Philippines: le dossier de la CPI sur Duterte assez solide pour aboutir à une condamnation
Les avocats de Rodrigo Duterte, en route pour la Haye afin de répondre de crimes contre l’humanité devant la Cour pénale internationale (CPI), ont déposé une requête pour demander son rapatriement à Manille. L’ancien président philippin a été transféré aux Pays-Bas et a été remis mercredi 12 mars à la CPI, a annoncé l’institution, qui ajoute qu’une audience de première comparution sera programmée en temps voulu. Il pourrait devenir le premier ex-chef d’État d’un pays d’Asie jugé par la CPI.
Pour les familles des victimes de la répression sanglante menée par Rodrigo Duterte quand il était au pouvoir, cette arrestation ravive l’espoir d’une justice. Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées lors des opérations de lutte anti-drogue entamées en 2016, un bilan qui pourrait être, en réalité, bien plus lourd.
Selon l’avocat pénaliste William Bourdon, le dossier est suffisamment solide pour que l’ex-président philippin puisse être condamné. « Le procureur est un homme extrêmement déterminé. Il y a énormément de témoignages qui ont été collectés : énormément d’ONG aux Philippines utilisent des méthodes de collecte, de triage, d’interprétation des témoignages depuis des années, explique l’avocat joint par Anne Verdaguer du service international. Je pense qu’on peut être confiant sur le fait que cet homme sera définitivement condamné pour des crimes qu’il a orchestrés, organisés, revendiqués et conceptualisés lorsqu’il était locataire du palais présidentiel à Manille. »
Duterte assume la responsabilité de la lutte anti-drogue
Le procureur Karim Khan a déclaré que l’exécution du mandat d’arrêt contre Rodrigo Duterte était important pour les victimes. Le droit international n’est pas aussi faible que certains le pensent, a-t-il ajouté, peu après le transfert à La Haye de Rodrigo Duterte. Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, l’ancien président philippin a déclaré qu’il assumait l’entière responsabilité de la guerre contre la drogue, expliquant que, pour « protéger » son peuple, il était « celui qui a dirigé les forces de l’ordre et l’armée ». « J’ai dit à la police, à l’armée, que c’était mon travail et que j’en étais responsable », a-t-il ajouté.
L’exécution du mandat d’arrêt de la CPI « est important pour les victimes. Je pense que cela signifie beaucoup pour elles », a déclaré Karim Khan dans un communiqué, après que Rodrigo Duterte a été remis à la Cour. « Nombreux sont ceux qui affirment que le droit international n’est pas aussi solide que nous le souhaiterions, et je partage cet avis. Mais comme je le souligne à maintes reprises, le droit international n’est pas aussi faible que certains le pensent, a ajouté le procureur. Lorsque nous nous unissons (…) l’État de droit peut prévaloir. »
Rodrigo Duterte a été remis mercredi 12 mars à la Cour pénale internationale à son arrivée aux Pays-Bas, a annoncé mercredi la juridiction, qui avait émis un mandat d’arrêt contre l’ancien président philippin pour crimes présumés lors de sa guerre contre la drogue.