Le Pakistan en deuil après le naufrage tragique de migrants en Grèce

Le Pakistan a observé lundi 19 juin un jour de deuil national, cinq jours après le naufrage d’un chalutier au large de la Grèce. Selon l’ONU, jusqu’à 750 migrants se trouvaient peut-être à bord, parmi lesquels de nombreux ressortissants pakistanais : entre 200 et 300 selon les médias locaux. Dix personnes ont été arrêtées au Pakistan, soupçonnées d’être impliquées dans le trafic d’êtres humains.

Avec notre correspondante à Islamabad, Sonia Ghezali, avec la collaboration de Talha Saeed et Shahzaib Wahlah

Amir Malik est sans nouvelle de son cousin Mohsin. Il fait défiler sur son téléphone leur dernier échange dont une note vocale : « Salam Aleykum. Comment ça va ? Grâce à Dieu, nous avons embarqué sur le bateau. N’en parle à personne s’il te plaît, je te tiens juste au courant. Inch Allah je te contacterai quand j’arriverai là-bas. »

Mohsin n’a plus jamais donné de nouvelle après avoir embarqué à Tobrouk en Libye sur un bateau à destination de l’Italie. Son cousin Amir affirme que Mohsin avait payé 6 400 euros à ses passeurs pour se rendre légalement en Europe.

« Une fois qu’il est arrivé en Libye, les passeurs lui ont pris son téléphone, raconte Malik. On n’avait pas d’autre choix que de passer par le passeur pour être en contact avec lui. C’est comme ça qu’on a appris qu’il n’allait pas aller en Europe en avion, mais illégalement en bateau. Mohsin nous a dit : je suis pris au piège, je n’ai pas d’autre choix que de les suivre. »

Le désespoir des migrants

Dans la même rue, Moniza, le corps chétif, est saisi de tremblements lorsqu’elle évoque son fils Ajmeer, lui aussi à bord du bateau. « Mon fils m’a posé cette question avant de partir : « Dis-moi maman, comment puis-je survivre ici ? Les couches pour bébé sont très chères, le lait coûte cher, je n’ai pas d’argent pour nourrir mes enfants. Et il y a les factures d’électricité, de gaz.. Dans chaque famille, les jeunes hommes sont sans espoir, ils supplient leurs parents de vendre leur maison pour les aider à partir travailler à l’étranger ». »

Âgé de 45 ans, Ajmeer, père de deux enfants en bas âge, ne trouvait aucun emploi depuis deux ans. L’inflation de ces dernières années au Pakistan a plongé une grande partie de la population dans le plus grand désespoir.

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