Pour la Chine, Pékin et Washington doivent choisir entre «coopération ou conflit»

Antony Blinken est le premier diplomate de haut rang à se rendre en Chine depuis 2018. Après le ministre des Affaires étrangères Qin Gang dimanche 18 juin, le secrétaire d’État américain a rencontré Wang Yi ce lundi matin, le directeur du bureau des affaires étrangères du Parti communiste chinois. Le secrétaire d’État américain a reçu une leçon de morale, avant d’être reçu par le président Ji Jinping. 

Pour son homologie Wang Yi, « la perception erronée de la Chine » par les États-Unis serait la source des tensions entre les deux pays, rapporte notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde.

La Chine mal comprise, mal jugée ou regardée de façon biaisée, est un argument qui revient souvent dans les discours de la diplomatie chinoise. Cette fois, c’est le secrétaire d’État américain qui se voit passer un savon. Le conseiller du président chinois en matière de politique étrangère pose le débat en ces termes et ne laisse guère le choix aux États-Unis : c’est soit le dialogue, soit la confrontation, a déclaré Wang Yi dans des propos rapportés par la télévision centrale de Chine.

Le chef de la diplomatie chinoise a également exhorté Washington à « réfléchir profondément » et à travailler avec Pékin pour essayer de gommer conjointement les divergences et « éviter les surprises stratégiques ». Au nom de l’intérêt bien compris des deux superpuissance, mais aussi de « leur responsabilité envers le peuple, l’histoire et le monde », « nous devons inverser la spirale descendante des relations sino-américaines ». Pour cela, dit encore le conseiller d’État chinois, il faut que les États-Unis abandonnent leur supposée « perception erronée » de la Chine et revenir à d’avantage « d’objectivité et de rationalité ».

La partie américaine s’attendait à ces critiques reprises dans les médias d’État. Il faut voir maintenant dans le détail ce qui s’est dit dans le huis clos des échanges entre délégations et si cela a permis d’apaiser ou non les relations entre les deux pays. On en saura plus probablement côté américain ce lundi soir lors de la conférence de presse organisée avant le départ du secrétaire d’État américain pour Londres.

Relance des échanges humains

Outre les comptes rendus chinois, on a aussi les images de la télévision d’État et cette poignée de main ce matin entre Wang Yi et Antony Blinken à Dioyutai, la résidence pour les hôtes d’État à Pékin. C’est là que se sont rencontrés hier Antony Blinken et Qin Gang, le ministre des Affaires étrangères. Les deux hauts diplomates avaient des choses à se dire, visiblement : plus de cinq heures de discussions qualifiées de « franches et constructives » par la presse d’État chinoise qui évoque également des « résultats positifs », offrant la possibilité de nouvelles rencontres bilatérales dans les mois à venir et peut-être une nouvelle rencontre Biden-Xi en marge d’un sommet multilatéral. 

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Ce qui se passe à Pékin pendant ces deux jours est important, car « en l’absence d’avancée majeure », s’inquiète le comité éditorial du Washington Post, il y aurait une « réelle possibilité que Joe Biden devienne le premier président américain à ne pas se rendre en Chine depuis la normalisation des relations diplomatiques sino-américaines en 1978 ».

Les rencontres ont aussi permis d’aborder la question de la relance des échanges humains entre les deux pays. Antony Blinken a participé à une table ronde après le déjeuner avec les étudiants du programme d’échange sino-américain. Selon le programme envoyé par la diplomatie américaine, il était question aussi ce 19 juin d’une autre table ronde avec les chefs d’entreprises américains confrontés à des difficultés renforcées sur le marché chinois depuis que les deux superpuissances se livrent une guerre commerciale.

SUDQUOTIDIEN

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