[Analyse] Benno et Macky : La future armée mexicaine (Par Mbaye Sadikh)
Quel sera l’avenir de la majorité au pouvoir Benno bokk yaakaar, suite à la décision de Macky Sall de ne pas être candidat en 2024 ? Cette question se pose d’autant plus que d’ici 6 mois, le patron de la coalition va perdre définitivement ce qui lui permettait d’avoir la main sur les troupes : les décrets, les prébendes, l’entretien de l’espoir, la crainte…
Mais la réponse à cette question ne tardera pas. Les premiers éléments vont sans doute apparaître dès cette semaine. En vérité, la coalition est partie pour devenir la future armée mexicaine. A partir de ce lundi, Macky Sall va perdre la main progressivement sur cette entité. Déjà, face à la longue attente et au flou, les lignes commençaient à bouger dans la coalition. Au sein du Ps, Serigne Mbaye Thiam et son camp ont plusieurs fois mis la pression sur Aminata Mbengue Ndiaye pour redynamiser le parti en perspective de 2024. A l’Afp de Moustapha Niass, Alioune Sarr, qui faisait figure de numéro deux, s’est fait investir comme candidat par une partie de membres de cette formation. Une démarche cavalière qui n’a pas été du goût de Moustapha Niass qui avait menacé de sévir. Idrissa Seck lui avait choisi de déclarer sa candidature et de quitter le navire.
Ce qui s’est passé dans ces trois grandes formations annonce parfaitement ce que sera la vie de la coalition dans les semaines et mois à venir. Les défections vont se poursuivre parti après parti, mouvement après mouvement. Pour certains, l’argument principal sera de dire que le pacte était d’accompagner Macky Sall à faire deux mandats. Maintenant qu’il part, c’est le moment de retourner à la base, puisque le parti a vocation à conquérir le pouvoir. Cette posture est par exemple celle du camp dirigé par Serigne Mbaye Thiam au sein du Ps.
Pour d’autres, ce sera en réaction à une prétendue trahison. L’argument ici consistera à dire que le parti ou le mouvement n’a pas été consulté avant la prise de décision du patron de la coalition. Par conséquent, cette décision ‘’solitaire’’ marque la rupture de confiance et donc la fin du compagnonnage. Ce discours est surtout attendu du côté des partis télécentres qui vont chercher une autre locomotive où ils vont accrocher leur wagon. Il y en aura également qui ne partiront pas de sitôt. Ils choisiront de rester dans la coalition, mais les décisions de Macky Sall ne seront plus la Bible ou le Coran qu’elles ont été durant presque 12 ans. A partir de maintenant, on sera plus enclin à contester des mesures qui soit disant n’ont pas été démocratiques, parce que non discutées en conférence des leaders.Ainsi certains partis ou mouvements vont partir après avoir adopté une attitude qui oblige l’Apr à les pousser vers la sortie. Le choix sera ainsi fait de dénoncer un manque de démocratie pour se faire expulser afin de partir libre.
Guerre des chefs à l’APR
Mais cette réalité ne sera pas uniquement celle de la coalition. Le parti risque également de connaître le même sort. Macky Sall a déjà été confronté à cela alors qu’il avait toutes les cartes en main. Amadou Ba, Mimi Touré, Aly Ngouille Ndiaye, Mamadou Makhtar Cissé sont autant de responsables du parti qui ont été écartés pour des ambitions réelles ou supposées. On les soupçonnait déjà de travailler pour leurs comptes. Le Pds comme le Ps ont connu des défections majeures à la veille de la perte du pouvoir quand le vent a commencé à tourner dans le sens opposé. Macky Sall et l’Apr n’échapperont pas à cette réalité, surtout que pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal, un président va gérer une coalition sans être lui-même candidat à la prochaine élection présidentielle.
Source – seneweb