A Macky d’en assumer les conséquences (Par Félix NZALE)
C’est imminent. Le Président Macky Sall va, dans la mi-semaine sans doute, désigner ou choisir celui qui portera les couleurs de la coalition Benno Bokk Yakaar pour la présidentielle de 2024. Ce, après qu’il a désisté.
Désigner ou choisir. Dans le fond, cela revient au même. C’est à dire que la personne qui sera retenue n’aura aucune espèce de légitimité. Parce que, pour cela, il aurait fallu libérer les ambitions et la volonté des uns et des autres et que chacun aille au charbon par son propre vouloir. En imposant son Imam ou son Curé, le Président Macky Sall œuvre à l’implosion de sa mosquée ou de sa chapelle. Le ton a d’ailleurs été donné avec les scènes de violence qui ont émaillé la rencontre des «Yakaaristes» et alliés au siège de l’Alliance Pour la République (Apr) il y a quelques jours. Entre partisans des candidats potentiels, et en présence de ces derniers, l’on a frôlé le pire.
Puisqu’il a fait défection, le patron de l’Apr et de la coalition Bby aurait sans doute été bien inspiré d’organiser une sorte de Primaire ou chacun des prétendants tenterait de convaincre du bien-fondé de sa capacité à arborer le brassard de capitaine. On se crêperait le chignon, se vouerait aux gémonies, tournerait casaque… mais, fatalement, on accoucherait de quelqu’un.
Sous ce rapport, l’Apr, principalement, donnerait une leçon de démocratie au reste des formations politiques. Parce qu’en réalité, la volonté de Macky Sall d’imposer sa volonté par la désignation de son suppléant, est tributaire d’un état d’esprit égocentrique qui prévaut dans nos Partis où tout part de, et revient au patron. Maître absolu de son monde et des perspectives, il a donc un droit tout aussi absolu sur ses sujets. Sauf que, en l’occurrence, la page Macky Sall est définitivement tournée et ses partisans le savent.
Peu importe la personne qui sera parachutée, elle se heurtera au désaveu d’une grande partie de l’ensemble. C’est dire que la scie pour faire tomber l’arbre Benno est entre les mains des gens de Benno. La coalition actuellement au pouvoir court donc à sa perte. Et le seul responsable de cette déroute éventuelle ne sera personne d’autre que Macky Sall lui-même.
Il fera mal à son camp comme il fait actuellement mal au pays. En effet, au Sénégal, tout est à l’arrêt. Les agents des ministères se tournent les pouces parce que les ministres ont déserté leur bureau. Pour la plupart, ils ont fondu dans la nature à la recherche de protection mystique. «Une fois qu’ils ont émargé en Conseil des ministres, ils disparaissent». Selon des informations, nombreux sont les documents en souffrance dans les tiroirs faute d’être diligentés pour signatures.
Au rythme où vont les choses, il aurait fallu dissoudre le gouvernement et former une équipe de technocrates qui serait chargée de poursuivre le travail pour les huit mois de vie restants à Benno.