À la Une: l’heure des comptes aurait-elle sonné à Moscou ?

Pour Le Figaro, il ne fait guère doute qu’une « nuit des longs couteaux approche » en Russie… « Remis de la stupeur et du tremblement qui l’ont saisi face au coup de force d’Evgueni Prigojine, le maître du Kremlin doit maintenant réagir, affirme le journal. Dans l’univers impitoyable de Vladimir Poutine, il est impensable de laisser ceux qui vous ont défié prospérer comme si de rien n’était. Ce serait se mettre encore plus en danger qu’il ne l’est déjà. »

Alors, « l’heure des règlements de comptes approche, croit savoir Le FigaroCe ne sont pas des divergences idéologiques qui déchirent le système de pouvoir en Russie, mais de brutales guerres de clans. Prigojine a montré la fragilité de l’édifice politico-militaire qui entoure le pseudo-tsar. De quoi nourrir la tentation, chez lui ou chez d’autres, de recommencer s’ils ne sont pas mis au pas. Il faut donc s’attendre à une nuit des longs couteaux à Moscou, s’exclame Le Figaro, d’où que vienne le bras armé. Le monde entier a constaté avec stupéfaction le dénuement de l’autocrate russe. De Washington à Pékin, on a tremblé devant l’hypothèse que l’arsenal nucléaire échoie à un voyou nationaliste encore pire que Poutine. Les régimes autoritaires ne cachent pas une pointe de déception devant cet allié finalement si faible. Cela aussi doit être corrigé. »

Vers une purge au sommet de l’Etat ?

Les Échos vont dans le même sens : « maintenant qu’il a obtenu le retrait des colonnes de Wagner, quelles sont les raisons qui empêcherait le président russe de trahir sa parole et d’essayer de nouveau d’éliminer politiquement, voire physiquement, Evguéni Prigojine ? D’ailleurs, hier, les agences de presse russes annonçaient que l’enquête criminelle visant Prigojine pour ‘appel à la mutinerie armée’ était toujours en cours, alors qu’il avait été annoncé samedi que le mandat d’arrêt était levé. »

Et, puis, poursuivent Les Échos, « le tout-Moscou s’interrogeait hier sur l’ampleur des purges que le maître du Kremlin pourrait décider au vu de l’étrange apathie de l’appareil militaire durant la révolte de Wagner. Une purge qui ne pourrait toutefois être massive, sauf à déclencher une nouvelle rébellion, contre lui cette fois. Le nom d’un successeur possible du ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, est apparu sur certains canaux Telegram pro-guerre. Il s’agirait d’Alexeï Dioumine, l’actuel gouverneur de la région de Toula, réputé dur et hyper loyal. L’un des responsables des opérations en Ukraine, Sergeï Surovikine, un des rares généraux à avoir pris la parole samedi, pourrait devenir le chef de l’état-major général à la place de Valery Gerasimov. Dioumine et Surovikine auraient mené les négociations avec le chef de Wagner. Alexeï Dioumine, 50 ans, figure depuis longtemps sur la liste des potentiels successeurs de… Vladimir Poutine. »

Faiblesse et indécision

Les prochaines heures ou les prochains jours nous diront si cette purge aura lieu ou pas… Ce qui est sûr, en attendant, c’est que Poutine a subi un revers humiliant, note Le Monde. « Si l’épilogue (de ce week-end agité en Russie) n’est pas flatteur pour le patron de Wagner, dont la détermination a flanché en une poignée d’heures, ni pour une armée russe presque invisible pendant que les colonnes de miliciens progressaient en direction de la capitale, il est dévastateur pour le maître du Kremlin, s’exclame le quotidien du soir. Lui aussi s’est renié en un temps record en chargeant son porte-parole d’annoncer la grâce, le soir venu, de ceux qu’il avait en personne promis au peloton d’exécution en fin de matinée. »

Résultat, pointe Le Monde : « la faiblesse et l’indécision manifestées par Vladimir Poutine n’auront échappé à personne en dehors des frontières de la Russie. (…) Sa dévaluation internationale risque d’être durable. » Et « la brève chevauchée d’Evgueni Prigojine, après des mois de diatribes contre le commandement russe, a souligné l’erreur magistrale d’avoir laissé prospérer une milice privée […] sur les marges du pouvoir. »

Doute…

Alors, « Poutine peut-il reprendre la main ? », s’interroge La Dépêche du Midi en première page. « Est-il toujours le maître incontesté de la Russie ? Le doute est désormais permis », répond le journal. Et « l’opération militaire du week-end dernier confirme le niveau de délabrement de l’Etat et des institutions russes et l’effrayante vulnérabilité de ce qui constitue malgré tout une superpuissance. (…) Avec le recul, souffle La Dépêche, on frissonne à l’idée que le premier arsenal nucléaire au monde ait pu tomber entre les mains d’un mafieux sans foi ni loi, mais on se dit aussi que ce n’est peut-être qu’une question de temps… »

SOURCE RFI

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