Rencontre – Les féministes réunis à Dakar : Valoriser la recherche et orienter les stratégies

La première édition de l’Université d’été féministe d’Afrique de l’Ouest et du Centre s’est ouverte hier à Dakar. Il s’agit, durant cette rencontre de trois jours, de permettre à des chercheur.ses et universitaires de discuter avec un public militant venu de divers horizons sur des questions spécifiques telles que les agressions sexuelles, le harcèlement, la pauvreté, les droits économiques bafoués et la montée du conservatisme religieux anti-droits. L’ouverture des travaux a été marquée par le lancement officiel de J-Gen Tv, une télévision réservée uniquement aux femmes.

Par Ousmane SOW – Des chercheur.ses, universitaires, femmes de lettres, féministes activistes militantes, entre autres, sont en conclave à Dakar pour discuter sur des questions spécifiques telles que les agressions sexuelles, le harcèlement, la pauvreté, les droits économiques bafoués, ainsi que les enjeux liés aux changements climatiques et à la montée du conservatisme religieux anti-droits, avec un public militant. Ouverte hier, cette rencontre, la première du genre dans l’histoire du féminisme au Sénégal, réunit plus de 200 partitipant.e.s issus de l’espace Cedeao, du continent africain et du monde, pour partager des contributions scientifiques et expériences militantes. A l’initiative de J-Gen Sénégal, en partenariat avec le Collectif des femmes féministes du Sénégal (Cfs), cette première édition est placée sous le thème : «De la théorie à l’action féministe en Afrique de l’Ouest : valoriser la recherche pour orienter les stratégies et co-construire notre identité militante.» Et plusieurs autres thèmes seront abordés lors de cette rencontre de trois jours (du 1er au 3 août), a déclaré Maïmouna Astou Yade, l’initiatrice de l’Univer­sité féministe d’été de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. On peut citer, entre autres, les défis et enjeux des études et de la recherche féministe en Afrique de l’Ouest, la question des droits de la santé sexuelle et reproductive des femmes, l’occupation de l’espace civi­que, l’ecoféminisme en Afrique de l’Ouest, ainsi que la problématique du financement des organisations féministes africaines francophones. D’après Maïmouna Astou Yade, après cette étape de Dakar, elle souhaite que les chercheuses qui sont dans les universités puissent beaucoup plus s’intéresser à l’approche féministe. «Nous croyons qu’une approche féministe est essentielle pour répondre aux besoins des femmes et des filles dans les projets de développement. Donc, aujourd’hui, nous avons réuni des militantes, des cher­cheur.ses, des femmes universitaires, pour discuter de l’avenir de l’approche féministe, mais aussi comment mettre en avant une dynamique intergénérationnelle pour construire ensemble un mouvement très fort en Afrique francophone», a indiqué la Directrice exécutive de J-Gen Sénégal, Maïmouna Astou Yade.

L’Université d’été, a-t-elle ajouté, vise à créer un espace diversifié pour co-construire un mouvement féministe fort en Afrique de l’Ouest et en Afrique francophone, en explorant différentes théories féministes intersectionnelles. A en croire la militante, qui déplore la persécution des féministes en Afrique, cette rencontre de Dakar est une occasion pour donner plus d’opportunités aux militantes et aux femmes universitaires de discuter sur les interactions entre l’engagement militant et activiste et les différentes méthodologies de la recherche classique dans les universités. «Alors, il est important de construire un tissu solidaire entre les féministes d’Afrique de l’Ouest et du Centre», a dit Maïmouna Astou Yade, ajoutant qu’être féministe, c’est être militant de la justice sociale. Au cours de ces trois jours, elle s’attend aussi à des échanges «inspirants» et «stimulants». A ce titre, elle dira que l’Université d’été féministe d’Afrique de l’Ouest et du Centre est une étape «cruciale» pour renforcer leur «mouvement» en Afrique francophone.

Discriminations contre les femmes


Venue présider l’ouverture des travaux, Mme Astou Diouf Guèye, représentante de la ministre de la Femme, de la famille, du genre et de la protection des enfants du Sénégal, félicite le Collectif des femmes féministes du Sénégal (Cfs) pour avoir abrité cette rencontre. «Le fait de réunir les féministes de l’Afrique de l’Ouest et du Centre est une excellente idée. Et je vous prie humblement de maintenir cet élan dynamique. Vous pouvez compter sur les deux leviers que vous avez déjà : votre dynamisme et votre inspiration, mais aussi sur votre sens de l’initiative pour continuer à perpétuer le legs des aînés», a-t-elle laissé entendre, tout en soulignant que cette initiative de l’Université féministe d’été de l’Afrique de l’Ouest et du Centre est au cœur du service de la recherche et de la formation des femmes et des filles. La Directrice nationale de l’équité et de l’égalité des genres, Mme Astou Diouf Guèye, admet que, au-delà du constat que les réalités socioculturelles constituent un blocage pour la promotion des droits des femmes, il existe encore des textes législatifs qui maintiennent cette discrimination. Et cette rencontre, dira-t-elle, est un levier pour avancer l’agenda de l’égalité. A ses yeux, inviter le gouvernement à prendre part à cet évènement dénote d’une démarche responsable.

Lancement de J-Gen Tv : Le pouvoir des femmes à l’écran

La Directrice exécutive de J-Gen Sénégal a saisi l’occasion pour lancer J-Gen Tv. Une télévision réservée uniquement aux femmes. «Nous lançons notre télévision 100% féministe, J-Gen Tv, qui promeut le pouvoir des femmes à l’écran. C’est une télévision qui sera un espace déconcentré, décomplexé, déconstruit. Un espace qui offre aux femmes la possibilité de prendre la parole à tout moment, de discuter de beaucoup de thématiques qui, hélas, ne sont pas totalement débattues au niveau de nos médias classiques», a affirmé la militante Maïmouna Astou Yade.

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