Lutte contre la corruption : Ce que préconise Amnesty International

La lutte contre la corruption est en péril. C’est ce qui ressort du rapport d’Amnesty International publié ce 11 juillet, date qui coïncide avec la Journée africaine de lutte contre la corruption. Le bureau Afrique de l’Ouest et du Centre de l’organisation considère que les États doivent mettre en œuvre des politiques allant dans le sens de protéger les acteurs de la lutte contre la corruption. 
Sur 19 pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, 31 cas de répression à l’encontre des défenseurs des Droits de l’homme luttant contre la corruption ont été répertoriés par Amnesty International. Ils sont pour la plupart journalistes, activistes, blogueurs ou tout simplement lanceurs d’alerte. Ces acteurs sont victimes d’intimidation, de harcèlement de la part des autorités de pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, selon Amnesty. Toujours pour faire taire ces défenseurs anticorruption, les États utilisent « des outils et tactiques qui portent atteinte à leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique ». 
En outre, l’instrument judiciaire est mis en branle et ces derniers sont poursuivis, la plupart du temps, pour « diffamation » ou « diffusion de fausses nouvelles ». Au Sénégal, Boubacar Sèye de Horizon sans frontières a été donné en exemple. Ce dernier avait été arrêté le 15 janvier 2020 à l’aéroport Blaise Diagne et inculpé depuis pour “diffusion de fausses nouvelles”. Cette arrestation faisait suite à une demande de reddition des comptes sur l’utilisation des fonds de l’Union européenne pour lutter contre la migration irrégulière au Sénégal, dans un entretien avec un journal en octobre 2020. 
Boubacar Sèye a eu, par contre, plus de chance, comparaison faite à d’autres qui sont victimes d’attaques physiques. Amnesty en veut pour preuve l’assassinat d’Ahmed Hussein-Sualze Divela et Martinez Zogo au Ghana et Jean-Jacques Ola Bébé au Cameroun. Tous des journalistes, Amnesty informe que « des acteurs étatiques et non étatiques seraient impliqués dans au moins deux de ces homicides ». 
« Nous sommes partis du constat que la corruption dans notre région, mais plus généralement en Afrique, a un impact réel et particulièrement néfaste sur la question des droits humains. La corruption prive les individus de la possibilité de bénéficier des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels. Elle impacte aussi sur le droit au développement ou encore le droit à un environnement sain. La corruption, c’est aussi un facteur qui limite, voire prive les individus de leur droit à bénéficier d’un procès équitable, de leur droit à ne pas être soumis à des actes de torture et c’est aussi un phénomène qui conduit à des situations discriminatoires lorsqu’il s’agit de pouvoir bénéficier d’accès aux services sociaux de base », a expliqué Samira Daouda,  directrice du bureau Afrique de l’Ouest et du Centre. 
De ce fait, Amnesty a jugé nécessaire de s’investir pour la protection de ceux qui s’engagent dans la lutte contre la corruption. Cette protection devrait, entre autres, passer par la mise en place d’un cadre juridique adéquat. Ce qui n’est pas encore le cas dans bon nombre de pays de la zone Ouest et Centre de l’Afrique. Rares sont les pays qui ont, par exemple, adopté une loi de l’accès à l’information. Et même dans ces pays, « les frais à payer pour obtenir ces informations et l’idée reçue selon laquelle ces lois sont destinées uniquement aux journalistes restent un frein à leur application », regrette Amnesty. Sans compter avec la culture de l’impunité qui sévit dans la région en plus « des lois répressives pour restreindre l’exercice des droits fondamentaux et utiliser des lois existantes pour faire taire les voix critiques, y compris les lanceurs et lanceuses d’alerte qui jouent un rôle crucial en signalant ces agissements ». 
« Amnesty International appelle les États à adopter et à améliorer les lois qui protégeraient ces défenseur·e·s des droits humains contre les représailles et créeraient un environnement au sein duquel ils et elles pourraient enquêter et faire des rapports en toute sécurité sur la corruption et ses implications en matière de droits humains. Actuellement, seuls la Côte d’Ivoire, le Mali et le Niger ont adopté des lois sur la protection des défenseur·e·s des droits humains, et seul le Ghana possède une législation visant spécifiquement à protéger les lanceurs et lanceuses d’alerte », conclut-elle. 

Source – seneweb

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