Ligue des champions: Manchester City, exemple à suivre pour le PSG ?
Manchester City affronte l’Inter Milan ce samedi (19hTU) en finale de la Ligue des champions à Istanbul. Le club anglais, dont les propriétaires viennent des Émirats arabes unis, peut remporter le trophée pour la première fois de son histoire. Cela validerait sa stratégie alors que son rival, le PSG, ne semble pas trouver la bonne formule.
Manchester City et le PSG sont deux clubs-États et au vu de la proximité géographique de leurs propriétaires, voisins dans le Golfe, il est plutôt tentant de les comparer. L’un est sous pavillon émirien depuis 2008 et dirigé par l’homme d’affaires Khaldoon Al Mubarak. L’autre est la propriété de QSI, le fonds souverain du Qatar, qui a pris les rênes en 2011. Deux « nouveaux riches » qui ont changé de dimension à l’arrivée de leurs nouveaux propriétaires, mais qui ont opté pour deux stratégies différentes pour se développer.
Comme l’explique Christophe Lepetit, économiste au Centre de droit et d’économie du sport, «le Paris Saint Germain a construit une très grosse franchise, une importante marque de sport globale en capitalisant sur la ville de Paris, son image alors que Manchester City a, lui, bâti sa croissance et élargi très largement son empire en développant une stratégie de multipropriété de clubs. »
Les propriétaires ont commencé à bâtir un conglomérat, « le City Football Group, qui détient partiellement ou totalement 13 clubs à travers le monde, précise-t-il. Il y a des clubs asiatiques, sud-américains et européens. Ce qui permet de toucher des sponsors qui ne seraient pas manifestés avec la seule présence de Manchester City, qui reste le vaisseau amiral de cette galaxie. »
Une stratégie lucrative puisque le club mancunien est celui qui a généré le plus de revenus en Europe. La saison dernière (2021-2022), son chiffre d’affaires s’est établi à 731 millions d’euros.
Il faut toutefois ajouter que City, comme le PSG, a été inquiété et même sanctionné pour non-respect du fair-play financier, un dispositif mis en place par l’UEFA pour contrôler les dépenses des clubs et empêcher une dérégulation trop importante sur le marché des transferts. Sans conséquence majeure puisque les Anglais ont pu disputer la Ligue des Champions chaque saison.
Moyens conséquents et gestion sportive cohérente
Malgré ces contraintes, les Citizens ont bénéficié d’un virage décisif opéré par leurs dirigeants dès 2011. À l’époque, les propriétaires sont allés recruter les têtes pensantes du FC Barcelone – la référence à l’époque – pour développer leur projet. Décision fondatrice pour Philippe Auclair est spécialiste du foot anglais : « L’implication a été colossale sur le plan financier, mais pour le reste, les dirigeants ont laissé la main libre à des connaisseurs du football. Ils ont voulu bâtir une pyramide, et avant de transférer les joueurs, ils ont donc recruté les têtes pensantes du Barça, Txiki Beguiristain et Ferran Soriano, et ensuite, ils ont récupéré Pep Guardiola. »
L’entraîneur espagnol, qui avait remporté la Ligue des Champions en Catalogne en 2009 et 2011, débarque dans le nord de l’Angleterre en 2016 après un passage par le Bayern Munich. « Avec Beguiristain et Soriano, Guardiola s’occupe de tout, poursuit Philippe Auclair. Les propriétaires prennent grand soin de ne surtout pas intervenir.Il n’y a pas un seul joueur dans l’effectif actuel dont on puisse dire qu’il a été recruté pour faire plaisir aux propriétaires. La confiance est mutuelle et ceux qui ont en charge l’aspect sportif ont du temps. Quand les choses se passent un petit moins bien, ce n’est pas une catastrophe. Mais c’est vrai que pour Manchester City, ça va depuis un bon bout de temps ! »
Les résultats sont là : sept titres de Premier League remportés depuis l’arrivée des propriétaires émiriens en 2008. Cinq lors des six dernières saisons. Une performance rare dans le championnat le plus compétitif du monde, qui porte aussi le sceau de Pep Guardiola, qui a patiemment construit son groupe.
Le PSG, une instabilité chronique
Sans doute ce qu’il manque au PSG, incapable de travailler dans la stabilité. Malgré un 11ᵉ titre de champion de France (un record), la saison a été émaillée par de nombreuses affaires extra-sportives et la Ligue des Champions lui a encore échappé.
Pour Dan Perez, journaliste à l’Équipe, c’est peut-être parce que le club parisien semble être dans l’improvisation permanente : « A Paris, on a l’impression que rien n’est simple. Le directeur sportif n’a pas tout le temps les pleins pouvoirs. Il n’est pas toujours d’accord avec son président, il peut même être changé à tout moment.
Le président peut aussi court-circuiter le directeur sportif, voire l’entraîneur pour valoriser des joueurs. Des joueurs ont déjà aidé à évincer des entraîneurs ! ». Il ajoute: « Il y a plusieurs canaux de communication à l’intérieur du club.Il y a plusieurs décisionnaires, voire non-décisionnaires. On ne sait pas exactement quelle est la ligne directrice du club. C’est un peu déroutant, mais peut-être qu’une victoire en Ligue des Champions de Manchester City réveillera les consciences du côté de Doha ? »
Le Qatar, après avoir été focalisé sur l’organisation du Mondial sur son territoire fin 2022, a vu son équipe encore éliminée en huitièmes de finale de la Ligue des Champions (face au Bayern Munich), malgré la présence de ses trois stars Lionel Messi, Neymar et Kylian Mbappé dans son effectif. Paris s’est déjà lancé dans de grands bouleversements pour la saison prochaine : le club cherche notamment un nouvel entraîneur (Julian Nagelsmann ?) mais a déjà bouclé le recrutement de plusieurs joueurs. Signe que les récents échecs n’ont peut-être pas encore été digérés.
Pendant ce temps-là, Manchester City et Erling Haaland rêvent d’un triplé historique en cas de victoire en finale de la Ligue des Champions ce samedi à Istanbul. Pour ça, il faudra battre l’Inter Milan de Simone Inzaghi, au Stade Olympique d’Atatürk d’Istanbul.