Traite des enfants : Les pays de l’Afrique de l’Ouest peaufinent une riposte sous-régionale

 Un atelier de formation réunissant les acteurs de la chaîne pénale de quatre pays d’Afrique de l’Ouest se tient depuis hier à Saly. L’objectif, c’est d’harmoniser les méthodes de lutte contre la traite des enfants, un fléau transfrontalier qui exige une réponse coordonnée.Par Alioune Badara CISS – 

A l’initiative du ministère de la Justice, par le biais de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes, il a été organisé, hier à Saly, un atelier de formation réunissant les acteurs de la chaîne pénale de quatre pays d’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Gambie, Guinée et Guinée-Bissau) pour harmoniser les méthodes de lutte contre la traite des enfants, un fléau transfrontalier qui exige une réponse coordonnée des acteurs judiciaires et sécuritaires. L’accent a été mis sur l’amélioration des techniques d’audition et la prise en charge psychosociale des mineurs victimes de traite. «La traite des personnes est une criminalité violente, transfrontalière, qui touche particulièrement les enfants vulnérables de notre sous-région», a rappelé Mody Diagne, Secrétaire permanent de la Cellule nationale. Il a insisté sur la nécessité de «mutualiser nos efforts pour adopter une même compréhension du phénomène et partager nos bonnes pratiques».

Selon les organisateurs, des milliers d’enfants continuent d’être victimes de traite chaque année dans la sous-région. «Un seul enfant sénégalais victime est déjà un enfant de trop», a souligné Mody Diagne, qui dénonce des pratiques d’exploitation à des fins économiques, sexuelles ou de mendicité. Il alerte aussi sur le rôle parfois ambigu des familles. «Malheu­reusement, certains parents ferment les yeux, voire participent. Or, le premier défenseur d’un enfant, c’est sa famille», rappelle M. Diagne.

Présent à l’atelier, Benjamin Honton, représentant du Bureau régional du Haut-c des Nations unies aux droits de l’Homme, a salué l’initiative, soulignant l’importance d’un accompagnement des Etats au-delà de la seule répression. «La difficulté n’est pas l’absence de lois, mais leur application effective. Certains pays ont adopté des textes solides, mais les mécanismes pour les faire fonctionner sont souvent défaillants», a-t-il expliqué. Selon lui, la lutte contre la traite passe aussi par une meilleure coordination entre les services, la formation continue des acteurs de terrain et l’accompagnement des victimes.
Pour les participants, l’enjeu est clair : il faut construire une réponse concertée à une criminalité qui ignore les frontières. «Nous ne faisons pas de différence entre les enfants d’ici ou d’ailleurs. Ce sont les mêmes criminels que nous affrontons, il est donc vital d’agir ensemble», a conclu Mody Diagne.

Ainsi, cet atelier marque une étape vers une coopération régionale plus forte, fondée sur la protection des plus vulnérables. Les acteurs présents se sont engagés à poursuivre ce dialogue et à renforcer les actions de terrain.

abiciss@lequotidien.sn

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