Accord international en demi-teinte pour réduire la pollution du secteur maritime
Un accord pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du fret maritime, secteur très polluant, a été conclu par les pays membres de l’Organisation maritime internationale (OMI), mais il est jugé décevant par les ONG écologistes.
« La 80e Commission de protection de l’environnement marin (MEPC) de l’Organisation maritime internationale (OMI) adopte une stratégie de réduction de gaz à effet de serre » a tweeté vendredi l’OMI, instance qui dépend de l’ONU. Elle ajoute que l’accord affiche l’ambition de réduire les émissions de CO2 « d’une moyenne d’au moins 40 % d’ici 2030 comparé à 2008 ».
Ce texte, obtenu par l’AFP ce 7 juillet, prévoit des objectifs « indicatifs » (donc non contraignants) de réduction des émissions polluantes d’au moins 20 % d’ici 2030, mais avec en vue moins 30 %, et d’au moins 70 % d’ici 2040, avec en ligne de mire moins 80 %, comparé à 2008.
Plusieurs ONG estiment déjà que le compromis est décevant comparé aux objectifs qui étaient visés par de nombreux pays avant la rencontre, et insuffisant pour mettre le secteur sur la trajectoire d’une réduction des émissions de CO2 dans le cadre de l’accord de Paris de 2015.
En 2018, l’OMI avait donné aux transporteurs l’objectif de réduire leurs émissions de CO2 de 50 % en 2050 par rapport à 2008. Mais l’Union européenne réclamait lors des négociations cette semaine un objectif plus ambitieux de zéro émission nette en 2050 avec deux étapes : réduction de 29 % en 2030 et 83 % en 2040.
Un secteur responsable de près de 3 % des émissions de CO2
Les Îles-États du Pacifique, particulièrement menacées par le réchauffement climatique, voulaient des objectifs encore plus ambitieux, et étaient soutenus par les États-Unis et le Canada : -96 % d’ici 2040. Les ONG écologistes de leur côté demandaient -50 % d’ici 2030 et la neutralité carbone d’ici 2040.
À l’inverse, nombre de gros exportateurs comme la Chine, le Brésil, l’Argentine, entre autres, ont freiné, affirmant que des objectifs trop stricts profiteraient aux pays riches, aux dépens des pays en développement. Ils s’opposaient notamment au projet d’une taxe carbone, soutenu par le président français Emmanuel Macron et par des entreprises comme le géant du fret maritime Maersk.
Une éventuelle taxe n’apparait désormais dans le projet d’accord que dans un éventail de mesures proposées pour réduire les émissions du fret. La très grande majorité des 100 000 navires du secteur, qui transportent 90 % des marchandises dans le monde, sont propulsés par du fioul lourd. Le secteur est responsable de près de 3 % des émissions de CO2 mondiales, d’après l’ONU.
« Le niveau d’ambition de l’accord est très inférieur à ce qui est nécessaire pour garder le réchauffement climatique planétaire sous 1,5 degré, et la formulation du texte est vague et non contraignante », déplore l’ONG Clean Shipping Coalition.
(avec AFP)