L’Europe peut-elle enrayer son déclin?

Le réveil est tardif. Il a fallu le Covid-19, la démondialisation, puis la guerre russe en Ukraine pour que les Vingt-Sept prennent conscience de leur décrochage face aux deux grandes puissances que sont la Chine et les États-Unis. La crise du Covid a révélé aux 27 les faiblesses de leur système de santé qu’ils jugeaient d’une qualité supérieure. Et la guerre en Ukraine a mis en lumière leur dépendance énergétique. Depuis, la commission est à la manœuvre. Pour soutenir la relance, l’industrie, la transition énergétique.

Elle passe aujourd’hui à la vitesse supérieure, avec d’une part cette enquête sur les subventions chinoises, et d’autre part la commande d’un rapport sur les moyens de doper la compétitivité perdue de l’Europe, confié au très respecté Mario Draghi, l’ancien gouverneur de la BCE. Au moment où l’inflation et la hausse du loyer de l’argent sont en train de laminer le pouvoir d’achat des Européens et où cet affaiblissement est ressenti intimement par une part croissante de la population. 

L’écart entre les États-Unis et l’Europe se creuse depuis la crise de 2008

Depuis cette crise financière, l’Europe s’est appauvrie tandis que l’Amérique s’est enrichie. Ce sont nos confrères de la presse économique anglo-saxonne qui en parlent le mieux. Le Financial Times en juin, puis le Wall Street Journal en juillet, ont tous les deux chroniqué ce déclin. Chiffres implacables à l’appui. En 2008, la zone euro et États-Unis étaient quasiment à parité en termes de produit intérieur brut et de consommation des ménages. Quinze ans plus tard, le PIB des États-Unis pèse quasiment le double de celui des 20 membres de l’union monétaire, souligne le quotidien américain. Les salaires des Américains ont cru de 9% depuis 2019, année de l’apparition du Covid, qui a étouffé l’activité du monde entier. Pendant cette période, les salaires des Européens baissent, y compris dans la première économie de l’UE, l’Allemagne, où ils reculent de 3%. Sur cette période, la consommation des ménages américains s’est envolée tandis que celle des Européens s’est légèrement tassée.

Le PIB chinois est largement supérieur à celui de la zone euro

Rapporté au nombre d’habitants, le PIB chinois est beaucoup plus faible, à 12 000 dollars par tête en 2022, il est comparable à celui de la Russie, et encore trois fois moins élevé que celui des Européens. Mais la puissance économique de l’empire du milieu, sa force de frappe est incomparable. Dans le secteur de la tech, Pékin rivalise avec les GAFA américains avec ses propres champions, Alibaba, TikTok ou encore Huawei. Tandis qu’aucun poids lourd n’a émergé en Europe. Et dans le véhicule électrique qui menace aujourd’hui l’industrie automobile européenne, la Chine est en train de rééditer le succès qu’elle a rencontré dans le solaire, avec une filière en ordre de bataille, un approvisionnement assuré en lithium, une industrie des batteries tellement avancée qu’elle est en mesure d’ouvrir des usines sur le Vieux Continent, et des constructeurs capables de proposer des modèles bon marché dans le monde entier.

Comment expliquer ce déclassement des Européens ?

Leur art de vivre, privilégiant la sécurité de l’emploi, la redistribution et le temps libre, un art de vivre envié dans le monde, serait le talon d’Achille de l’économie européenne, selon nos confrères américains. Ce choix de société, assumé par les gouvernements, est souvent financé par la dette publique. Son coût est en train d’exploser avec la hausse des taux d’intérêts. C’est aussi cette nouvelle donne budgétaire qui invite les Européens au réveil. Pas sûr pour autant qu’ils aient envie de changer de modèle de société.

SOURCE RFI

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