Après les incendies, quel bilan la Grèce tire-t-elle de sa gestion de crise?
Avec son statut de pays européen le plus à risque face aux incendies, la Grèce est aussi une source d’inspiration pour les pays jusqu’ici épargnés et qui voient le réchauffement climatique remonter vers le Nord. Mais quelle est la situation sur place ?
Avec notre correspondant à Athènes, Jean-Jacques Héry
Le pays a connu 16 jours de températures extrêmes avec des vents très forts et où se sont déclenchés plus de 1467 feux, soit plus de 60 par jour. « C’était comme si on voulait boxer le feu ». Ce combat de boxe contre le feu, le lieutenant pompier John Kolovos, commandant de l’unité spéciale grecque de lutte contre les incendies, l’a mené pendant deux jours et demi, avec ses hommes…
Le 17 juillet dernier se déclenchait le plus important incendie de l’été pour la région d’Athènes : « Dès le départ c’était très intense. Il y avait beaucoup de vent et en plus le terrain était très abrupt », raconte-t-il.
Dans l’air flotte encore une odeur de brûlé. 10 000 mètres carrés de pinèdes sont partis en fumée. Aujourd’hui, la montagne est noire.
Deux hélicoptères anti-incendies sont intervenus pour éteindre le feu ainsi que des pompiers étrangers prépositionnés en Grèce par l’Union européenne, et ce pour la deuxième année consécutive.
Pourtant, sur le terrain, le manque de moyens des pompiers et l’organisation des secours ont été vivement critiqués. Le ministre grec de la Crise climatique, Vassilios Kikilias, affiche un discours volontaire, mais teinté de fatalisme : « Le Canada aussi doit faire face aux incendies ; au Portugal et en Espagne, il a fait plus de 45 ou 50 degrés. On doit mettre en place des politiques communes car la crise climatique ne va pas disparaître ! »
Des pompiers aux pouvoirs publics, on compte donc sur une coopération européenne croissante dans la lutte contre les incendies. En parallèle, les autorités grecques ont lancé il y a deux ans un plan de 1,7 milliard d’euros afin de remplacer les avions et hélicoptères anti-incendies.
Une semaine de vacances à Rhodes offerte aux touristes évacués
C’est ce qu’a annoncé ce mercredi 2 août le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, après les incendies qui ont frappé plusieurs îles grecques, ces deux dernières semaines.
Environ 20 000 personnes, essentiellement des touristes avaient été évacués de l’île de Rhodes. 17 800 hectares de végétation ont brûlé sur cette île située au large des côtes turques d’après l’Agence européenne de surveillance météorologique Copernicus. Ces touristes vont donc pouvoir reprogrammer leurs vacances gratuitement pour l’automne ou le printemps prochain
Rhodes est aujourd’hui plus accueillante que jamais. C’était le message du Premier ministre grec, mercredi, dans une interview accordée à la chaîne de télévision britannique ITV. Une opération séduction du gouvernement, l’occasion aussi de rassurer sur la situation actuelle de l’île.
Le chef du gouvernement veut voit le verre à moitié plein, « les feux sont éteints, seuls 15% de l’île a été touché, assure-t-il, le reste fonctionne parfaitement. »
Les agences de voyage font aussi les yeux doux aux touristes avec une campagne sur les réseaux sociaux intitulée « Rhodes is safe », « Rhodes est sûre ». Vidéos montrant les eaux turquoises de la Méditérannée, transats et cocktails… Tout est bon pour redorer le blason d’une île qui craint de voir son attractivité touristique s’effriter.
Le voyagiste allemand TUI, n°1 mondial du secteur, avait suspendu ses vols pendant plusieurs jours. Aucun chiffre concernant les annulations n’a été communiqué par la compagnie qui espère un rebond des réservations de dernière minute pour ce mois d’août.
Selon les chiffres de l’Agence de développement touristique de la France, le tourisme contribue de façon indirecte à un quart du PIB grec.
SOURCE RFI