Pourquoi la sécurité alimentaire demeure insuffisante

Un nouveau sommet pour améliorer la sécurité alimentaire, 1 600 participants et plusieurs dizaines de chefs d’État et de gouvernement sont attendus ce 24 juillet à Rome pour trois jours de réflexions. Un rendez-vous prévu de longue date qui intervient au moment où l’on redoute une nouvelle flambée des prix des produits agricoles.

L’inflation globale commence à ralentir, sauf pour les fruits, les légumes, les céréales… En bref, tout ce qui constitue les bases de l’alimentation humaine. Les prix ont reculé par rapport à 2022, mais ils restent anormalement élevés. Selon l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) les importations mondiales de produits alimentaires devraient pour la première fois cette année frôler la barre des 2 000 milliards de dollars. Premier motif d’inquiétude : la météo. La chaleur et le manque d’eau compromettent les récoltes de fruits et de légumes, mais aussi les récoltes de céréales. La Chine, premier producteur de blé au monde, pourrait avoir besoin d’importer davantage pour couvrir ses besoins. Sa production de riz est aussi compromise, tandis que la Thaïlande, l’un des trois premiers exportateurs de riz, a diminué ses semis à cause de la sécheresse.

Dans ce contexte alarmant pour le marché du riz, l’Inde a annoncé vendredi 21 juillet un embargo sur ses exportations

L’Inde est le premier fournisseur du marché mondial de la céréale la plus consommée au monde et un exportateur clé pour les pays africains. Ses silos sont remplis à ras bord, il n’y a pas de problèmes de récoltes. Mais le gouvernement veut surtout calmer l’inflation alimentaire interne. Au détail, le prix du riz indien a augmenté de 9% en un an. À huit mois des prochaines élections générales, toutes les mesures susceptibles de faire retomber la pression sur les prix sont bonnes à prendre. Les autorités indiennes ont promis d’exporter vers les pays fragiles sur le plan alimentaire si leurs gouvernements en font la demande. Il y aura donc assez de riz. Mais à quel prix ? L’embargo aura un effet positif sur les prix indiens. En revanche, son impact sera haussier sur les marchés mondiaux. Ceux qui en dépendent pour se nourrir vont devoir dépenser davantage pour couvrir leur besoin.

Du côté des grains et des oléagineux, les informations sur l’état des récoltes sont plutôt rassurantes

La production de blé va souffrir en Europe. Pour les 27, ce sera sans doute la plus faible depuis 2007. El Nino, ce courant d’air chaud qui aggrave les vagues de chaleur que l’hémisphère nord endure en ce moment, pourrait aussi gâter la récolte des États-Unis. En revanche, la Russie devrait engranger une récolte record de blé, et le Brésil une récolte record de maïs et de soja. Il n’y a donc pas vraiment d’inquiétudes sur l’offre. Même si la Russie est sortie de l’accord sur le corridor de la mer noire, même si l’armée russe prend pour cible le port d’Odessa pour empêcher Kiev de sortir son blé comme elle l’a encore fait cette nuit. Aujourd’hui, Vladimir Poutine renouvelle d’ailleurs sa proposition d’exporter gratuitement des céréales pour remplacer les volumes ukrainiens manquants. Les céréales sont bien là, mais le marché reste nerveux, suspendu aux dernières nouvelles du front ukrainien.

Ce cocktail de facteurs météo, politiques et géopolitiques pourrait-il déboucher sur une crise alimentaire ?

L’embargo indien réveille des souvenirs pénibles. C’est déjà un embargo sur le riz décidé par New Delhi qui a fait flamber les marchés en 2008 et provoqué ainsi une crise alimentaire planétaire. Aujourd’hui, le nombre de personnes sous-alimentées est en forte hausse. Selon le dernier rapport onusien sur la sécurité alimentaire, 783 millions de Terriens sont confrontés à la famine. C’est 120 millions de plus qu’en 2019, à cause du Covid-19 et de la guerre en Ukraine qui ont ralenti l’acheminement des denrées. Il y a donc en 2023 une détérioration préoccupante de la sécurité alimentaire pour les pays les plus pauvres. 

SOURCE RFI

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