AMINATA SOW, Déléguée générale à la DGPSN : Le Sénégal est un modèle en matière de développement de programmes de filets sociaux en Afrique

Le Programme national de bourses de sécurité familiale (Pnbsf) a impacté positivement les ménages vulnérables. L’affirmation est de Mme Aminata Sow, Déléguée à la protection sociale et à la solidarité nationale (Dgpsn). Dans cet entretien au Journal de l’économie sénégalaise (Lejecos), Mme Sow fait le bilan de cet important outil initié par le président de la République. Elle évoque également les différents projets et initiatives mis en œuvre par sa structure. Diplômée en comptabilité et finances de l’Université de Paris Dauphine-Paris 1 Panthéon et de l’Institut supérieur de management de Dakar, où elle a eu respectivement un Mba International et un Master en ingénierie financière. Aminata Sow est aussi titulaire d’un Diplôme supérieur de comptabilité (Dsc). Elle a débuté sa carrière professionnelle dans le secteur privé au milieu des années 1990.

Madame la Déléguée généralequel est le cadre institutionnel et organisationnel de la Délégation Générale à la Protection Sociale et la Solidarité Nationale ? Quelles ont été les principales raisons de sa mise en place ?

La Délégation générale à la Protection sociale et la Solidarité nationale (DGPSN) a vu le jour en 2012, sous le magistère du Président Macky Sall. Ses missions sont fixées par décret 2012-113 du 16 novembre 2012. La DGPSN coordonne l’ensemble des interventions en matière de Protection sociale et de Solidarité nationale au Sénégal. A cet effet, elle est chargée non seulement de l’impulsion et du développement de la Protection sociale, mais aussi de la mise en place d’un instrument commun de ciblage à savoir le Registre national unique (RNU).

Dans le cadre de ses missions, la DGPSN a élaboré une Stratégie nationale de Protection sociale (SNPS) dont la vision est : « d’ici à 2035, disposer d’un Système national de Protection sociale inclusif, accessible à tous, solidement ancré dans la culture nationale et garanti par l’Etat à travers des Lois ». En cohérence avec les orientations du Plan Sénégal Emergent, la SNPS a pour objectif de « construire un système de Protection sociale accessible à tous les Sénégalais, fournissant à chacun un revenu minimum garanti, une couverture maladie à tous, mais aussi un filet de sécurité global permettant de construire la résilience des personnes face aux chocs et crises ».

A sa création, la Délégation générale avait son ancrage à la Présidence de la République avant d’être sous tutelle du Ministère du Développement communautaire, de la Solidarité nationale et de l’Equité sociale et territoriale.

L’insécurité alimentaire, la récente pandémie à Covid-19 et l’inflation généralisée ont porté un coup dur à la capacité de résilience des ménages. Quelles ont été les stratégies de réponses apportées en termes d’actions d’intervention auprès des ménages et des populations de façon générale ?

Sur cette question, je serais à l’aise pour répondre. A l’instar des pays développés, le Sénégal a pris des dispositions pour accompagner les populations à faire face à la pandémie à COVID-19 et à l’inflation généralisée.

En 2020, le Gouvernement a effectué une large distribution de vivres aux 580 000 ménages pauvres ou en situation de vulnérabilité inscrits dans le Registre national unique (RNU) sur l’étendue du territoire national. Face à l’ampleur de la crise, le Président de la République a demandé son extension à 1 million de ménages.

Toujours dans le cadre de la résilience des ménages pauvres, le Gouvernement a lancé en 2022, l’opération de cash transfert exceptionnel.
Ce programme est une assistance, sous forme de transferts monétaires d’urgence. L’objectif était de soulager les ménages les plus pauvres impactés par la Covid-19 et la hausse généralisée des prix des denrées depuis la crise russo-ukrainienne.
Les 542 000 ménages pauvres et vulnérables enregistrés dans le RNU ont ainsi bénéficié de cet appui de l’Etat, grâce au financement additionnel de la Banque Mondiale, à hauteur de 43 milliards de FCFA. Chaque bénéficiaire a reçu 80 000 FCFA. Le Président de la République, a procédé au lancement officiel, le 10 mai 2022 au Grand Théâtre de Dakar.

Il ne faut pas oublier qu’à côté de cette crise sanitaire, il y a les effets des changements climatiques qui ont sévèrement affecté le capital économique des ménages et accentué leurs besoins, notamment chez les plus pauvres et les plus vulnérables.  Raison pour laquelle, la Délégation générale à la Protection sociale et à la Solidarité nationale a mis en œuvre le Programme de la résilience agricole à travers le Projet d’appui aux filets sociaux.

Cet important programme est conçu en 2018 en partenariat avec le Ministère de l’Agriculture et de l’Équipement Rural (MAER). L’objectif est d’utiliser les outils et les systèmes de la protection sociale adaptative pour améliorer l’accès aux intrants pour les petits producteurs agricoles figurant dans le RNU, afin d’accroître leur capacité de résilience face aux aléas des conditions de production. Ainsi, un projet pilote exploratoire a été mené en 2019. Des séances de sensibilisation, de coaching et de suivi de la production ont été offertes à près de 4 000 ménages agricoles du RNU dans 6 communes des régions de Kaolack et Kaffrine.

Une 2ème phase dudit projet pilote avait prévu d’amplifier et de renforcer le programme pour accroître la résilience des petits agriculteurs face aux chocs climatiques à partir 2020. Mais face à la situation sanitaire et les mesures d’état d’urgence qui s’en sont suivies, la mise en œuvre de la 2ème phase ne sera effective qu’en 2021. Au total 10 498 ménages ont été sélectionnés à partir du RNU avec l’intervention des comités de ciblage dans les régions de Kaolack (3114 ménages), Kaffrine (2860 ménages), Kolda (3041 ménages) et Sédhiou (1483 ménages). Le montant global de la 2ème phase du pilote s’élève à 2 099 800 000 FCFA. Chaque ménage bénéficiaire a reçu 200 000 Fcfa.

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