Mbour – Chambre criminelle : L’enseignant qui avait égorgé sa femme à Fissel acquitté

La Chambre criminelle de Mbour, qui avait statué le 24 novembre 2022 sur l’affaire Saliou Ngom, professeur de Sciences de la vie et de la terre (Svt), qui avait égorgé sa femme enceinte de 9 mois, l’a acquitté en se basant sur le rapport d’expertise psychiatrique.

Par Alioune Badara CISS – Inculpé de meurtre, Saliou Ngom, professeur de Sciences de la vie et de la terre (Svt) à Fissel, qui avait égorgé sa femme enceinte de 9 mois, a été acquitté par la Chambre criminelle de Mbour grâce au rapport de l’expertise médicale. Il a été consulté à plusieurs reprises par le Pr Abdoulaye Danfa, psychiatre au centre de santé mentale Dalal Xel de Thiès. Le diagnostic du médecin a sauvé l’accusé. Le rapport médical révèle que Saliou Ngom présente une affection psychiatrique qui peut altérer ses facultés mentales, son raisonnement, mais aussi son discernement. Pis, que sa détention prolongée en milieu carcéral risque d’aggraver ces troubles.

Son état nécessite une prise en charge régulière et efficiente dans une structure agréée, pour une meilleure stabilisation pouvant lui permettre une éventuelle réinsertion socio-familiale, voire professionnelle.

Le professeur de Svt, qui avait égorgé sa femme, avait été jugé le 24 novembre dernier, la Chambre criminelle avait demandé une expertise au centre Dalal Xel. 7 mois après ce drame, les résultats de cette expertise le présentent comme une personne atteinte d’affection psychiatrique.

Pour rappel, la tragédie s’est déroulée le jeudi 15 novembre 2018 à Fissel Mbadane, chef-lieu d’arrondissement situé à une dizaine de kilomètres de la commune de Thiadiaye. Précisément, c’est à Koboran, un village situé dans la commune de Fissel Mbadane, que Mme Amy Dieng a été retrouvée couchée sur un matelas, gisant dans une mare de sang. Elle venait d’être égorgée par son mari.

Le couple vivait séparé en attendant de célébrer le mariage traditionnel. Mais la femme, qui habite non loin du domicile de son mari, venait chaque matin le saluer et s’enquérir de sa santé. Le jour des faits, pendant que tout le monde était au marché hebdomadaire de Mbafaye, ils se sont retrouvés seuls dans la maison. Le mari, ne jouissant pas de toutes ses facultés mentales, s’est jeté sur elle et l’a égorgée. Il avait été immédiatement arrêté par les éléments de la Brigade de gendarmerie de Thiadiaye. Tandis que le corps sans vie de la victime, qui était élève au lycée, avait été déposé par les sapeurs-pompiers à l’Hôpital départemental de Mbour pour les besoins de l’autopsie.

Quatre ans après les faits, le professeur de Svt était mardi devant la barre de la Chambre criminelle de Mbour pour répondre de ce crime odieux. Mais, il semble ne pas se souvenir de son acte. «On m’a raconté ce qui s’était passé ! Je ne me souviens de rien du tout. Tout ce que je sais de cette histoire, on me l’a raconté. Je demandais à ceux qui venaient me voir ce que je faisais en prison», a déclaré devant la barre Saliou Ngom, âgé de 32 ans, accusé d’avoir tué sa femme, Amy Dieng, qui était en état de grossesse avancé (9 mois).

A la barre de la Chambre criminelle, le professeur de Svt n’a pas trouvé les mots pour revenir sur cette horrible journée. D’ailleurs, les témoins appelés à la barre du Tribunal ont décrit Saliou Ngom comme une personne sincère, serviable, attentionnée, fiable, respectueuse, studieuse.

Interpellé sur son mariage avec Amy, il a déclaré qu’il s’était marié avec elle Dieng en 2013, quand il était encore étudiant. Par la suite, il est devenu professeur de Svt et c’est à sa 2e année d’enseignement qu’il a été sujet à des troubles, jusqu’à commettre l’irréparable.

Des propos corroborés par le frère de la victime cité à titre de témoin, qui a expliqué devant la cour que le couple n’a jamais eu de problème. «Nous n’avons jamais eu de problème avec Saliou. Si je pouvais, il sortirait de prison. Nous ne réclamons aucun dommage», a précisé le frère de la victime. L’oncle de Saliou Ngom devant la barre a également raconté qu’une fois, son neveu s’est jeté au fond d’un puits d’une profondeur de 15 mètres. «Son acte a été une surprise pour tout le monde. Le jour où il s’est jeté au fond du puits, c’est moi qui l’ai repêché. 29 à 30 jours, il a posé cet acte», a renseigné Abdoulaye Ngom.

Des propos qui ont poussé le procureur à se demander si Saliou Ngom jouissait de toutes ses facultés mentales. «Est-ce que Saliou avait toutes ses facultés, parce qu’il y a absence totale de mobile, absence d’antécédents de violence. A la lecture de ce dossier, je ne peux pas dire si Saliou est sain d’esprit», a souligné le procureur. C’est pourquoi il avait demandé une expertise au moins pour l’aider. Le procureur a toutefois requis une réclusion criminelle à perpétuité, car selon lui, la matérialité et l’intention de donner la mort sont établies vu l’arme utilisée et la partie du corps visée.


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