Liban: Twitter, l’outil de communication privilégié des diplomates
Le Liban est de tout temps ouvert aux ingérences étrangères, encouragées par son système politique basé sur une répartition confessionnelle des hautes fonctions de l’Etat. Chaque communauté religieuse recherche des appuis au-delà des frontières. Les chiites se tournent vers l’Iran, les sunnites vers l’Arabie saoudite et les chrétiens vers les pays occidentaux. La nature du système politique libanais offre aux diplomates étrangers une grande marge d’ingérence dans les affaires internes du pays. Qu’ils soient arabes, occidentaux ou asiatiques, ces diplomates utilisent les réseaux sociaux comme instrument de communication privilégiés.
De notre correspondant à Beyrouth,
Les réseaux sociaux, et plus particulièrement Twitter, occupent une place centrale dans la stratégie de communication des diplomates étrangers en poste au Liban. Il suffit de consulter la plateforme de l’oiseau bleu pour réaliser combien les ambassadeurs et autres représentants étrangers sont actifs, attirent de nombreux abonnés et suscitent des réactions.
L’ambassadeur d’Arabie saoudite à Beyrouth, Walid Boukhari, est en tête du classement avec 130 000 abonnés, loin devant le représentant de la République islamique d’Iran Moujtabi Amani avec 6 000 fans. Au niveau des comptes des chancelleries occidentales, celui des États-Unis occupe la première place avec 74 000 abonnés alors que la France au Liban, la page animée par l’ambassade de France, comptabilise 25 000 abonnés.
Plateforme interactive ou agence de presse
Le type de communication choisi par les diplomates est différent, certains sont plus populaires que d’autres. L’un des diplomates les plus appréciés était l’ambassadeur du Japon, qui vient tout juste de terminer une mission de trois ans. Takeshi Okubo a su s’attirer la sympathie de milliers d’internautes en mettant en avant les aspects positifs dans un pays frappé par une crise sans précédent. Parfaitement arabophone, le diplomate nippon a fait redécouvrir aux Libanais leur propre pays qu’il a sillonné de long en large en postant des images de ses plus beaux sites touristiques et naturels.
Takeshi Okubo publiait régulièrement des extraits d’auteurs libanais comme, le jour de son départ, cette phrase du célèbre écrivain Gibran Khalil Gibran : « On ne connaît la profondeur de l’amitié qu’à l’heure de la séparation ». Quelque 11 000 abonnés ont aimé ce commentaire.
L’ex-consul de Chine, le très arabophone Cao Yi, était également un amoureux du Liban, de ses traditions et de son patrimoine culturel et artistique. La diva Fairouz, avait ses faveurs. Avec ces deux diplomates, on en oublie presque que le Liban est aujourd’hui un pays à genoux.
Pour d’autres diplomates, Twitter est davantage une agence de presse qu’une plateforme interactive. C’est le cas de la page animée par l’ambassade des États-Unis. Très actif, ce compte publie, chiffres à l’appui, des informations sur les aides fournies par Washington aux différentes institutions du Liban, armée libanaise en tête. Les administrateurs de cette page ne réagissent jamais aux commentaires des internautes.
La plupart des chancelleries et des diplomates occidentaux gardent un ton sérieux et impersonnel sur Twitter. Le représentant de l’Union européenne pour la région Mena, Luis Miguel Bueno, est l’exception qui confirme la règle. Ce diplomate réagit souvent aux commentaires et accepte volontiers les corrections apportées par ses abonnés à ses publications en arabe.