Une vague de désinformation attendue avec les résultats des élections américaines de mi-mandat

A moins de deux semaines des élections de mi-mandat, les Américains pourraient faire face à une avalanche de désinformation une fois les résultats annoncés, avec en premier lieu les accusations de fraudes électorales, révèlent de récentes tendances.

Les accusations de tricherie datant de l’élection présidentielle de 2020 — bien qu’infondées — n’ont pas quitté l’esprit des électeurs, si bien qu’environ 40% des républicains et un quart des démocrates pourraient qualifier les élections législatives de frauduleuses si leur parti ne venait pas à prendre le contrôle du Congrès, selon un récent sondage d’Axios-Ipsos.

Une telle perspective, associée à l’utilisation des réseaux sociaux en tant qu’arme par les représentants politiques et potentiellement les dirigeants d’autres pays, représente une menace existentielle pour la démocratie aux Etats-Unis.

« Les efforts fournis pour miner la confiance dans le processus (électoral) seront accentués », alerte Larry Norden, chargé des élections et du programme gouvernemental pour le Brennan Center for Justice, un institut de recherche de l’université de New York.

Les déclarations fausses et trompeuses fleurissent, avec un exemple flagrant dans l’Etat du Colorado où une erreur dans une base de données a été interprétée par plusieurs sites militants comme une opération du camp démocrate visant à permettre aux ressortissants étrangers de voter.

En Alaska et en Ohio, les publications sur les réseaux sociaux ont aussi induit en erreur certains électeurs en affirmant que les bulletins de vote envoyés par la poste ne seraient pas comptabilisés s’ils n’étaient pas correctement affranchis.

– Déluge –

Par conséquent, des responsables électoraux à travers le pays ont créé des sites internet spécifiques pour affronter le déluge de désinformation.

« Une partie des Américains ne reconnaît pas la légitimité (du résultat) de l’élection présidentielle de 2020, malgré toutes les preuves existantes », a affirmé Jen Easterly, directrice de l’Agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures (CISA), lors d’une conférence de presse en octobre.

Pourtant, l’élection présidentielle de 2020 fait partie des élections les plus sûres de l’histoire américaine, estime la CISA – une affirmation corroborée par les audits et les recours en justice intentés après l’élection.

« Aucune des accusations de fraude généralisée n’a été avérée », déclare Charles Stewart, directeur du laboratoire des élections du prestigieux Institut de technologie du Massachusetts (MIT), tout en notant que « cela n’était pas pareil que de dire qu’il n’y avait pas eu de fraude ».

Des cas isolés ont en effet été détectés lors des élections en 2020, mais sur les 65 millions de bulletins de vote par correspondance enregistrés en 2020, seules 12 condamnations pour des faits de fraude criminelle ont été recensés, selon une base de données entretenue par l’Heritage Foundation, un cercle de réflexion à l’orientation conservatrice.

Plusieurs études collectées par le Brennan Center, qui analyse les affaires de fraudes d’avant 2020, rapportent que les actes répréhensibles étaient peu communs.

– Garde-fous –

Une étude publiée en 2007 par l’organisation avance ainsi que les Américains étaient plus susceptibles d’être frappés par la foudre que de se faire passer pour quelqu’un d’autre aux urnes.

« Lorsqu’il y a fraude à des élections, elle a surtout lieu à une petite échelle, lors d’élections locales quand peu de personnes y prêtent attention », indique M. Stewart.

Les Américains qui commettent de tels crimes s’exposent à de lourdes peines, les personnes reconnues coupables de fraudes aux élections de 2020 ayant été condamnées à des milliers de dollars d’amende et encourant pour certaines une peine de prison.

Les allégations de vote de personnes décédées et les vidéos censées montrer des agissements frauduleux dans les bureaux de vote ont atteint un large public en 2020, malgré l’existence de nombreux garde-fous pour empêcher la falsification des bulletins, au bureau de vote et par correspondance.

Les agents électoraux vérifient l’éligibilité et l’identité des électeurs qui demandent un bulletin de vote par correspondance en utilisant des techniques telles que la comparaison des signatures mais aussi en déployant des mesures de sécurité comme des verrous et des sceaux inviolables, pour protéger les boîtes de dépôt.

Lorsque les bulletins sont déposés, « des protocoles existent pour assurer la chaîne de contrôle », explique M.Stewart, avant d’ajouter « qu’à chaque étape, les agents électoraux enregistrent combien de bulletins ils détiennent, qui les transporte ».

Par Daniel FUNKE AFP

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *