États-Unis: Hawaï connaît les pires incendies de son histoire, le bilan s’alourdit

À Hawaï, le bilan continue à s’alourdir, notamment sur l’île de Maui, ravagée par les incendies. Les autorités hawaïennes parlent désormais d’au moins cinquante-cinq morts. Les évacuations se poursuivent alors que les pompiers continuent à se battre contre les flammes. Jeudi 10 août, le président Joe Biden a déclaré l’état de catastrophe naturelle.

Les autorités locales du comté de Maui ont fait état de 55 morts à 21 heures locales jeudi, – 7 heures GMT vendredi, en ajoutant que les pompiers combattaient toujours le feu dans la ville touristique ravagée de Lahaina. Le bilan pourrait largement excéder les 60 victimes, a affirmé le gouverneur Josh Green, qui a précisé que sur l’île de Maui, Lahaina, ex-capitale du royaume d’Hawaï au XIXe siècle, était à « 80% » détruite.

De la ville touristique de Lahaina, sur l’île de Maui, il ne reste presque plus rien. Alimentés par des vents violents, nourris par la force de l’ouragan Dora qui passe actuellement dans l’océan Pacifique, les feux se sont propagés tellement rapidement que la population a été prise de cours : une centaine d’habitants se sont jetés à la mer pour échapper aux flammes, selon les garde-côtes. Sur des kilomètres à la ronde, des terres brûlées, des bâtiments noircis par les flammes et des carcasses de voitures calcinées. Toutes les victimes retrouvées jusqu’à présent ont péri dans cette ville, auparavant le haut-lieu touristique de l’île de Maui.

Selon le gouverneur d’Hawaï qui s’est rendu sur place, la situation est sans précédent : « C’est la plus grosse catastrophe naturelle de l’histoire de l’État d’Hawaï. Nous avons la destruction totale de Lahaina. Nous avons marché d’un bout à l’autre et cela ne fait aucun doute que la situation est déchirante. C’est un désastre. Et il s’agit probablement de la pire catastrophe naturelle de l’histoire d’Hawaï. »

Josh Green a prévenu que le bilan humain pourrait encore s’alourdir au fur et mesure que les équipes de secours progressent. Ce sont plus de 1 700 bâtiments qui ont été détruits et si le feu est à 80% maîtrisé, le nuage de fumée persiste, posant désormais la crainte de problèmes respiratoires graves, notamment chez les personnes âgées.

The devastation is behind me, but we will put our hope in front of us. pic.twitter.com/cTTUSsRTon— Governor Josh Green (@GovJoshGreenMD) August 11, 2023

Joe Biden déclare l’état de catastrophe naturelle

Les autorités préviennent que la reconstruction de la côte ouest de Maui va coûter des milliards de dollars et probablement durer plusieurs années, rapporte notre correspondante à New York, Loubna Anaki.

Le président Biden a donc déclaré l’état de catastrophe naturelle pour faciliter l’envoi de secours et de moyens : « Nos prières vont aux gens d’Hawaï, mais pas seulement nos prières. Tous nos moyens sont à leurs dispositions. Leurs maisons, leurs entreprises ont été détruites et certains ont perdu des proches. Et ce n’est pas encore terminé. Les personnes ayant perdu un proche ou dont la maison a été endommagée ou détruite vont recevoir de l’aide immédiatement. Et j’ai ordonné l’envoi de renforts pour soutenir nos braves pompiers et équipes de secours qui travaillent sans cesse au risque de leur vie. Je vais m’assurer que l’État d’Hawaï dispose de toute l’aide nécessaire. »

Des milliers de personnes évacuées et de nombreux foyers sans électricité

Des milliers de personnes ont été évacuées des zones sinistrées vers des centres d’urgence ou l’aéroport principal de Maui. « Nous allons avoir besoin d’héberger des milliers de personnes », a insisté le gouverneur, en expliquant que les autorités contactent actuellement les hôtels de l’archipel et font appel à la générosité des habitants capables de loger des déplacés chez eux. Les touristes sont priés de quitter l’île, des bus sont organisés pour les exfiltrer.

Selon le site PowerOutage, environ 11 000 foyers et commerces restaient sans électricité jeudi après-midi dans l’archipel.

Cette catastrophe intervient après une série d’événements météorologiques extrêmes partout dans le monde cet été : des incendies massifs ont ravagé le Canada, une vague de chaleur d’une longévité record a éprouvé le sud des États-Unis et la canicule a également frappé en Europe et dans certaines parties d’Asie.

(Et avec AFP)

«La vie de milliers de familles locales a été brisée»

Ilihia Gionson est chargé des affaires publiques à l’office de tourisme de Hawaï. Son agence a été chargée de coordonner les opérations d’assistance aux milliers de touristes évacués depuis Maui. Il répond aux questions de Loubna Anaki.

RFI: que pouvez-vous nous dire de la situation actuelle à Maui ?

Ilihia Gionson : d’abord, je tiens à dire que nous pensons fort et nous prions pour ceux qui, à Maui, ont perdu des proches, ceux qui ont perdu leurs maisons, leurs commerces et leur gagne-pain. Ensuite, les pompiers sont toujours en train d’essayer de contrôler ces incendies et il est donc trop tôt pour avoir une idée de l’étendue exacte des dégâts et des pertes. Mais nos prières vont aux habitants de Maui qui doivent faire face à cette catastrophe.

Des milliers de personnes ont été évacuées vers Honolulu où vous vous trouvez. Comment s’organise l’accueil d’urgence ?

Ce sont 14 000 personnes qui ont été évacuées de Maui, hier, et nous attendons encore plus de monde aujourd’hui. Nous avons transformé le palais des congrès, ici, en centre d’assistance d’urgence pour accueillir les gens, les touristes, qui ont pu être évacués, par avion de Maui, mais qui n’ont pas encore pu avoir un vol pour rentrer chez eux, où qui cherchent à poursuivre leur séjour dans d’autres parties de l’archipel. Nous leur offrons de la nourriture, des boissons, la possibilité de recharger leurs téléphone, d’accéder à internet.

Selon le gouverneur d’Hawaï, ces incendies seraient la pire catastrophe naturelle dans l’archipel depuis le tsunami de 1961. En tant que Hawaïen, que ressentez-vous quand vous voyez l’étendue de ce désastre ?

Je suis né sur l’île d’O’ahu et j’ai grandi sur l’île de Laie. Donc en grandissant, les éruptions volcaniques faisaient partie de la vie normale. Et récemment, au cours des dernières années, nous avons eu des catastrophes qui ont rasé des villages et dévasté des communautés. Mais je pense que la différence avec ce qui se passe aujourd’hui, c’est la vitesse à laquelle le feu a progressé. Nous avons connu des ouragans qui provoquent des pluies importantes, des inondations, des vents violents. Mais là, le feu couplé à la sécheresse et ces vents forts qui ont attisé les flammes et les ont fait avancer tellement vite, ça, on n’avait jamais vu. Il est vrai qu’il est trop tôt pour saisir l’ampleur de la situation, mais c’est clairement une catastrophe.

Le bilan humain de ces incendies ne cesse de s’alourdir. La ville touristique de Lahaïna a été ravagée. Il faudra beaucoup de temps et de moyens pour tout reconstruire ?

Bien sûr. Les vies humaines sont irremplaçables. La vie de milliers de familles locales a été brisée. Des maisons ont été détruites. Nous pouvons reconstruire l’industrie du tourismes, reconstruire l’économie. Mais pour vous donner une idée, l’île de Maui compte entre 150 000 et 160 000 habitants. Et en moyenne, chaque jours, il y a près de 70 000 visiteurs, des touristes, sur l’île.

SOURCE RFI

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