Impacts de la suspension de l’accord sur l’importation des céréales de l’Ukraine: «Risque d’une nouvelle inflation»

Par Malick GAYE – «Dramatiques !» L’ensei­gnant à l’Ucad, Meïssa Babou, n’a pas cherché loin pour tirer les conséquences du refus russe de prolonger l’accord sur les exportations de céréales de l’Ukraine. «L’arrêt des exportations ukrainiennes de blé aura des conséquences dramatiques aussi bien pour les pays africains qu’européens. Ce sont les mêmes outils utilisés pour l’engrais et l’urée. Cela va augmenter le coût de la production agricole. L’essentiel de l’engrais et de l’urée au Sénégal proviendrait de l’Ukraine et de la Russie», a-t-il analysé. Pour Meïssa Babou, l’approvisionnement du monde en blé sera naturellement impacté et pratiquement tous les pays vont le ressentir. «Cet arrêt des exportations va exposer les pays africains… Ces exportations sont une source de matières premières pour les industries locales (les meuniers), mais aussi les producteurs d’aliments de bétail. Ce qui fait qu’il y’aura des conséquences dramatiques sur la consommation des personnes et des animaux», a affirmé l’enseignant, qui a rappelé que depuis 2021, les importations sénégalaises de blé s’élèveraient à 750 mille tonnes pour environ 150 milliards de francs Cfa, selon l’Ansd. «Cela montre que le pays ne dispose d’aucune capacité de résilience en termes de consommation de blé. Cela démontre que notre économie prend beaucoup de risque. Nous sommes un peu trop exposés. Il faut changer de paradigme et essayer de trouver comment nous protéger (…) nos gouvernants doivent être plus sérieux pour éviter d’exposer le pays. Souvent on dit que nous ne disposons que de 3 mois de consommation. Ce qui n’est pas énorme», a-t-il ajouté. Avant de préciser : «Les conséquences directes sont d’une part l’augmentation des coûts de production. C’est évident. Et fatalement, une nouvelle inflation qui risque de coûter trop cher à l’Etat. Qui avait abandonné des taxes pour le riz et le blé, et a mis beaucoup d’argent dans l’engrais et l’urée. S’il y a une nouvelle hausse où la Banque mondiale avait demandé à l’Etat d’abandonner les subventions, ça risque d’être fatal pour les populations. Qui vont subir cette nouvelle inflation.» Pour autant, l’économiste demeure convaincu que cette situation ne va pas perdurer, pour la simple et bonne raison que «la Russie a besoin de soutien pour éviter d’être isolée» et elle doit se souvenir «que les pays africains s’étaient majoritairement abstenus» lors du vote de résolution condamnant l’opération militaire en Ukraine.


Faut-il le préciser, le Sénégal est en quête de souveraineté alimentaire. Des expériences sont actuellement menées au Sénégal pour produire du blé local. En même temps, pour se protéger d’une éventuelle crise sur le marché de la farine de blé, des variétés locales comme le niébé, la patate, le moringa sont intégrés dans le pain. La commercialisation a commencé depuis des mois. Il ne reste plus qu’à sensibiliser le consommateur pour qu’il se tourne vers le consommer local pour le pain. Si cette sensibilisation venait à porter ses fruits, en plus d’avoir une baisse significative sur le prix du pain, cela va créer des emplois dans l’agriculture.
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