Pour une sortie de crise : Madické Niang propose des pistes de réflexion
L’heure est à l’écoute. L’heure est à la recherche de voies de sortie de crise avant qu’il ne soit trop tard, mais pas aux remontrances. Telle est la conviction de l’avocat Madické Niang, candidat malheureux à la dernière élection présidentielle. Constatant que de violentes manifestations ont secoué le pays entre le 1er et le 3 juin 2023, l’ancien ministre chargé des Affaires étrangères, dans une déclaration, propose des pistes de réflexion pour une sortie de crise dans le but exclusif de servir le Sénégal. Selon lui, «la seule urgence du moment est la recherche du salut pour notre Peuple».
Par Ousmane SOW – Sa parole se fait rare. Retranché de la scène politique après la demande du Khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké, d’abandonner la politique pour être au service de la communauté, Me Madické Niang ne prend désormais que très rarement position sur l’actualité politique. Une fois n’est pas coutume, hier, l’ancien candidat malheureux à la dernière élection présidentielle et ancien responsable du Parti démocratique sénégalais (Pds) est sorti de son silence. Ainsi, après les violentes manifestations qui ont secoué le pays entre le 1er et le 3 juin 2023, faisant état de 16 décès et près de 400 blessés, et son lot de destruction de biens publics et privés, Madické Niang propose, dit-il, en toute humilité, des pistes de réflexion pour une sortie de crise dans le but exclusif de servir le Sénégal. «J’ai été tenté de me taire et de vivre, dans le silence, ma souffrance de voir le pays que j’aime tant sombrer dans la détresse, mais une voie intérieure m’a interpellé pour me dire que mon mutisme risquerait de laisser des traces négatives et indélébiles dans ma conscience», a-t-il fait savoir, soutenant que le Sénégal vaut bien tous les sacrifices.
L’ancien membre du Parti démocratique sénégalais (Pds) en a quand même profité pour distiller quelques conseils ou propositions pour une sortie de crise. «Mes chers compatriotes, vous qui exercez le pouvoir par la volonté divine, vous qui aspirez à diriger ce pays en proposant aux Sénégalais d’autres voies de prospérité, la seule urgence du moment est la recherche du salut pour notre Peuple. Vous le savez, je le sais, notre salut du moment réside exclusivement dans notre engagement, avec courage et responsabilité, dans la voie d’un dialogue inclusif regroupant tous les acteurs politiques», a-t-il déclaré.
Dans cette perspective, l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise, pendant trois années sous le règne de Me Wade, reste quand même convaincu qu’au fond de chaque Sénégalais, s’est installée une «profonde meurtrissure» qui, dit-il, n’en sortira que le jour où la paix reviendra définitivement au Sénégal. En bon mouride, il a notamment invité les Sénégalais à donner la chance de laisser à l’histoire la plus belle page de hauteur et de sacrifice pour remettre le destin de ce pays sur les rails de ses valeurs intrinsèques de paix, de solidarité et d’humanisme. «Je vous en conjure par la grâce de Dieu, écoutez votre raison, écoutez votre amour pour ce pays. Dieu sauve le Sénégal».
Selon l’avocat, la Communauté internationale regarde le Sénégal. «Nous sommes à la croisée de notre destin de Nation. Nous pouvons choisir de nous enfoncer pendant des dizaines d’années dans les bas-fonds de la terreur partagée, mais j’ai confiance au génie pacifique de notre Peuple, il ne choisira pas cette voie», a-t-il remarqué, déplorant que pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, une manifestation ait causé autant de pertes en vies humaines, autant de dommages corporels, autant de dégâts matériels dans autant de secteurs vitaux de l’économie.
Le Sénégal, pays de dialogue
Madické Niang ne s’était pas exprimé depuis la Korité 2023, mais avait suffisamment tiré la sonnette d’alarme en disant que la seule issue pour préserver la paix au Sénégal était un dialogue sincère et inclusif. «Mais l’heure n’est pas aux remontrances. L’heure est à l’écoute. L’heure est à la recherche de voies de sortie de crise avant qu’il ne soit trop tard», a fait savoir Me Madické Niang. En outre, il a rappelé que le Sénégal, pays de dialogue, qui, avant les ressources minières, pétrolières et gazières, avait considéré comme ses principaux atouts la paix, la stabilité et l’hospitalité, «vient de servir au monde entier une image particulièrement négative».
Par ailleurs, en tant qu’ancien ministre chargé des Affaires étrangères qui, pendant trois années durant, a eu à présenter au monde l’image d’un Sénégal havre de paix et réserve infinie d’opportunités pour les investisseurs, il ne peut que ressentir, dit-il, «une tristesse infinie et un profond malaise». Dans son document, Madické Niang dit ressentir une tristesse «incommensurable» de voir des pertes en vie de jeunes Sénégalais qui constituaient un espoir de prospérité pour eux-mêmes mais aussi pour leurs parents. Mais aussi un «malaise sans fond» d’assister à la destruction en quelques jours de tant de biens appartenant à des nationaux et des étrangers qui ont eu le seul tort d’avoir choisi le Sénégal, sur la base de sa réputation de pays de paix et de stabilité, pour y investir. Enfin, exprimant sa profonde désolation pour les personnes dont les biens ont été saccagés, Madické Niang se joint à Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations unies, qui exhorte tous les acteurs à la retenue, et à Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, qui appelle tous les acteurs à un dialogue pour surmonter les divergences. «Nous sommes tous des Sénégalais, nous avons tous fondamentalement été éduqués dans les valeurs cardinales de paix et de respect de la vie humaine. Dès lors que notre ennemi commun, la colère, nous a poussés à agir contre notre nature, l’instant de calme actuel doit nous conduire, de part et d’autre, à une sérieuse introspection pour arrêter de porter atteinte à la vie, à l’intégrité et aux biens des Sénégalais comme des étrangers», a-t-il conclu.