Incendies au Canada: le gigantesque défi logistique face aux flammes
Au Canada, les incendies de forêts sont gérés par chacune des dix provinces et chacun des trois territoires fédéraux. Dans le système actuel, provinces et territoires échangent des ressources lorsque l’un ou l’autre fait face à des incendies, des incendies qui sont aujourd’hui trop nombreux sur une trop grande partie du Canada pour que ce système fonctionne.
Chacun fait donc appel non seulement à l’armée canadienne, mais aussi aux pays étrangers : les États-Unis, la France, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud ont ainsi envoyé des pompiers pour aider les soldats du feu locaux et l’armée.
Éviter de dépendre de l’aide étrangère
Le ministre de la Sécurité publique canadien a insisté cette semaine sur le fait que le Centre canadien des feux de forêt permettait de coordonner toutes ces ressources et d’en trouver d’autres. Mais ce que demandent surtout de nombreux experts, c’est la création d’un département national de pompiers pour éviter de dépendre de l’aide étrangère et pouvoir ainsi se rendre très rapidement sur place et stopper ces épisodes extrêmes lorsqu’ils sont sur le point de commencer.
En tout cas, le débat est lancé : selon le quotidien The Canadian Press, des discussions sont en cours au sein du gouvernement fédéral sur une « nouvelle approche ».
♦ Reportage : des habitants de la communauté autochtone d’Obejwan évacués
Jusqu’à présent, dans le nord du Québec où les incendies continuent à faire rage, 13 000 personnes ont dû quitter leur résidence et ne pourront pas rentrer chez elles, dans le meilleur des cas, avant mardi 13 juin. Parmi ces évacués, 300 habitants de la communauté autochtone d’Obejwan, située en pleine forêt, à deux heures de piste de la route. C’est la fumée qui a forcé leur départ.
Entre les poussettes pour les tout-petits et les déambulateurs pour personnes âgées, l’entrée de cet hôtel de Roberval n’a rien de son allure habituelle, raconte notre envoyée spéciale Pascale Guéricolas. C’est là que de jeunes familles, mais aussi des aînés de la communauté autochtone d’Obejwan ont trouvé refuge, comme l’explique l’éducatrice Shona Clairé : « Les personnes plus vulnérables, dont celles avec des problèmes pulmonaires, respiratoires, des cancers, des femmes enceintes, ont été évacuées ici par prévention, car il y avait beaucoup de fumée dans la communauté. On a des collations pour les bébés, on a reçu des dons en couches, des prêts de parcs, de poussettes. Je pense qu’on est bien organisés, on fait du mieux qu’on peut. »
Francine, elle, pousse le fauteuil roulant de sa mère de 86 ans et veille à ce que les autres patients, transférés d’une maison de retraite, ne tombent pas. « Il y a des infirmières qui viennent ici pour les prises de tension, les glycémies, explique-t-elle. On n’a pas vraiment pu emmener ce qu’on prend d’habitude là-bas à la Maison des aînés car ça a été vite. »
Le départ précipité a limité le matériel pour les aînés, mais les services sociaux locaux équipent peu à peu l’hôtel qui prend presque des allures d’Epahd.
La fumée continue de se propager aux États-Unis
La fumée des incendies qui frappent le Canada s’est déplacée et touche toujours les États-Unis. Quelque 100 millions d’Américains respirent un air de mauvaise qualité, selon les autorités locales. Certaines villes américaines, pourtant à des centaines de kilomètres, connaissent des niveaux d’alerte de pollution sans précédent. À Baltimore, dans le nord-est du pays, Jasmine s’est réveillée jeudi matin 8 juin sous le choc, en découvrant sa ville totalement enfumée.
« Quand je suis allée promener mon chien ce matin, j’étais submergée par une odeur de bois brulé. Il y a de la fumée là où j’habite, témoigne-t-elle par téléphone à Édouard Maille. D’habitude, quand je me rends au travail, les immeubles de Baltimore sont très visibles, mais là la fumée est tellement brumeuse qu’on ne les voyait même pas, ni ce qu’il y avait devant nous. Et la fumée est très, très dense, et elle se densifie de plus en plus. D’habitude, mes enfants vont à l’école à pied, mais ce matin, je ne les ai pas autorisés à marcher, je les ai emmenés, et ils portaient un masque au cas où. Je suis très inquiète, car j’ai de la famille avec des problèmes de santé comme de l’asthme et, la qualité de l’air est si mauvaise qu’ils doivent rester chez eux. »
À New York, les gens s’inquiètent beaucoup, même si on est quand même assez loin du Canada. Pour qu’il y ait tant de fumée qui soit arrivée jusqu’ici, c’est du jamais vu. Les gens s’inquiètent et se posent beaucoup de questions. Les médias en parlent beaucoup, mais en fait ils n’expliquent pas grand-chose…