé sur l’ORTN, la télévision nationale, dans lequel l’on voit le général Tiani accueillir « une jeune patriote (de 8 ans) » qui a elle-même, affirme l’ORTN, « volontairement » contribué à ce fonds « à hauteur de 825 francs CFA puisés de ses frais de récréation ».

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