Incendies dévastateurs à Los Angeles: comment expliquer la violence des flammes ?

En l’espace de quatre jours, plus de 140 kilomètres carrés sont partis en fumée autour de la Cité des anges. Les pompiers ont énormément de mal à lutter et à contenir les feux.

Des brasiers meurtriers et incontrôlables. Après quatre jours de lutte, les pompiers californiens n’ont toujours pas réussi, vendredi 10 janvier, à maîtriser les énormes feux de végétation qui ont éclaté depuis mardi dans les banlieues nord et ouest de Los Angeles (Etats-Unis) et déjà fait 10 morts, selon un bilan communiqué vendredi. Plus de 180 000 personnes ont été appelées à évacuer face à la progression rapide des flammes. D’après une carte interactive (Nouvelle fenêtre) de CalFire, l’agence californienne de protection des forêts et de lutte contre les incendies, deux des trois principaux incendies étaient « contenus à 0% » vendredi, l’autre n’étant contenu qu’à 6%.

L’ampleur des destructions interroge aussi : comment les flammes ont-elles pu engloutir si facilement des quartiers entiers, détruisant pas moins de 10 000 maisons et bâtiments sur une surface de plus de 140 km2, selon plusieurs bilans communiqués vendredi ? Voici les principaux facteurs expliquant pourquoi ces incendies sont « les pires de l’histoire de la Californie », comme l’a déclaré jeudi soir le président américain, Joe Biden.

Des vents puissants attisent les flammes

Si les incendies ont progressé si rapidement, c’est surtout parce qu’ils ont été attisés par les vents dits « de Santa Ana ». Ce phénomène est typique des hivers californiens, mais ils sont particulièrement violents cette saison, avec des pointes enregistrées à 160 km/h ces derniers jours. Il faut remonter au mois de décembre 2011 pour retrouver des épisodes d’une puissance similaire, a rappelé Ariel Cohen, du Service américain de météorologie (NWS) à la chaîne NPR (Nouvelle fenêtre). Les conditions en place depuis mardi ont ainsi créé « un temps très favorable aux incendies », souligne-t-il.

« Les vents de Santa Ana créent non seulement des conditions propices au développement des feux de forêt, mais ils peuvent également être responsables de l’ampleur des destructions qui s’ensuivent », explique de son côté le météorologue et présentateur de la BBC, Matt Taylor, dans ce billet (Nouvelle fenêtre). Ces flux d’air sec ont pour effet de fragiliser la végétation dans la région, « comme un sèche-cheveux », schématise-t-il. Le vent « enlève à la végétation une grande partie de son humidité, ce qui signifie que le feu peut se déclarer plus rapidement et que la végétation brûle plus facilement », détaille le météorologue.

Le vent peut aussi agir encore plus sournoisement. Lorsqu’il souffle en période d’incendie, « on a des sautes de feu, il y a des brindilles d’arbres qui brûlent, qui vont être transportées et qui vont mettre le feu quelques centaines de mètres, voire quelques kilomètres plus loin », explique à franceinfo Jérôme Bonnafoux, porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. Depuis mardi, les autorités locales mettent en garde la population contre les dangers de cette « tempête de feu », comme l’a décrite la maire de Los Angeles, Karen Bass. 

La pénurie d’eau limite la lutte contre les brasiers

L’autre grande explication de cette catastrophe se trouve dans le réseau d’eau de Los Angeles. Ou plutôt ce qu’il en reste. Très vite, les pompiers se sont retrouvés à sec mercredi, notamment dans le quartier de Pacific Palisades, l’un des plus détruits par les flammes. Les Californiens ont ainsi été invités par les autorités à économiser l’eau, car trois réservoirs alimentant des bouches d’incendie ont été vidés par le combat contre le feu.

Des réserves d’eau ont par ailleurs été réquisitionnées dans toute la Californie, a déclaré mercredi Gavin Newsom, gouverneur de cet Etat. Une centaine de camions-citernes ont ainsi été dépêchés pour fournir des réserves supplémentaires aux soldats du feu, a détaillé son bureau dans un communiqué (Nouvelle fenêtre). Le précieux liquide est ensuite utilisé par les pompiers au sol ou largué par des avions-citernes et des hélicoptères, avec du produit retardant destiné à freiner la propagation des incendies. 

Le relief escarpé gêne les pompiers

Parsemé de collines et de ravins, le comté de Los Angeles représente un terrain difficile pour les services de secours en cas d’incendie. Les feux d’Eaton et de Sunset se sont par exemple déclarés dans de petits canyons, comme l’a décrit le Los Angeles Times (Nouvelle fenêtre). A de nombreux endroits, l’absence de route ou de chemin, voire la présence de pentes abruptes, a retardé l’intervention des pompiers. Les flammes réagissent également différemment à cette topographie accidentée. « Les caractéristiques géographiques telles que les canyons et les ravins peuvent donner des comportements de feu extrêmes, qui rendent l’incendie difficile, voire impossible, à combattre », a expliqué à la BBC (Nouvelle fenêtre) Rory Hadden, chercheur en sciences du feu et des incendies à l’Université d’Edimbourg en Ecosse.

Le réchauffement climatique est pointé du doigt

Ces dix dernières années, la Californie a été frappée par des incendies de plus en plus violents. Le nombre annuel de feux y reste stable, mais la taille des surfaces brûlées à chaque fois a considérablement augmenté. En moyenne, ce sont désormais 400 000 hectares qui partent chaque année en fumée en Californie, contre 150 000 hectares annuels en moyenne sur la décennie 1990-2000. L’Etat le plus peuplé du pays (près de 40 millions d’habitants) fait aussi face à des épisodes de sécheresse fréquents et de plus en plus intenses. Malgré deux années de pluies jugées satisfaisantes, ces six derniers mois ont connu peu de précipitations. En ce mois de janvier, un tiers du territoire californien est ainsi en état de sécheresse.

Même si la piste criminelle n’est pas écartée, au moins pour une partie des départs de feu qui ravagent la banlieue de Los Angeles – un suspect a été arrêté jeudi soir au nord-ouest de la ville, a rapporté la chaîne locale KTLA 5 (Nouvelle fenêtre) –, le réchauffement climatique « amplifie » généralement les risques d’incendie, comme l’a expliqué à franceinfo François Pimont, directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). « La végétation étant plus sèche, les accidents risquent de se produire de façon plus fréquente. Cela va aussi conduire au fait que la phase de propagation du feu, jusqu’au seuil critique d’un hectare, va être plus rapide », a-t-il souligné.

SOURCE FRANCEINFO

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