Législatives anticipées du 17 novembre : l’inéluctable recomposition

Les Commissions départementales de recensement des votes présentes au sein des six Cours d’appel que compte notre pays livreront ce mardi, au plus tard à minuit, les résultats provisoires des législatives anticipées de dimanche dernier. Si ces résultats confirment les lourdes tendances d’hier, qui donnent  la liste du parti au pouvoir, Pastef, largement vainqueur, l’espace politique sénégalais est parti pour connaitre une nouvelle reconfiguration.

Tous les regards sont tournés vers les différentes commissions départementales de recensement des votes. Elles sont hébergées dans les six Cours d’appel que compte notre pays.  Il revient à ces commissions départementales de recensement la prérogative, conformément aux dispositions de l’article 88 du Code électoral, de procéder à la publication des résultats provisoires de chaque département. Cela est prévu aujourd’hui,  mardi  18 novembre à minuit au plus tard. En attendant ces chiffres officiels mais encore provisoires, l’enseignement que l’on pourrait tirer des différentes tendances qui donnent à la liste du parti au pouvoir, Pastef largement vainqueur, est que ces premières législatives anticipées de l’histoire politique du Sénégal sont parties pour jeter les bases d’une nouvelle configuration de l’espace politique sénégalais.

En effet, les résultats provisoires sortis des urnes ont permis de spécifier le poids électoral réel de certains acteurs politiques, de leurs partis ou de leurs coalitions de partis, notamment ceux de la nouvelle opposition. Réunis autours des coalitions, tous les principaux leaders de l’opposition ont subi la razzia de la liste du parti au pouvoir dirigée par l’actuel Premier ministre, Ousmane Sonko. Que ce soit la coalition dirigée par l’ancien président de la République, celle de l’ancien Premier ministre, Amadou Ba, dans le gouvernement du Président Macky Sall, la liste Sénégal Kesse de Thierno Alassane Sall ou encore celle de  l’actuel maire de Dakar, Barthelemy Dias qui a fait coalition avec le leader du mouvement « Geum sa Bopp », Bougane Gueye Dany, toutes ont été battues par Pastef et son chef de file, Ousmane Sonko. Même l’avertissement qu’avait lancé l’ancien chef de l’Etat, Macky Sall qui avait justifié sa participation par son souci de créer une « mobilisation visant à enrayer les dangers qui s’accumulent sur le pays » n’a pas résisté à la rafle de Pastef.  Cependant, le Fouta a fait de la résistance,  où il a remporté selon les premières tendances 3 départements (Matam, Kanel Ranérou Ferlo). A ceux-là, il faut rajouter le département de Goudiry  (région de Tambacounda) et  et l’Afrique du centre, un département de la Diaspora. Pastef est donné vainqueur dans 40 départements sur les 46 nationaux et 7 des 8 circonscriptions électorales que compte le Sénégal à l’étranger.

Quant à Amadou Ba considéré jusqu’ici, comme étant chef de l’opposition du fait sa deuxième place obtenue à l’issue de l’élection présidentielle du 24 mars dernier (35.79%) , derrière l’actuel chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye (54%), il risque de voir son statut être impacté par cette reconfiguration de l’espace politique qui se dessine. Sa coalition « Diam Ak Njarin » n’a remporté qu’un seul département : celui de Podor selon les tendances

L’actuel maire de Dakar, Barthelemy Dias, dont on dit qu’il veut prendre Dakar comme ascenseur pour aller à la conquête du pays lors de la prochaine élection présidentielle, a été battu dans son propre bureau de vote. Sa liste, Samm sa kaddu a été battue dans tous les départements y compris celui de Dakar. Si les tendances actuelles sont confirmées par les différentes commissions de recensement des votes puis par  la commission nationale, Barthelemy Dias et ses coalisés de Samm sa kaddu ne seront crédités que de 5 députés.

La campagne électorale et les résultats provisoires de ces élections législatives anticipées, ont révélé un nouveau système partisan, beaucoup plus fragmenté et polarisé, qui ont réactivé parfois d’anciens clivages ou portant sur de nouveaux enjeux. Le taux d’abstention non négligeable est également une donnée à étudier qui est peut-être lié aux nombreuses incertitudes liées à la recomposition du paysage politique. Le changement d’époque est cependant à portée de main.

Nando Cabral Gomis
SUDQUOTIDIEN

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