“C’est une déclaration de guerre”: comment faut-il interpréter les menaces de Trump envers l’Otan?

Un message clair. Samedi, Donald Trump a assuré qu’en cas de réélection à la tête des États-Unis, il ne serait pas enclin à défendre les pays de l’Otan, allant même jusqu’à “encourager” la Russie à les attaquer. Une sortie qui suscite l’indignation, mais aussi l’inquiétude au sein de l’Alliance. À raison? Plusieurs experts assimilent ses propos à “une déclaration de guerre” et affirment qu’il faut “le prendre au mot”.

Un pas de plus. Donald Trump reproche régulièrement à ses alliés de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord de ne pas financer suffisamment l’institution. Samedi, lors d’un meeting en Caroline du Sud, il a ouvertement menacé de ne pas les défendre en cas d’attaque russe en rapportant une conversation avec un des chefs d’État de l’Otan, sans le nommer.

“Un des présidents d’un gros pays s’est levé et a dit: ‘Et bien, monsieur, si on ne paie pas et qu’on est attaqué par la Russie, est-ce que vous nous protégerez?”, raconte le milliardaire avant de révéler sa réponse: “Non, je ne vous protègerais pas. En fait, je les encouragerais à vous faire ce qu’ils veulent. Vous devez payer vos dettes”.

Des propos condamnés

Très vite, les réactions indignées ont fusé. “Encourager l’invasion de nos plus proches alliés par des régimes meurtriers est consternant et insensé”, a regretté Andrew Bates, porte-parole de la Maison Blanche.

“Le fait que Donald Trump avoue qu’il compte donner le feu vert à Poutine pour davantage de guerre et de violence, pour continuer son assaut brutal contre une Ukraine libre et pour étendre son agression aux peuples de Pologne et des États baltes est affligeant et dangereux”, a corroboré son successeur Joe Biden.

“Toute suggestion selon laquelle les Alliés ne se défendront pas les uns les autres sape notre sécurité à tous, y compris celle des États-Unis, et expose les soldats américains et européens à un risque accru (…) Toute attaque contre l’Otan entraînera une réponse unie et énergique”, a assuré le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg.

De son côté, Charles Michel, président du Conseil européen, a condamné des “déclarations imprudentes », soulignant au passage qu’elles ne servent “que les intérêts de Poutine”. “Elles soulignent à nouveau la nécessité pour l’UE de développer de toute urgence son autonomie stratégique et d’investir dans sa défense.”

“Signal d’alarme”

L’inquiétude règne au sein des grands dirigeants et chefs d’États. Un sentiment partagé par de nombreux experts en géopolitique qui assurent qu’il faut prendre au sérieux les déclarations de Donald Trump. “Le fait qu’il encourage même la Russie est presque une déclaration de guerre”, estime David Criekemans, professeur de politique internationale à l’Université d’Anvers, interrogé par nos confrères de la VRT.

“C’est un signal d’alarme. La sécurité européenne est extrêmement dépendante de l’engagement américain. Les États-Unis ont toujours considéré l’Europe comme une sorte de base avancée. Mais que se passe-t-il si les États-Unis n’y adhèrent plus? Dans ce cas, le scénario d’une Europe faisant cavalier seul devient de plus en plus probable.”

Quid de l’article 5 du traité de l’Otan? Les États-Unis ne doivent-ils pas protéger les autres pays de l’OTAN s’ils sont attaqués? Pour rappel, il stipule qu’une “attaque armée contre l’une ou plusieurs [parties] survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties”. Conséquence? Chaque État membre “assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d’accord avec les autres parties, telle action qu’elle jugera nécessaire, y compris l’emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l’Atlantique Nord.”

Mais l’article 5 précise également que les États membres peuvent décider eux-mêmes de “prendre les mesures qu’ils jugent nécessaires”, nuance David Criekemans. “Il ne s’agit donc pas nécessairement d’une action militaire. En théorie, les États-Unis peuvent donc exprimer leur soutien en cas d’attaque contre un autre pays de l’Otan.”

“Chantage”

Pour Gérard Araud, ancien ambassadeur de France aux États-Unis, c’est une certitude: “Il faut prendre Donald Trump au mot.”

“Il a une vision purement transactionnelle de la politique et il ne croit pas aux alliances”, entame-t-il sur le plateau de LCI. “C’est une sorte de chantage, il l’avait déjà fait lors de son précédent mandat. C’est un isolationniste à l’ancienne. Quand il dit ‘America first’ (NDLR: l’Amérique d’abord), il pense ‘America alone’ (NDLR: l’Amérique seule) (…) Beaucoup d’Américains pensent comme lui, ‘qu’est-ce qu’on irait faire en Estonie?’”

SOURCE 7/7

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