UE: les Vingt-Sept s’accordent sur le plan de Bruxelles pour muscler la défense européenne
Réunis en sommet exceptionnel à Bruxelles ce 6 mars, les pays membres de l’Union européenne ont donné leur feu vert à un plan de la Commission européenne pour renforcer leur défense, a annoncé une porte-parole de l’UE. Dans leur déclaration finale commune, les dirigeants européens, à l’exception de la Hongrie, ont réaffirmé leur soutien à l’Ukraine.
Les Vingt-Sept ont donné leur feu vert, jeudi 6 mars en début de soirée, au plan présenté par la Commission européenne pour « réarmer » le continent. Le texte vise à mobiliser, à terme, quelque 800 milliards d’euros. Parmi les pistes, la possibilité pour les États membres d’accroître sensiblement leurs dépenses militaires sans que cela soit pris en compte dans leur déficit. « Des progrès décisifs vers une Europe forte de la défense », voilà comment l’initiateur de ce sommet, le président du Conseil, Antonio Costa, a salué l’engagement pris par les 27 mis au pied du mur, inquiets d’être lâchés par les États-Unis.
Pour Emmanuel Macron, il s’agit là d’un sursaut qui n’est qu’une étape : « Compte tenu de la menace et quoi qu’il advienne en Ukraine, nous avons besoin d’augmenter nos capacités de défense et nous avons besoin de bâtir sur les quelques années qui viennent, des capacités de défense autonome pour les Européens. Je me félicite des choix qui ont été faits aujourd’hui, mais aussi très large consensus qui a émergé de nos échanges et qui marque à mes yeux une grande lucidité des Européens et un réveil stratégique profond. »
Le président français a par ailleurs confié qu’il avait été approché par plusieurs dirigeants à Bruxelles au sujet de son offre d’élargir à l’Europe le parapluie nucléaire de la France, pointe notre envoyée spéciale à Bruxelles, Anastasia Becchio. Une idée qui vaut la peine d’être étudiée, selon Donald Tusk, le Premier ministre polonais. Une idée très intéressante, selon le président lituanien Gitanas Nauseda, mais une idée qualifiée aussi de prématurée par les dirigeants letton et tchèque. L’Allemand Olaf Scholz a lui souligné qu’il était important de ne pas abandonner la protection militaire américaine.
Soutien à l’Ukraine réaffirmé, mais pas par la Hongrie
Les dirigeants européens ont également réaffirmé leur soutien à l’Ukraine dans une déclaration à laquelle la Hongrie ne s’est pas jointe. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban est proche de Donald Trump et a maintenu des liens avec le président russe Vladimir Poutine. Ils ont souligné dans cette déclaration à Vingt-Six qu’il ne pouvait y avoir aucune négociation sur l’Ukraine sans l’Ukraine – une référence aux pourparlers bilatéraux ouverts par les États-Unis avec la Russie – et ils ont promis de continuer d’envoyer des aides à Kiev, alors que Washington a gelé cette semaine ses aides militaires et son partage de renseignements.
Aucune mention n’a été faite par les Vingt-Sept de l’hypothèse d’une trêve partielle entre l’Ukraine et la Russie, une idée parmi les propositions franco-britanniques à laquelle le président ukrainien Volodymyr Zelensky, invité du sommet, a apporté son soutien.
La façon dont l’Europe doit se mettre en ordre de marche sur l’Ukraine ne fait donc pas l’unanimité. Le Premier ministre hongrois nationaliste Viktor Orban a mis en garde contre l’adoption de conclusions écrites sur l’Ukraine à l’issue du sommet, faisant courir le risque de voir les divisions éclater au grand jour.
Une rencontre entre Américains et Ukrainiens en Arabie saoudite
L’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé qu’il rencontrerait une délégation ukrainienne la semaine prochaine, à Riyad ou à Jeddah, pour définir « un cadre pour un accord de paix et un cessez-le-feu initial ». La rencontre est prévue mardi 11 mars, a précisé un responsable ukrainien à l’AFP.
Près d’une semaine après la violente altercation entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky dans le Bureau ovale, les deux parties manifestent leur volonté de reprendre le dialogue. Selon Steve Witkoff, le président américain a estimé que la lettre rédigée par Volodymyr Zelensky comportait « des excuses » et était « un premier pas très positif ».
Londres a, de son côté, annoncé discuter avec une vingtaine de pays « intéressés » à contribuer à un maintien de la paix dans le cadre d’un éventuel accord avec la Russie. Paris réunira mardi des chefs d’état-major des armées des nations européennes prêtes à garantir un futur arrêt des combats sur le sol ukrainien.
« Nous sommes très reconnaissants de ne pas être seuls. Et ce ne sont pas seulement des mots. Nous le ressentons », a lancé le président ukrainien lors du sommet exceptionnel des 27 dirigeants des pays de l’UE destiné d’abord à muscler la défense européenne.