Présidentielle 2024: Bougane trace sa route
Bougane Guèye Dany ne se repose pas. Il poursuit ses tournées, montre une certaine fermeté dans son discours, assume son soutien à Ousmane Sonko. Mamadou Sy Albert, journaliste, analyste politique et Dr Abdoukhadre Sanoko, sociopsychologue, politiste, se penchent sur la méthode Guèye Dany.
Bougane Guèye Dany est un homme de terrain. Il l’a sans doute hérité de son passé de reporter, qu’il a transféré dans le champ politique. Candidat à la Présidentielle 2024, le leader de Gueum sa bopp, sillonne le pays, partage un discours radical et rafraichissant, affiche une proximité et une complicité avec les populations dakaroises et de l’intérieur du pays. Il défend des principes. Réclame la libération d’Ousmane Sonko en grève de la faim depuis une vingtaine de jours.
Dr Abdoukhadre Sanoko, socio-psychologue et politiste, fait le constat : «Il a eu à sillonner les zones de la campagne, sans tambours ni trompettes. Il est vrai que Bougane Guèye est très actif sur le terrain, très proche des populations, personne ne peut lui reprocher d’être souvent à la rescousse de nos concitoyens dans le désarroi ou dans le besoin.» Bougane a fait le tour du pays, du temps de Tiib tank à maintenant, Bougane Guèye Dany ne se repose pas. «Il connaît aussi très bien la cartographie de la zone rurale. Il a eu à sillonner ces zones-là, sans tambours ni trompettes.
Tout cela est plus-value à mettre dans sa gibecière politique. Cet état de fait peut renforcer son électorat mais ce n’est jamais aussi automatique qu’on le croit. Il se trouve que dans les zones rurales, l’Etat a mis en place, par le biais du PUDC, par exemple, des infrastructures fortement appréciées par les populations. Ces populations rurales sont parfois très reconnaissantes vis-à-vis des autorités étatiques. On peut évaluer cela à partir des dernières élections où la majorité avait pris une sérieuse avance. En tout cas, l’électorat a besoin de voir les politiques en dehors des périodes électorales. C’est ce que Bougane Guèye a compris. Rien par contre n’autorise à en déduire que cela influencerait positivement son électorat», ajoute le sociologue.
L’arrivée de Bougane semble être un nouveau vent de fraicheur dans la sphère politique. Mamadou Sy Albert, journaliste, analyste politique, enchaîne : «C’est vrai Bougane Guèye suit une stratégie fondée sur la proximité aux populations de la campagne. Il aime suivre les pas du président de la République dans ses sorties à l’intérieur du pays. Il est en train de développer sa philosophie fondée sur le croire en soi.»
Son parcours professionnel, sa proximité avec Sonko sont-ils des atouts pour le voir triompher en février 2024 ? « Il reste qu’on ne peut pas mesurer son électorat. La question du transfert de l’électorat de Sonko vers Bougane Guèye est très complexe. Sonko est à la limite considéré comme le chef de l’opposition, son électorat est différent de celui de Bougane. C’est par son discours que Sonko a su bâtir son électorat. Il s’agit de deux types d’électeurs différents en raison de la dissemblance des orientations.
D’après Point Actu, Sonko a su créer son électorat sur la base de son discours radical attaquant le système. Le message de Sonko a créé un électorat, un parti politique. On ne peut pas envisager la possibilité de récupérer l’électorat de Sonko. Si Sonko ou le Pastef n’est pas candidat, on peut peut-être penser à la possibilité de grignoter sur son électorat et même là c’est une hypothèse. Mais, il est difficile de croire que Bougane Guèye puisse récupérer l’électorat de Sonko.
Les partis alliés ont de ce point de vue plus de chance que Bougane Guèye. Si Bougane réussit sa campagne, tout est possible», analyse le journaliste. Quid de sa proximité avec Touba ? «La position de Bougane en tant que patron de presse proche de Touba où il est reçu avec beaucoup d’égards et d’affection est un plus. Sa proximité avec certains acteurs mourides est aussi à exploiter. Mais, il ne faut pas perdre de vue que le Khalife de Touba a pris la décision d’éloigner les bureaux de vote des alentours du centre névralgiques de la cité religieuse», relativise Mamadou Albert Sy.
Source – Léral