Sortie du Procureur général : Opérations coup de poings

Ibrahim Bakhoum, le Procureur général près la Cour d’appel de Dakar, a fait hier une sortie pour s’expliquer sur les actualités judiciaires. Le haut magistrat a évoqué la tentative d’assassinat dont serait victime Ousmane Sonko. Selon le Pga, il n’y a aucun élément scientifique pouvant étayer cette version. Ibrahima Bakhoum a annoncé une information judiciaire contre Yarga Sy, ce membre du parti Pastef qui a donné à Ousmane Sonko une écharpe, pour «homicide involontaire» et «tentative d’assassinat». Le haut magistrat est largement revenu sur le groupe «Commando» qui voulait installer le Sénégal dans un chaos en faisant usage d’engins explosifs lors des manifestations. Sur 23 personnes ciblées dans ce groupe, 4 ont été interpellées. Ils voulaient s’en prendre à des autorités, aux magistrats et à certains hommes des médias. Ils ont été interpellés avant qu’ils ne passent à l’acte, le 16 mars dernier.

L’affaire Dr Babacar Niang 


Le 18 mars, monsieur Cheikh Tidiane Ly, représentant la famille de feu Mamadou Ly, a déposé une plainte co-signée avec Bamba Fall, maire de la Médina. Cette plainte a été dirigée contre Dr Babacar Niang, copropriétaire et administrateur de la clinique Suma Assistance, et Cheikh Mbacké Médina Sèye, médecin généraliste. Cette plainte dénonce des faits d’homicide involontaire, non-assistance à personne en danger et mise en danger de la vie d’autrui, suite au décès de Mamadou Ly, agent municipal à la Médina. Une enquête a été ouverte pour situer les responsabilités. Cheikh Tidiane Ly et Bamba Fall ont été entendus. Il est ressorti des faits susceptibles de constituer des présomptions graves et concordantes devant justifier la poursuite de l’enquête à l’encontre du Dr Babacar Niang et de Cheikh Mbacké Médina Sèye. Des témoins ont été entendus. Le Dr Cheikh Mbacké Médina Sèye a été entendu. L’impératif d’entendre le Dr Babacar Niang a été justifié par les besoins de l’enquête. La plainte a été déposée le 18 mars. Le jour même, la Sûreté urbaine a convoqué le Dr Babacar Niang. Ce dernier a sollicité qu’on diffère la convocation jusqu’au 19 mars. Le lendemain de la plainte, Dr Niang n’a pas déféré à la convocation car disait-il qu’il se trouvait au Fouta dans le village de Médina Ndiathbé. Invite lui a été faite de venir déférer à la convocation. Sa déposition est essentielle pour situer les responsabilités. 3 jours de suite, Dr Babacar n’a pas daigné répondre à la convocation. Le 21, j’ai donné l’instruction de décerner un mandat de recherche à la Sûreté urbaine. C’est ainsi qu’il a été amené à la Su le 22 mars.
Les parents de la victime se sont acquittés des charges financières relatives à sa prise en charge. Mamadou Ly a été consulté, un diagnostic a été posé, d’où il résultait qu’il a reçu un coup à l’arcade sourcilière qui a fini par atteindre le cerveau. Son pronostic vital était engagé. Le mode de Suma est de recourir à des spécialistes. Ils ont indiqué à la famille qu’il fallait l’évacuer séance tenante pour subir une chirurgie. L’autre option, c’est de payer un spécialiste pour subir l’opération à la clinique. Depuis 18h, la clinique a reçu d’autres patients qui apparemment ont été l’élément déclencheur de la négligence sur Mamadou Ly.
L’enquête a établi depuis son évacuation, son pronostic vital était engagé. Depuis 18h jusqu’au lendemain à 17h, Mamadou Ly a été laissé en rade. Il n’a été consulté par aucun médecin, il n’a été soulagé par aucune infirmière. C’est dans ces conditions que sa famille a exigé sa restitution pour qu’il soit évacué à l’hôpital Principal. 24h après, il a été évacué à l’hôpital Principal. C’est difficile de dire que, même arrivé à l’hôpital, son dossier a été oublié. C’est à la faveur d’échanges par Whatsapp que l’hôpital Principal a obtenu le dossier médical. C’est pour ces raisons qu’il n’a pas pu bénéficier de soins malgré que la famille ait payé. Toute décision en termes de prise en charge d’urgence est dictée par le Dr Babacar Niang. C’est fort de ce constat que le Parquet a estimé devoir engager des poursuites contre le Dr Niang ainsi que Cheikh Mbacke Médina Sèye pour des faits d’homicide involontaire, de non-assistance à personne en danger et mise en danger de la vie d’autrui. Le dossier fera l’objet d’une information judiciaire dont le traitement relèvera d’un juge d’instruction.

L’affaire de tentative d’assassinat sur Ousmane Sonko 
Des personnes non identifiées auraient tenté d’assassiner monsieur Ousmane Sonko. C’est ce que la presse a rapporté. Le Parquet a ouvert une enquête confiée à la Su. Les enquêteurs ont exploité une vidéo partagée sur les réseaux sociaux. Une personne qui porte un capuchon aux couleurs qui pourraient prêter à confusion avec l’accoutrement des Forces de défense et de sécurité. La personne répond au nom de Yarga Sy. Il était en détention à Reubeus d’où il a été entendu. Il est domicilié à Mbour. Il est agent de sécurité. Il a quitté le département de Mbour pour Dakar. Il s’est proposé de participer à la manifestation. Il a rejoint la garde rapprochée de Ousmane Sonko à Mermoz. Il a dit avoir reçu du vinaigre dans son écharpe aux couleurs nationales pour atténuer l’effet des gaz lacrymogènes. Il dit ignorer la personne qui lui a mis le vinaigre dans son écharpe. Voyant, dit-il, son leader les yeux larmoyants, il lui a donné l’écharpe main à main et au vu de sa sécurité. Monsieur Sonko a utilisé l’écharpe dans sa voiture. C’est ce qu’a dit Yarga Sy. Une réquisition a été faite au laboratoire Bio24 pour connaître les composantes du liquide sur l’écharpe. Bio24 a donné un avis négatif. Aucun tissu ne leur a été donné.

L’enquête s’est intéressée au corps médical qui a examiné Ousmane Sonko. Le Dr Cissé, celui qui a procédé à l’évacuation de Ousmane Sonko, membre du parti Pastef, a été interrogé sur les pathologies de Ousmane Sonko. Il a été formel : son intervention s’est limitée à sa demande à prendre Sonko à domicile et sur instruction du Dr Babacar Niang de l’installer à la suite qui est au deuxième étage. Dr Cissé a dit qu’il n’a pris aucun acte médical sur Ousmane Sonko.

Dr Diallo de la Suma a été entendu. Il a dit qu’il n’a posé aucun acte médical sur Sonko. Dr Diallo a dit de poser ces questions à Dr Niang qui, depuis Médina Ndiathbé, gère personnellement le patient Ousmane Sonko et défend à tout autre sachant de rentrer dans la suite de Sonko. Dr Cissé l’a confirmé.
L’enquête est orientée sur Dr Aminata Françoise Mangola, qui était de permanence le jour de l’arrivée de Sonko. Elle n’était pas inscrite à l’Ordre des médecins à ce moment-là. Le procureur vient de m’informer qu’elle vient d’être inscrite. Même Dr Niang a informé qu’on ne pouvait pas approcher Sonko, car il est suivi par des spécialistes.

L’enquête s’est orientée vers Mame Awa Ndoye, qui est membre de la Commission médicale du parti Pastef. Elle serait passée à deux reprises à la clinique pour voir Sonko. Elle a fait valoir son statut de médecin pour voir Sonko. Elle a dit qu’elle n’a posé aucun acte médical sur Sonko. Elle a prêté main sur les blessés issus de son parti. L’enquête a évolué pour identifier les spécialistes qui ont pris en charge Sonko. Il s’agit des Dr Boulos, Cissé et Ngom. Entendu sur ses prestations, Dr Ngom, ophtalmologiste, spécialiste en maladies tropicales, a déclaré avoir 4 fois de suite examiné Sonko les 16, 17 et 18 mars, et un autre jour qu’il ne saurait préciser.

Sur les pathologies de Sonko, Dr Ngom nous oppose le secret médical, et sur ses prescriptions. Dr Ngom n’a pas voulu répondre à nos questions sur la tentative d’asssassinat, il a refusé.

Sur le certificat médical, il a dit qu’il a été délivré sur demande du patient par Dr Boulos, généraliste et spécialiste en échographie. Sa spécialité est le suivi de grossesse, la prostate et de problèmes cardiaques et de foie. Il a déclaré qu’à la demande de Dr Cissé, il a consulté Sonko le 16 mars. Il a admis être son médecin personnel depuis 2009. Il a dit que le secret médical lui interdit de révéler sa pathologie. Il a renseigné qu’un certificat médical de 10 jours à été prescrit à Sonko le 21 mars à la demande de Sonko. Après, une perquisition a été effectuée dans les locaux de Suma. Le dossier médical de Sonko fait référence à de l’asthme.

Le seul élément sur lequel s’est déportée l’enquête, c’est une facture portant le nom de Sonko. Il est mentionné : Hôtellerie chambre unitaire 100 mille frs, nombre de nuitées 6, total 600 mille. Il est mentionné actes médicaux nébulisation 10 mille frs, consultation ophtalmologique 15 mille, visite médicale ophtalmologique 15 mille frs. Il y a aussi une rubrique nommée unité mobile de soins 40 mille, honoraires Dr Ngom ophtalmologiste 25 mille frs, honoraires Dr Thiam 25 mille frs. La facture est arrêtée pour un montant total de 890 mille frs, payée le 23 mars au nom de Ousmane Sonko.

Nous espérions avoir un élément sur une atteinte de l’intégrité physique de Sonko. La piste de tentative d’assassinat n’a pas pu avoir du corps médical, des éléments pertinents pou­vant renseigner sur sa réalité.

L’enquête a permis d’avoir une constante : il est factuel que Yarga Sy, sur le théâtre des manifestations, a donné une écharpe dont il dit contenir du vinaigre. S’il y a atteinte sur l’intégrité physique, c’est la seule piste établie. Yarga Sy a été retenu dans les liens de la détention pour des faits présumés d’homicide involontaire, de tentative d’assassinat, d’administration de substance nuisible à la santé. Une information judiciaire va être ouverte.

L’affaire du «Com­mando»
Il a été repéré une organisation qui se fait appeler «Commando». Elle est structurée et avait une organisation. Elle est animée par Moura­mani Kaba Diakité, Fekabilé Yakharabayo, un opérateur économique habitant aux Parcelles Assainies, et Cheikh Kébé. Kaba tient un hôtel appelé Les Ambassades aux Parcelles. Ils s’adonnent à des actions subversives allant d’engins explosifs aux cocktails Molotov, avec l’apport de Famara Mané alias Nianthio qui est un ancien commando de l’Armée Sénégalaise. Mouramani Kaba Diakité est le coordonnateur des activités du «Commando», allant jusqu’à confectionner des éléments capables de ralentir l’intervention des Forces de l’ordre. Il se faisait aider par Famara Mané. Leur intention était de mener des actes subversifs pour installer le chaos. Il cherchait des barricades en fabricant des engins explosifs qu’ils pouvaient dans les manifestations publiques.

L’enquête a été une con­nexion réelle entre le «Commando» et la «Force spéciale». Famara Mané a gardé une partie des explosifs de la «Force spéciale». Quand Kaba a été arrêté, Famara a transféré les explosifs à Mbour. Kaba, qui travaille avec Famara, est rompu à la confection d’engins explosifs. Leurs interpellations font suite à leur filature depuis leur domicile qui est l’hôtel Les Ambassades où ils tenaient des réunions. Parfois, ils les tenaient au Stade municipal de Guédiawaye.

Les investigations ont permis de savoir qu’à l’approche des événements du 16 mars, ils étaient vers Karang et Diaobé pour se procurer une arme de précision car ils étaient detenteur d’une lunette de précision. La provenance de la lunette est le Burkina Faso. C’est en pleine phase de préparation qu’il y avait un dilemme : faut-il les laisser faire ou faut-il les arrêter ? On a procédé à leur interpellation. Kaba en premier et Famara en second. Ce dernier a remis son téléphone à son épouse quand on a voulu l’interpeller. Plus tard, les investigations ont permis d’interpeller d’autres membres du groupe. Il s’agit de Sébastien Sagna, qui est le gérant de l’entreprise de sécurité Sinay. Il devait recruter des jeunes, les préparer au maniement d’éléments explosifs et les distiller dans l’ensemble de la région de Dakar pour semer le chaos.

Yacouba Mané, chargé de la résidence parcellaire, a été par la suite arrêté. Laye Sonko, chargé du recrutement, a été aussi arrêté. Il y avait deux branches. Cheikh Kébé était chargé de la préparation de leur stockage. Ils voulaient profiter des manifestations pour installer le chaos. Il a des relayeurs comme Ibrahima Biagui, Modou Sané et Momar Diatta. Ils voulaient se fondre parmi les manifestants avec les engins explosifs. Biagui était détenteur de 45 cocktails Molotov. L’objectif était de les utiliser pendant les événements du 16 février pour des actions d’éclat qu’ils définissent comme l’attaque d’un édifice public, ou attenter à la vie de certaines personnes. Biagui travaillait avec Abdou Sané qui a donné l’ordre à un certain Diakhaté de lui amener 20 litres d’essence pour empêcher la tenue du procès de Ousmane Sonko. Pape Baba Diaw et Abdou Karim Bèye ont été interpellés à Rufisque. Ils sont les coordonnateurs des actions subversives dans le département de Rufisque.

A Pikine-Guédiawaye, certaines personnes ont été interpellées, notamment Bilal Diatta, le maire de Keur Massar Sud. Il avait pour rôle de financer certaines activités subversives à caractère politique. Il a publié sur ses réseaux, des appels au meurtre de magistrats, de personnalités du gouvernement, de représentants des familles religieuses.

L’enquête a permis d’établir tout cela. Ce qui nous a amenés à en interpeller 4 sur 23. Ils sont 19 personnes que nous recherchons. Après le défèrement pour association de malfaiteurs, de terroristes, atteinte à la sûreté de l’Etat, actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique et à occasionner des troubles politiques graves, destruction de biens publics et privés, incendies criminels, vols, pillages, meurtres, une information judiciaire sera ouverte.
Aujourd’hui, sur les cibles prioritaires, ils ont été clairs : c’était porter atteinte à l’intégrité physique de certaines personnalités publiques de l’Etat, de la presse et des marabouts.

Les arrestations 
Ces arrestations visent les animateurs de ce groupe. Des arrestations connues de certains sur l’espace public. Mouramani Kaba Diakité, Cheikh Seck, Cheikh Kébé qui anime le groupe opérationnel. Ces arrestations se sont poursuivies sur l’étendue du territoire ont concerné toute personne ayant un lien ou ayant posé des actes de nature à faciliter la réalisation des desseins de cette organisation. Beau­coup de personnes ont été arrêtées pour des délits diverses, notamment participation à des manifestations non autorisées, manœuvre insurrectionnelle et atteinte à la sûreté de l’Etat. Mamadou Diémé, d’après ses déclarations, se réclame du Mfdc. Il serait l’organisateur des manifestations violentes à Bignona. Il serait en contact avec d’autres membres du «Commando» qui seraient d’anciens militaires. Il habite Sindian, un village proche de Bignona. Il avait prévu de se rendre à Dakar dans le cadre du procès du 30 mars avec des membres du Mfdc. Il a été arrêté sur la Vdn. Il avait nié organiser des manifestations à Bignona. Mais il s’est mis à l’évidence après exploitation de son téléphone. Il a déclaré être en charge de la massification du parti Pastef à Tengori.

L’exploitation de son téléphone a permis de trouver ses cibles. Elles sont 9 et des personnalités des milieux politique, judiciaire, religieux et de la presse. Il est en instance de déferrement.

LEQUOTIDIEN

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