Agriculture et les systèmes alimentaires au Sénégal : L’Ipar et la Fao promeuvent les investissements responsables
L’Initiative prospective agricole et rurale (Ipar), la Fao et le gouvernement du Sénégal veulent promouvoir l’investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires au Sénégal. Dans le cadre d’une rencontre tenue à Saly avant-hier et regroupant les acteurs, ces organisations se sont penchées sur la question. «Cette rencontre constitue une opportunité d’échange et de réflexion avec les acteurs-clés sur les Investissements responsables dans l’agriculture (Ira), mais également de partage pour consolider ensemble le rapport sur l’analyse de l’outil de screening ex-ante des projets d’investissement à l’intention des agences de promotion des investissements, conjointement développé par le Centre Columbia sur l’investissement durable (Ccsi) et la Fao», a expliqué Dr Yannick Fiedler, chargé de renforcement des capacités (investissement agricole responsable) à la Fao. A l’en croire, la transformation durable des systèmes alimentaires reste un défi crucial pour atteindre le développement durable, la sécurité alimentaire et la création d’emplois pour les jeunes en Afrique, notamment dans le contexte de la pandémie du Covid-19 et du conflit en Mer noire. Pour étayer ses propos, il est revenu sur les estimations récentes de ces crises. «La pandémie du Covid-19 a fait passer 5 millions de travailleurs supplémentaires et leurs ménages sous le seuil de pauvreté extrême. Les jeunes hommes et femmes, qui travaillent souvent dans des conditions formelles ou précaires, ont été particulièrement touchés. Le nombre de personnes sous-alimentées sur le continent a atteint 248 millions, et le Pib a diminué de plus de 2% en 2020. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine pourrait compromettre davantage la sécurité alimentaire sur le continent», a averti Dr Yannick Fiedler.
En plus de ces aléas, il a également déclaré qu’en même temps, les changements climatiques et l’épuisement des ressources naturelles exigent un changement de paradigme pour «produire plus avec moins. D’ailleurs, c’est dans ce sens que la Fao a appuyé le gouvernement du Sénégal à faire face à ces défis à travers plusieurs initiatives dont notamment les programmes de réponse post-Covid». Afin de soutenir l’élan de reprise économique, il juge «essentiel de stimuler les investissements responsables dans l’agriculture et les systèmes alimentaires pour augmenter la production nationale et garantir la sécurité alimentaire, créer des opportunités d’emploi décent, en particulier pour les jeunes, et contribuer au développement durable. En même temps, il est crucial de renforcer les politiques et stratégies de promotion et de facilitation des investissements à travers un meilleur ciblage, afin de s’assurer que les investissements contribuent effectivement au développement durable des pays du continent». Ainsi, dira-t-il, les dix principes du Comité de la sécurité alimentaire mondiale pour un investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires fournissent des orientations concrètes sur les processus, les pratiques et les normes auxquels les investisseurs publics et privés devraient adhérer. C’est pour cela «qu’une gouvernance inclusive et efficace est essentielle pour stimuler une augmentation des investissements tout en veillant à la qualité de ceux-ci, ainsi qu’à la minimisation des risques d’impacts négatifs. Il s’avère ainsi crucial de soutenir les processus inclusifs qui contribuent à une compréhension commune du type d’investissements nécessaires et de leurs impacts souhaités, et d’appuyer la transformation de ces objectifs en politiques cohérentes et prévisibles», a déclaré Dr Yannick Fiedler. Pour lui, il est important «que les politiques de promotion des investissements et les régimes d’incitation soient renforcés non seulement à travers un meilleur ciblage des investissements, mais également à travers un ciblage plus diversifié des investisseurs».
Rappelant le processus de mise en œuvre de ce concept au Sénégal, Mme Bodian Ndèye Yandé Ndiaye, responsable des programmes fonciers à l’Ipar, a précisé que c’est un processus que la Fao avait lancé, en collaboration avec le Centre Columbia, pour produire un rapport sur l’évaluation des procédures d’autorisation des investissements agricoles au Sénégal. «On a impliqué l’Ipar pour revoir le rapport qui a été produit sur le processus d’approbation des investissements agricoles au Sénégal. Et dans ce cadre, l’Ipar a fait des rencontres avec les institutions impliquées, mais surtout les acteurs, parce que pour apprécier le processus, il faudrait faire des études de cas sur le terrain, pour voir effectivement avec les acteurs locaux comment ça se passe, mais aussi s’entretenir avec les investisseurs eux-mêmes sur le terrain pour un peu apprécier les activités, mais aussi leur point de vue sur le processus», indique Mme Ndiaye.
Source – Alioune Badara CISS – lequotidien