Décollage d’Ariane 6: jour de vérité pour le programme spatial européen

Avec quatre ans de retard, la nouvelle fusée européenne doit décoller ce mardi 9 juillet depuis Kourou en Guyane française entre 18h et 21h TU. La pression est forte pour les Européens, condamnés à réussir, car Ariane 5 a pris sa retraite il y a près d’un an et l’Europe n’a plus son propre accès l’espace.

Ce devrait être le grand jour, pour Ariane 6. Ce lundi soir, l’Europe jouera son propre accès à l’espace avec le décollage d’un appareil qui accuse entre quatre et cinq ans de retard. À 15h (13h TU), les deux propulseurs d’appoint et le moteur de l’étage principal s’allumeront pour le décollage. En cas d’anomalie détectée jusqu’au dernier moment ou de météo capricieuse, une fenêtre de lancement de quatre heures est prévue.

Sur le Centre spatial guyanais (CSG) de Kourou, le portique mobile, vaste cathédrale qui abrite la fusée, doit être déplacé de 100 mètres, et dévoilera le mastodonte de 56 mètres sur son pas de tir. Puis, le remplissage des réservoirs avec les ergols – l’oxygène et l’hydrogène liquides qui alimentent le moteur Vulcain – débute. À partir de ce moment-là, toute anomalie obligeant à une intervention physique forcerait à vider les réservoirs, conduisant à un report du tir de 48 heures.

L’Europe de l’espace joue gros. À cause du Covid notamment, la nouvelle fusée européenne n’était pas prête à temps pour prendre le relais d’Ariane 5. Si on ajoute à cela le départ des russes et de leur fusée Soyouz, en raison de la guerre en Ukraine, et les difficultés de la fusée italienne Vega C, l’Europe n’a pas pu lancer ses satellites militaires. Elle a même dû faire appel au grand concurrent américain Space X pour envoyer dans l’espace des satellites de géolocalisation Galileo cette année. 

La pression est donc forte pour le lancement d’Ariane 6. Mais le mot d’ordre est à l’optimisme pour les équipes. Raymond Boyce, directeur des opérations au centre spatial de Kourou en Guyane, lancera le compte à rebours avant le décollage : « Moi, je suis très polarisé sur la réussite de ce vol et je suis très confiant. On n’a pas pris quatre ans de retard pour rien donc c’est bien pour peaufiner un maximum ». « C’est un premier vol, il y a une part de risque, on a essayé de la réduire au maximum, on est confiant », estime Philippe Baptiste, le PDG du Cnes, l’agence spatiale française. Le succès sera total avec la retombée réussie dans le Pacifique de l’étage supérieur en fin de mission à l’issue d’un troisième rallumage du moteur Vinci, principale innovation de la fusée.

En 1996, Ariane 5 avait explosé une trentaine de secondes après le décollage. Pour Ariane 6, sa cadette, en cas de premier vol réussit, le carnet de commandes pour les lancements suivants est déjà plein. « On est au tout début de l’exploitation, on n’a pas encore volé et Ariane espace a déjà dans son carnet de commandes l’équivalent de 28 à 30 lanceurs », souligne Franck Huiban, directeur des programmes civils chez Arianegroup. De quoi voir venir pour les trois prochaines années au moins. Principal client de la fusée européenne : Amazon et son service d’internet par satellite Kuiper.

Décidée en 2014, Ariane 6 pourra aussi bien placer des satellites en orbite géostationnaire, à 36 000 kilomètres d’altitude, comme sa prédécesseure Ariane 5, que mettre en orbite des constellations à quelques centaines de kilomètres de la Terre.

SOURCE RFI

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