Au chevet des rescapés de Saint-Louis: Antoine Diome partage les notes de l’Etat
En visite à Saint-Louis hier où il était au chevet des rescapés du naufrage d’une embarcation qui transportait une soixantaine de migrants irréguliers, le ministre de l’Intérieur a apporté un démenti à ceux qui faisaient état, il y a quelques jours, de la disparition de 300 jeunes migrants sénégalais dans les eaux internationales, a souligné qu’il n’en est rien, avant d’inviter les différents acteurs à éviter de politiser ce phénomène dont les causes «ne sont pas qu’économiques».
Par Cheikh NDIONGUE – Après le drame de Saint-Louis, Félix Antoine Abdoulaye Diome est arrivé sur les lieux. Selon le ministre de l’Intérieur, qui avait à ses côtés Mamadou Bocar Ly, Secrétaire permanent du Comité interministériel de lutte contre l’émigration clandestine, des responsables de la Marine nationale, des sapeurs-pompiers, de la police et de la gendarmerie, a partagé d’abord une bonne nouvelle en cette période de deuil : sur les 300 personnes portées disparues aux larges du Maroc, 276 sont actuellement internées à Dahla et sont prises en charge par le ministère des Affaires étrangères, en collaboration avec les autorités marocaines et mauritaniennes. Il a dans la même lancée fait savoir que la diplomatie sénégalaise a pris toutes les dispositions pour leur acheminement au Sénégal.
Félix Antoine Diome en a d’ailleurs profité pour interpeller toutes les personnes et organisations qui essaient, d’après lui, de politiser cette affaire. «Evitons de politiser des sujets aussi sérieux, l’Etat du Sénégal et les Ong ont la même mission», rappelle-t-il. Il invite les médias «à être plus prudents et regardants concernant le traitement des sujets comme l’émigration clandestine, et de bien revoir les informations et chiffres diffusés sur les réseaux sociaux».
Abordant la question des véritables causes du phénomène de l’émigration irrégulière, le ministre de l’Intérieur a laissé entendre que la question n’est pas uniquement économique, dans la mesure où au-delà des questions économiques, il y a des spécificités selon les zones concernées par les départs. S’agissant de la résolution du phénomène, il explique : «Un travail de fond est entamé depuis des années, avec la mise en place par le chef de l’Etat depuis le 30 décembre 2020, du Secrétariat permanent du Comité interministériel de lutte contre l’émigration clandestine, dirigé par le Commissaire divisionnaire Mamadou Bocar Ly.»
Dans la même dynamique, il a fait savoir que des échanges ont eu lieu avec les communautés de base pour la formulation de la Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière, qui est déjà validée techniquement. «La validation de la phase politique qui reste va démarrer le 27 juillet prochain, sous la présidence du Premier ministre», ajoute-t-il. Elle sera suivie d’un plan opérationnel pour apporter des solutions.
Par ailleurs, Antoine Félix Abdoulaye Diome a exprimé son désaccord par rapport à ceux qui soutiennent que la migration irrégulière est due seulement à des causes purement économiques. «Au-delà des questions économiques, il y a aussi des spécificités selon les zones concernées par les départs. La question de la migration irrégulière n’est pas uniquement économique. Il y a le besoin naturel chez l’être humain de découvrir d’autres horizons, d’autres cultures. C’est une question aussi vieille que le monde et qui traverse les âges», souligne-t-il.
Après avoir rendu visite aux rescapés, le ministre de l’Intérieur a salué le «travail remarquable» de la Base navale du Nord, des Forces de défense et de sécurité (police, gendarmerie, sapeurs-pompiers) et des autorités administratives. Pour lui, l’Etat dispose de plusieurs instruments de lutte contre cette pratique : «Il faut aller au-delà de la surveillance et de la répression. Il y a l’aspect économique, l’aspect social et l’aspect sociologique. Après le programme Xëyu ndaw ñi, les financements des jeunes et des femmes avec la Der/fj, la question est beaucoup plus globale dont le traitement requiert un processus participatif et inclusif. Il ne s’agit pas de surveiller et de réprimer, mais impliquer pour plus d’engagement et essayer de voir comment traiter les questions purement économiques de façon très efficace.» Antoine Diome rappelle que l’Etat a mis en œuvre la migration circulaire avec des pays comme l’Espagne, permettant à de jeunes Sénégalais d’aller travailler pour une saison. «Et rentrer tranquillement», ajoute-t-il.
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