Mbour – Nouveau conflit foncier : Les populations rejettent le projet «Ville neuve»

A Mbour, il y a un conflit foncier en cours au niveau d’un périmètre maraîcher qui serait convoité par un promoteur immobilier. Les travailleurs de la société Qualité végétale Sénégal (Qvs), spécialisée dans la culture d’oignon, sont vent debout pour «sauvegarder» leur outil qui risque de perdre sa superficie cultivable, estimée à 185 hectares, au profit d’un projet dénommé «Ville neuve».

Par Alioune Badara CISS – Alors que le marché sénégalais connaît une vive tension dans l’approvisionnement en oignon, un périmètre maraîcher spécialisé dans la culture de cette denrée et situé entre Keur Mousseu et Kirène dont la production varie entre 10 et 15 mille tonnes par an, risque de mettre au chômage plus de 1000 employés. En plus de mettre la clé sous le paillasson, la société Qualité végétale Sénégal (Qvs) risque de perdre sa superficie cultivable, estimée à 185 hectares, au profit d’un projet dénommé «Ville neuve».


Pour protéger leur outil de travail, les employés ont fait face à la presse pour alerter sur cette tentative de récupération au profit d’un projet de construction à usage d’habitation. Mbaye Seck, habitant de Kirène et porte-parole des travailleurs, assure : «Cette société a créé un périmètre maraîcher dont la spécialité est la culture de l’oignon. Mais avant de s’implanter ici, cette société a obtenu tous les papiers administratifs qu’il fallait, c’est ainsi qu’on lui a octroyé 185 hectares. Avant de commencer le travail, elle a eu l’onction du ministère de l’Environnement, du Service des eaux et forêts, avant de signer un protocole d’accord qui lui donne le pouvoir d’exploitation sur 25 ans, avec une possibilité de renouveler le protocole. Toute cette procédure dont je vous parle date de juin 2019.»


Alors que cette société a commencé à exploiter le périmètre maraîcher il y a juste 5 ans, une société immobilière s’est pointée pour réclamer la propriété de ces terres. Une situation qui a créé la psychose chez les travailleurs. Selon eux, cette société n’a jamais reçu de papiers montrant que le projet «Ville neuve» est le propriétaire du site en question. «Ce qui nous étonne et qui nous fait sortir de nos gonds, c’est que le responsable de ce projet a brandi un décret de 2022/697. Un papier qui nous inquiète car notre société a obtenu le papier qui lui permet d’exploiter le site depuis 2019. C’est pourquoi nous sommes sortis aujourd’hui pour dénoncer cette manœuvre. Nous interpellons le président de la République pour que ce problème soit réglé au plus vite. Nous n’accepterons pas que ce lieu qui emploie de braves femmes soit récupéré et qu’elles soient envoyées au chômage à cause de l’intérêt d’une seule personne. Qui va bénéficier de ces logements ? En tout cas, ça ne sera pas ces femmes-là, qui n’en ont pas les moyens», se désole le porte-parole des travailleurs.


En réalité, ces travailleurs ne comprennent pas comment ce problème de communalisation est intervenu, car «le décret que le promoteur a agité a été validé dans le département de Mbour en 2022, alors que le site sur lequel nous sommes se situe dans la commune de Keur Mousseu. Le protocole d’accord que Qvs a signé, il l’a fait en juin 2019, et c’est dans le département de Thiès. Imaginez un protocole qui a été signé en 2019 dans la commune de Keur Mousseu et un nouveau promoteur qui vient avec un décret qui a été signé dans le département de Mbour. Ceci est injuste et nous n’allons pas nous laisser faire», avertissent les travailleurs de Qvs.


Par ailleurs, les travailleurs rappellent que la récolte la plus importante au sein de ce périmètre reste l’oignon, qui connaît une tension dans le marché. «Et nous produisons entre 10 et 15 mille tonnes. Aujourd’hui, si on parle de rupture dans la fourniture d’oignon, c’est parce qu’on n’a pas permis aux paysans à travailler dans de meilleures conditions. Le gouvernement devrait accompagner tout ce qui tourne autour du secteur de l’agriculture. Il ne devait pas y avoir de pénurie ou de cherté d’oignon au moment où on prépare des événements religieux comme le Magal et le Gamou. Nous lançons un appel solennel au président de la République pour qu’il nous vienne en appoint sur ce problème, justement pour accompagner son projet de Plan Sénégal émergent. Au moment où on parle de pénurie dans le marché, des situations pareilles se produisent, c’est désolant. Au contraire, nous avons besoin de plus d’espace pour assurer une bonne production en oignon pour le marché local. Nous produisons et alimentons le marché sénégalais. Nous n’accepterons pas qu’on diminue notre espace, ils veulent prendre 90 hectares sur les 185 que nous avons. Donc, c’est une façon de nous déloger d’ici, et c’est inacceptable», regrettent ces travailleurs.


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