Microsoft tout proche de finaliser son méga rachat d’Activision Blizzard à 65 milliards d’euros
Microsoft, propriétaire de Xbox, est proche de finaliser son rachat à 69 milliards de dollars de l’usine à jeux vidéo Activision Blizzard, éditeur de “Call of Duty”, “Diablo” et “Candy Crush”, après un feu vert préliminaire de Londres.
Ce méga rachat à 69 milliards de dollars entre dans le très couteux pari de Microsoft pour se renforcer dans le “gaming”, et aider sa console à succès Xbox à rivaliser avec la PlayStation de Sony. L’autorité britannique de la concurrence, la CMA, a annoncé vendredi qu’elle donnait un feu vert provisoire au nouvel accord de rachat par le géant américain Microsoft d’Activision Blizzard.
La CMA fait état dans un communiqué de “préoccupations résiduelles limitées”, pour lesquelles Microsoft “a proposé des solutions” qui devraient les résoudre. “Cette fusion ne pouvait aller de l’avant que si la concurrence, l’innovation, et le choix dans les jeux en ligne étaient préservés”, a commenté Sarah Cardell, la directrice générale du gendarme britannique. “En réponse à notre interdiction initiale, Microsoft a maintenant revu cet accord de manière substantielle et pris les mesures nécessaires pour faire face à nos inquiétudes”, ajoute-t-elle.
La CMA dit avoir ouvert une “consultation jusqu’au 6 octobre sur les modifications proposées par Microsoft. Le vice-président de Microsoft Brad Smith a réagi vendredi sur le réseau social Twitter, se disant “encouragé par ces avancées positives dans le processus d’examen de la CMA”.
“Feuille de vigne”
“Cette approbation (provisoire) de la CMA est cruciale pour finaliser notre fusion”, a renchéri le directeur général d’Activision Bobby Kotick. Le géant technologique avait soumis il y a un mois à l’autorité britannique une version amendée de son projet de rachat sur Activision Blizzard, espérant enfin son feu vert après le refus essuyé en avril. Microsoft prévoyait notamment dans la nouvelle version de son projet colossal de rachat des cessions notables: les droits de jeux en ligne d’Activision Blizzard, dont ceux des succès planétaires “Call of Duty” et “Candy Crush”, vont être vendus au français Ubisoft.
La CMA craignait que l’opération dans son format initial réduise trop la concurrence dans le marché des jeux dématérialisés. Le coup d’arrêt qu’elle avait porté fin avril à cette méga-opération avait déclenché l’ire de Microsoft, Brad Smith décriant le “jour le plus sombre des quatre décennies (de Microsoft) en Grande-Bretagne” et ajoutant que cela ébranlait “la confiance” du géant américain dans la Grande-Bretagne comme terre d’accueil pour les entreprises de technologie. La Commission européenne avait pour sa part approuvé ce rachat en mai.
Jonathan Compton, avocat spécialisé dans les affaires de concurrence chez DMH Stallard, remarque que la CMA est le “dernier des ‘trois grands’ régulateurs à approuver cet accord”. “Le feu vert de l’UE en mai et l’arrêt de l’opposition de la FTC américaine avaient” isolé la CMA dans son bras de fer avec Microsoft, ajoute-t-il. D’après lui, les changements proposés sont une “feuille de vigne” et “beaucoup dans le secteur du droit de la concurrence vont se demander si les changements dans la structure de l’accord remanié répondent vraiment aux inquiétudes d’origine de la CMA”.
En particulier, malgré la cession à Ubisoft des droits de vente sur les jeux en streaming de Microsoft, il reste pour ce dernier “bien des manières de contrôler les jeux en réseau d’Activision”. Alex Haffner, autre avocat spécialiste des questions de concurrence, et partenaire associé du cabinet Fladgate, juge que si le feu vert est finalisé, “les deux parties auront – du moins publiquement – atteint leur objectif souhaité”. La CMA a donné aux parties intéressées “deux semaines pour s’exprimer sur les solutions proposées (par Microsoft, ndlr) avant de faire connaître sa décision finale, mais il semble à présent inévitable que l’accord reçoive une approbation totale”. Microsoft et Activision Blizzard avaient repoussé en juillet la date limite pour l’acquisition au 18 octobre, un délai supplémentaire qui devait leur permettre de franchir les derniers obstacles réglementaires, notamment au Royaume-Uni.